Le silence mortuaire qui règne autours de moi est en train de me rendre folle. Assise sur le rebord de la fenêtre depuis plusieurs heures déjà, mon anxiété ne cesse d'augmenter à mesure que les minutes passent. Les hommes d'Ezio défilent sous mes fenêtres depuis tout à l'heure et cette agitation nocturne ne me dit rien qui vaille. Depuis ce fameux appel quand nous étions en Suisse, Ezio s'est comporté étrangement. Il n'a pas prononcé un seul mot quand nous étions dans son jet trop occupé à faire je ne sais quoi sur son téléphone. Lorsque nous sommes rentrés à la villa, il m'a ordonné de rester dans ma chambre avant de repartir sans un mot de plus.
Alors que j'observe attentivement les hommes d'Ezio s'affairer, deux d'entres eux attirent particulièrement mon attention. Mon sang se glace lorsque je vois ces derniers tenir fermement un homme avec une cagoule noire sur la tête. Il se débat comme un diable tandis que les deux gorilles le traine au fond du jardin.
Le temps est suspendu autours de moi alors que j'observe l'homme cagoulé s'agenouiller dans l'herbe. Ezio entre soudainement dans mon champ de vision, s'avançant d'un pas assuré vers ce dernier. Il lui retire sa cagoule d'un geste vif et lui assène aussitôt un coup de poing au visage. Je tressaille comme si c'était moi qui venait de prendre le coup.
C'est alors que je ne pensais pas pouvoir assister à quelque chose de pire, qu'un des hommes de main d'Ezio s'avance vers lui, en tenant fermement une femme par le bras. Il force cette dernière à s'agenouiller aux côtés de l'homme. Contre toute attente, elle ne semble pas avoir peur. La dureté de son regard fait hérisser les poils de mes bras.
Putain mais c'est quoi ce bordel?
Ezio braque brusquement son arme sur la femme. Elle ne cille même pas tandis que l'homme à ses côtés se débat soudainement. Malgré mes fenêtres fermées je peux l'entendre hurler d'ici. Les sbires d'Ezio déplacent l'homme jusqu'à ce qu'il soit face à la femme. Mon tortionnaire pose le canon de son arme sur la tempe de celle ci. Mon coeur s'arrête de battre lorsqu'un bruit sourd déchire l'atmosphère. Le corps de la jeune femme s'écroule au sol tandis que l'homme hurle de douleur. Il se défait de la prise des sbires d'Ezio et accourt jusqu'au corps sans vie de la femme.
Des sueurs froides se forment dans mon dos tandis que je recule de plusieurs pas. Des nausées me montent à la gorge et mon corps est épris de violents tremblements. Prise de panique je fonce sur la porte de ma chambre et l'ouvre aussitôt. Je m'élance dans le long couloir, le coeur battant à tout rompre. Il faut que je sorte d'ici. Je ne peux pas voir ça plus longtemps. Des flashsbacks sanglants de Joe apparaissent dans mon esprit tandis que je dévale les escaliers. J'accoure aussitôt à la cuisine et ouvre sans plus tarder la porte donnant sur l'extérieur.
L'air frais fouette mes bras nus et refroidit aussitôt la chaleur qui émane de mon corps. Mes jambes flagellent sous mon poids alors que je traverse le jardin, pieds nus. Je m'écroule lourdement dans l'herbe n'ayant soudainement plus de force. Je pose ma main sur ma poitrine tentant de reprendre ma respiration mais impossible de me calmer après ce que je viens de voir. J'ai l'impression de tomber dans un gouffre sans fond, où le froid et l'obscurité règnent en maîtres. Et si c'était ma mère à la place de cette femme? Ou mon frère? Les tremblements de mon corps reprennent de plus belle en y pensant. Ezio n'hésiterait pas à les tuer sous mes yeux juste pour que je lui obéisse au doigt et à l'oeil. Il a tué cette femme afin de blesser directement l'homme qu'il retient prisonnier, elle était son point faible et il l'a utilisé contre lui. Tout comme il utilisera mes points faibles contre moi sans aucune pitié.
Lorsqu'une main froide se pose sur mon épaule je reviens brusquement sur terre. Je me remet vivement sur mes pieds faisant ainsi face à l'homme debout devant moi.
- Qu'est ce que tu fais là toi? Lâche t-il avec un accent horrible.
Voyant que je ne réponds pas il fait un pas en avant et je mets instinctivement mes bras devant mon visage en position de défense. Un rire cynique lui échappe et il tente de m'attraper de nouveau. Je le frappe aussitôt au visage avec une force sortie de nulle part.
- Cazzo! Troia! Crache t-il en essuyant le sang qui s'écoule de sa lèvre inférieure.
Il se rue violemment sur moi et m'assène à mon tour un coup de poing. Mon corps s'abat dans l'herbe dans un bruit sourd. Une douleur aigüe se propage dans ma mâchoire tandis que ma vue se teinte de petites tâches noires. Je tente de me redresser mais mon environnement tourne vivement autours de moi. D'un coup l'homme me tire par le bras me forçant à me remettre debout. C'est à peine si mes jambes tiennent sous mon poids et si cet homme ne me tenait pas fermement je m'écroulerais aussitôt au sol. Lorsque son regard vicieux rencontre le mien, mon instinct de survie refait surface.
- Lâche moi salopard! M'écrié-je en tapant son avant bras avec mon poing.
Il me colle à son torse et fait glisser ses mains sur mon corps. Le contact de sa peau rugueuse me fait l'effet d'une bombe.
- Ne me touche pas putain!
- Tu es une jolie petite salope et si tu n'étais pas réservée au boss, je me serais fait un plaisir de te défoncer encore et encore!
- Retire tes mains d'elle. Gronde une voix sortie de nulle part. MAINTENANT!
L'homme me lâche brutalement et je croise aussitôt mes bras sur ma poitrine comme pour me protéger. Lorsque j'aperçois Ezio, les traits déformés de fureur, mon coeur se remet à battre frénétiquement. Il prend l'homme à mes côtés à la gorge et le transperce du regard.
- Ne la touche plus jamais! Elle est à moi! T'as compris?!
- S-sí! Peine l'homme à articuler tant mon tortionnaire le serre fort.
- Disparaît! Aboie t-il en le relâchant violemment.
L'homme détale aussitôt et je me retrouve seule face à ce monstre. Un frisson remonte mon épine dorsale lorsque je vois des éclaboussures de sang sur son t-shirt gris foncé. Mon corps se remet à trembler quand je pense au fait qu'il vient tout juste de tuer quelqu'un et qu'il se tient là devant moi comme si de rien n'était.
- Je peux savoir ce que tu fous dehors? Dit-il en avançant d'un pas.
- Ne t'approches pas de moi! Hurlé-je en reculant à mon tour.
- Cara... Je ne suis pas d'humeur à jouer putain!
- S'il te plaît! Laisse moi partir! Je n'ai plus la force de voir tout ça!
- De quoi tu parles bon sang?!
- Je... je t'ai vu! Tu as abattu cette femme! Juste comme ça!
Une expression étrange passe sur son visage avant de redevenir de marbre. Il s'approche de moi tandis que ma vue se brouille de larmes.
- C'est comme ça que les problèmes se règlent avec moi.
- Tu n'as vraiment pas de coeur putain !
- Plus depuis longtemps en effet.
Mon corps se remet à chanceler et Ezio entoure aussitôt ses bras autours de ce dernier afin de m'empêcher de tomber. Je devrais le repousser. Repousser cet homme aux mains pleine de sang mais je n'ai plus la force. Complètement vidée je me laisse aller dans ses bras. Dans des bras aussi rassurants qu'angoissants à cet instant précis.
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The Maestro - Partie I ( Terminé)
RomancePas le temps pour les histoires de coeur pour Cara, une jeune étudiante en droit, son but: obtenir son diplôme et décrocher un job en or. Alors qu'elle pensait construire petit à petit sa vie à Londres, loin de sa famille, elle va se retrouver dans...