MAUVAISE PIOCHE ( Kakashi X Emma )

7

Je sortis l'une des premières du cours, restant intimement persuadée que si je n'étais pas venue, le résultat aurait été le même, comme à la fin de chacun de mes cours.

Dehors, au milieu du brouhaha de la foule d'étudiants, Asuma m'attendait, adossé au poteau, une cigarette fermement coincée entre ses lèvres.

Je me félicitais intérieurement de l'avoir vu directement et pressais le pas en sa direction.

-Qu'est ce que tu fais la ? Demandais-je enfin.

Je me mordis la lèvre en me sermonnant intérieurement, je ne l'avais même pas remercié d'avoir fait le déplacement.

-Bah on sait que t'aimes pas trop rentrer seule, alors comme Laure finit plus tard, et pour te remercier de nous héberger, on a décidé de venir te chercher à tour de rôle pour faire le chemin retour avec toi.

Je ne pus m'empêcher d'être touchée par cette attention, et me détendis enfin. 

-Merci... j'ai tellement faim en plus ! 

Son nez se retroussa.

-Oui, par contre il fallait que je te dise, ce midi c'est au tour de Kurenaï de cuisiner...

Son regard de détresse me renvoyait à notre jeunesse, lorsque nous étions en vacances tous les trois et qu'elle avait failli faire cramer notre maison.

-On passe manger un truc avant ?

Il sourit comme si c'était une évidence, nous prîmes a emporter et nous nous installâmes dans un parc, comme à notre habitude lorsqu'il venait ici.

-Alors, pas trop chiant de dormir avec Kurenaï ? Demandais-je l'air de rien pour connaître son point de vue sur ce que m'avait raconté la principale intéressée.

Il ne répondit pas, et baissa les yeux, presque honteux. Je ne pus m'empêcher de ressentir un pincement dans mon coeur. 

Ils allaient tous les deux souffrir de cette connerie qu'est l'amour.

-Quoi? L'interrogeais-je faussement surprise

-Ça a un peu dérapé... J'ai peur de faire une bêtise...

-Comment ça ?  Mon jeu d'acteur était véritablement à couper le souffle.

Lui qui d'ordinaire partait dans un débat à durée indéterminé quand on lui demandait simplement sa couleur préférée, il était bien trop muet. 

-Elle me plaît mais, c'est une amie...

-Les relations amoureuses ça passe par de l'amitié aussi tu sais... Tentais-je calmement.

J'essayais de le conforter tant je le pouvais, sachant pourtant que ses relations étaient toujours désastreuses, et je n'étais pas persuadée que cela serait bien différent avec notre amie.

-Je sais pas si je suis prêt pour ça...  Lança-t-il après un long silence pesant.

-Comment ça prêt ? Il n'y a pas de moment pour être prêt.

Cette fois-ci, je ne comprenais réellement pas où il voulait en venir. Je croquais dans mon onigiri tout en le fixant.
Il semblait chercher ses mots.

-Si un jour j'étais avec elle, je serais le mec le plus heureux qu'on ait jamais vu. Mais ça demande de la maturité que je crois pas avoir suffisamment pour le moment, même si elle pense qu'on devrait essayer. 

-Mais je comprends pas, tu la connais depuis aussi longtemps que moi, pourquoi maintenant ?

Il rigola légèrement, comme pour se moquer de moi.

-Il y a toujours eu cette attirance entre nous, mais, j'ai toujours essayé de la considérer comme une amie voire une sœur, comme toi, sauf que je vois maintenant que c'est impossible...

-Tu vois, on peut rien faite contre ce genre de trucs, même les promesses ne changent rien...

-T'entends quoi par la ?

Moi qui avait tenté une intervention discrète, je me rendis compte que j'étais totalement cramée.

-Rien.. bon, faut qu'on y aille, mes autres vont se douter d'un truc après... Lançais-je en me frottant les mains sur ma serviette en papier.

Nous repartîmes donc et, lorsque nous arrivâmes, nous vîmes avec surprise que ce n'était pas Kurenaï qui cuisinait, mais qu'elle avait échangé avec Kakashi.

Double déception; premièrement c'est donc ce soir que nous allions manger la nourriture infâme de Kurenaï,
et deuxièmement, je n'avais plus faim pour manger le repas de Kakashi.

Nous échangeâmes rapidement un regard avec Asuma qui se contenta de rire comme un gosse sous mon œil encore plus sombre que celui de Kakashi lorsqu'il a découvert que nous n'avions rien touché de son repas.