Chapitre 22

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Je glisse la clé dans la serrure. Et je sens un froid me parcourir l'échine en me rappelant de la dernière fois où j'ai été ici. Je souffle pour faire disparaitre cette sensation. Mais ça n'empêche pas les souvenirs d'affluer. Des souvenirs pas du tout agréable. Je les refoulent tant bien que mal et entre dans l'appartement.
Si il y en aura besoin pour demain alors je dois le mettre en évidence. Son bureau serait le plus approprié. Seulement je ne suis pas sûre de le mettre là. Tout est sans dessus dessous. Je fronce les sourcils. Ce n'est pas dans ses habitudes de laisser quoi que ce soit en désordre. Je me retourne et marche sur du verre brisé. Bon sang, qu'est-ce qui c'est passé ??
Mon inquiétude monte d'un cran. Est ce qu'il va bien ? Le dossier toujours en main je me dirige vers le salon. J'entends du bruit, mais elle est vraiment étouffé. Avec précaution j'y pénètre, et pousse un ouf de soulagement quand je le vois bras croisés derrière la tête. Il semble dormir. Je m'approche lentement de lui et lève la tête vers la télé quand des rires cristallins me parviennent accompagné d'un rire gras. Mon regard est braqué sur les images qui s'y défilent. Je suis captivé par la jolie jeune femme qui rit et tournois une petite fille de trois ou quatre ans dans ses bras. Ses yeux expriment son bonheur. Il n'y a rien à dire. Elle proclamait son amour à l'homme de sa vie et la fillette en faisait de même à son père. Certainement à l'homme qui les filmait.

Pourquoi regarde t-il ça ?

- tu ne devrais pas être ici !!

Je sursaute à cette voix grave qui résonne plus comme un grognement dans mes oreilles.
Je ne dis rien. Il n'est pas dans son état normal. Bien que je n'ai rien à faire là, je suis curieuse.
Je m'approche de lui et glisse ma main dans ses cheveux.
Son réflex est impressionnant, ce qui m'arrache un cri. En moins de deux j'étais sous lui.

- tu ne devrais pas être ici.

Ses yeux noirs dans les miens me faire peur. L'homme en face de moi me fait peur.
Je me réprimande mentalement. Je n'ai vraiment rien à faire ici mais je ne peux pas non plus m'en aller comme ça. Dans ses yeux je peux voir une immense tristesse mélangé à de la peine et de la colère. Ses prunelles sont très expressive. Je ne peux pas partir en le laissant comme ça. Je suis peut être un peu trop naïve mais je ne peux pas m'en aller sachant qu'il va mal. Il faut que je fasse quelque chose.
Je détourne mes yeux et fixe l'écran qui vient de s'arrêter. Cette vidéo m'intrigue, cette femme m'intrigue, alors je pose la question qui me brûle les lèvres.
- qui est ce ?

Seul le silence me répond, je replonge mes yeux dans les siens. Je doute qu'il ne me réponde. Il baisse les yeux avant de les relever. Je rêve où il hésite à me répondre. Au moins, il ne m'envoie pas balader, c'est mieux que rien déjà.

- Sophia répond t-il évasive.

Il semble ne pas en vouloir dire plus.

- et la fille ?
- Emma.
Sophia et Emma, ma femme et ma fille !!

Mes yeux s'agrandissent sur le coup. Sa femme et sa fille ?? Je le repousse assez brutalement et me relève. Ce type n'est qu'un sale menteur. Pour un coup de massue s'en était un. Je suis sonné. Et le choc de cette révélation me laisse sans voix. Il se joue des sentiments de tout le monde.

- c'était ma famille.

J'ai une folle envie de lui en coller une. Mais je me reprends. Quand j'assimile ce qu'il vient de dire. C'était ??

- elles sont mortes il y a quatre ans dans un accident.

Je braque à nouveau mes yeux sur lui.
Beaucoup de questions me monte à la tête et me taraude l'esprit. Surtout une en particulière. Comment peut il être stérile s'il a eu un enfant avant ? Je suis confuse.

- il y a quatre ans, j'étais l'homme le plus heureux de la terre sûrement.

  Je n'en doute pas. Si il est touché d'une façon ou d'une autre, sa se ressent.

- j'avais une famille parfaite. Tout allait pour le mieux. Le bonheur était à ma porte.

  Je me remets à ses côtés.

- tout était parfait.

Sa voix était rempli de nostalgie. Un souris assez triste se plaque sur ses lèvres.

- je voulais me faire pardonner d'avoir raté notre dîner de rencontre à cause d'un dîner d'affaires de dernière minute qui m'a retenu plus que prévu lors de mon voyage d'affaires.
Connaissant le tempérament de feu de Sophia quand elle se mettait en colère, j'ai improvisé un dîner au restaurant qu'elle adorait. S'était facile de la calmer. Elle ne restait jamais longtemps fâché.

Je lui prends la main pour lui montrer mon soutien. Une réaction naturelle qui me surprend moi même. Je lui caresse lentement le dos de la main. Ce qui n'a probablement aucun effet sur son état.

- tout s'est exactement passé comme prévu. Sophia avait insisté qu'on emmène Emma et à vrai dire je n'étais pas contre. Je passais moins de temps avec elles depuis un moment. Jusqu'à ce qu'on décide de rentrer, tout était parfait.

Tout s'est passé si vite. J'ai essayé de leur venir en aide, mais...

Il s'arrache assez violemment de ma main, se relève précipitamment, et se dirige vers le mini bar.
Ah non, il n'en est pas question. On ne résout pas un problème en buvant. Je me mets en travers de son chemin pour qu'il n'y aille pas.
Il a du mal à continuer. Je le comprends, raconter c'est un peu comme revivre les évènements qui ont eu lieu. S'il veut un temps soit peu être libre de son passé, il faut qu'il fasse tout sortir. Je ne vais pas le laisser se renfermer sur lui même.
  Une larme glisse le long de sa joue et il prend sa tête entre ses mains, et je me demande si c'est le même homme arrogant et implacable que j'ai eu à connaître.
Cette image de lui me fend le cœur.
  Il souffrait et sûrement il est aussi perturbé.
Je me rapproche de lui et le prend dans mes bras. Parfois le silence est salvateur. A cet instant, il a plus l'air d'un enfant fragile que l'homme arrogant et froid que j'ai eu à côtoyer.
Il a beau être un connard, un homme détestable, c'est une personne à qui je tiens.

- j'ai été incapable de sauver ma famille, de les protéger.
- tu es vivant et ça sa compte. C'est douloureux de perdre les personnes qu'on aime beaucoup, mais on doit aller de l'avant.
- j'aurai préféré mourir avec eux.
- je t'interdis de penser à ça. Tu as deux enfants qui attendent chaque jour le retour de leur père. Ils ont besoin de toi.
- ils n'ont pas besoin d'un homme incapable de les protéger, qui n'a même pas voulu accepter leur existence. Est-ce ce que tu veux pour eux ?

Il me décolle de lui en me repoussant par les épaules. Il semble vouloir que je lui donne une réponse. Elle est simple mais je ne trouve pas quoi dire.
- répond moi.
- tu sais, il est facile de mourir, mais il n'est pas facile de surmonter une douleur. Si la mort t'avais emporter dans cet accident crois tu que je serai mère aujourd'hui ??
- peut être ou pas, mais au moins je ne t'aurais causé aucun tort, je ne t'aurais jamais faire souffrir.

  Il a une piètre image de lui même. Derrière son caractère, se trouve un homme qui manque cruellement de confiance en lui. Sans le savoir j'en ai rajouté une couche. Oliver m'avait pourtant mise en garde. Si seulement je n'avais pas seulement penser à moi.

- tu es sorti indemne de cet accident mais tu n'es qu'une pâle copie de toi même.

Il part dans un fou rire qui me terrifie, il me dépasse et sert un verre de whisky qu'il avale cul sec.

- pas exactement, j'ai passé un petit séjour à l'hôpital.

Sa voix n'est remplie que de colère et de mélancolie. Un mélange que je n'apprécie pas du tout.

- tu y es resté pendant combien de temps ?
- ça n'a aucune importance.
- pour moi ça l'est.

Un Amour DifficileOù les histoires vivent. Découvrez maintenant