Never Seen

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La voiture était toujours garée sur le parking du garage et le soleil était assez haut dans le ciel pour pouvoir s'infiltrer entre les paupières closes de Blaine et le sortir de son sommeil. Lorsqu'il ouvrit enfin les yeux la surprise l'envahit et il essayait de se souvenir de l'endroit dans lequel il était, mais la douleur dans sa boîte crânienne l'empêchait de réfléchir correctement. Il jeta un coup d'oeil à son téléphone et se redressa d'un coup en lisant 15h07 sur son écran puis jeta un regard circulaire aux alentours.

Il était encore sur le parking du garage, son rétroviseur était toujours cassé et gisait tristement sur le siège passager, et il n'avait reçu aucune notification ou message de la part de ses parents ce qui ne l'étonnait pas trop.

Il attrapa le rétroviseur son porte-feuille et ses clefs de voiture, et se dirigea vers le comptoir à l'intérieur, d'un pas assuré, mais personne n'était là et le hall avait l'air désert. Il sonna la petite sonnette disposée sur la surface en bois jusqu'à ce qu'il entende une voix forte crier « KURT! Va voir quel con m'énerve avec cette putain de sonnette, je te jure je vais la foutre au feu cette merde... ».

Un jeune homme en salopette sortit alors par une porte derrière le comptoir, il était entièrement recouvert de traces de cambouis et d'huile noire de moteur. Ses cheveux ébouriffés étaient couleur châtain et partaient dans tous les sens. Sa peau était aussi blanche et laiteuse que celle d'une poupée de porcelaine, il avait les muscles des bras plutôt définis malgré sa fine silhouette et Blaine ne pouvait que le fixer comme un imbécile.

Mais ce fut lorsqu'il leva ses yeux d'un bleu éclatant que Blaine eut le souffle coupé. Ce jeune homme était réellement la plus belle chose que Blaine avait jamais vu de sa vie, il était vraiment magnifique.

« Qu'est ce que je peux faire pour toi? » demanda-t-il de sa voix calme et posée, un peu plus aiguë qu'une voix masculine lambda mais qui la rendait d'autant plus mélodieuse.

Blaine n'en croyait pas ses yeux, comment quelqu'un d'aussi beau et élégant pouvait-il travailler chez Hummel Tires & Lube? Malgré son apparence complètement impropre, Blaine savait qu'il n'avait pas sa place ici. Ce jeune homme était le genre de personne qu'il fallait exposer dans un musée et l'entourer d'une cloche de verre parce que personne ne méritais de le toucher ni de le salir. Blaine n'avait jamais compris la définition d'oeuvre d'art jusqu'à ce jour, les yeux rivés sur la silhouette stupéfiante de cette créature tout droit sortie d'un rêve.

Blaine avait définitivement but trop d'alcool...

« Blaine? » demanda le jeune homme, Kurt, un regard inquiet au le visage, extirpant celui-ci de sa rêverie éveillée.

« T-tu connais mon prénom? » répondit Blaine sur la défensive sans même s'en rendre compte.

« On est au même lycée... Bref, comment puis-je t'aider? »

Blaine n'eut rien à dire, et honnêtement il était dans un tel état de choc qu'il ne comptait pas se mettre à parler de sitôt, il déposa seulement son rétroviseur noir sur le comptoir.

Kurt, écarquilla les yeux d'une manière adorable et s'empara du morceau de voiture tout en s'engouffrant dans la porte par laquelle il était entré. Puis il ressortit et jeta un regard inquiet à Blaine qui n'avait pas bougé de sa position la bouche toujours entrouverte et toujours sous le choc.

« Si tu en es capable, et honnêtement j'en doute mais, tu pourrais déplacer ta voiture à l'intérieur du garage? Je t'ai ouvert l'entrée n°1 », Blaine avala sa salive tellement fort qu'il était sûr que Kurt l'avait entendu, puis hocha la tête tout en se dirigeant vers la porte, mais avant de sortir il se retourna et planta ses yeux dans ceux du jeune homme, « Comment est-ce possible que je ne t'ai jamais vu de ma vie? » demanda-t-il incrédule.

Kurt haussa les épaules et disparut derrière la porte par laquelle on pouvait entendre l'homme de tout à l'heure se remettre à jurer, « Qu'est ce qu'il veut? J'espère que son problème est pas aussi chiant que lui... ».

Kurt roula les yeux en rejoignant son père allongé sous une vieille voiture verte, puis soupira en guise de réponse. Son père glissa de sous l'engin dévoilant son expression confuse, « Quoi? Y a un problème? Il est bourré? ».

« Non papa, en tous cas je ne crois pas... Mais je le connais. » répondit le jeune homme aux yeux bleus en regardant fixement la voiture noire sans rétroviseur rentrer par l'entrée n°1 les bras croisés et exaspéré, « Mais apparement pas lui, il ne doit pas avoir le temps de remarquer qu'on fréquente les mêmes écoles depuis le primaire, avec tout ces gens qui lui tournent autours, ça doit lui faire bizarre que je n'en fasse pas partie... » puis il se rapprocha de la voiture.

Burt regarda son fils, puis Blaine, haussa les épaules et redescendit sous son véhicule.

« Euh, alors est ce qu'il faut que j'en rachète un ou bien... » demanda Blaine en montrant le rétroviseur du doigt.

« Non. Je ne sais pas comment tu as fait d'ailleurs, mais la cassure est si parfaite qu'il y a moyen de le re-fixer sans avoir à en racheter un. » puis il lui tourna le dos et commença à farfouiller dans sa caisse à outils.

Mais Blaine ne bougea pas d'un cil toujours planté près de l'entrée n°1, « Tu pourras revenir dans 1h à peu près, Blaine, c'est bon je m'en occupe. Tu régleras à ton retour en récupérant ta voiture. » lui dit Kurt.

Blaine bafouilla quelque chose d'incompréhensible en se grattant la nuque et s'en alla dans la direction du café du coin de la rue, ne sachant pas vraiment ce qui lui était arrivé.

Blaine se faisait très rarement impressionner ou intimider, il ne comprenait pas d'où venait cette faiblesse soudaine, et cela le mit en colère. Il s'était juré de ne jamais se montrer faible, surtout depuis qu'il avait annoncé son homosexualité. Bien que ce fut une expérience plutôt paisible due à son statu au lycée, cela n'a pas empêché certaines remarques homophobes et certaines insultes de la part de certains membres de l'équipe de football, qui étaient censés être ses amis. Blaine savait qu'il était chanceux, son père ne l'a même pas déshérité comme certains autres, et il ne s'est pas vraiment fait harceler non plus au lycée, alors il se rendait compte que le fait de faire partie de l'équipe de foot et donc d'être populaire avait ses avantages. Mais malgré cela, il y avait beaucoup de non-dits, des regards en biais, des chuchotements dans son dos et des rumeurs. Et c'est à ça que Blaine devait être préparé, le fait d'être populaire vous expose déjà beaucoup à ça, mais être gay le multiplie par dix.

Lorsqu'il vit son reflet dans la grande vitrine du Lima Bean, Blaine observa son jean skinny tâché, d'alcool sûrement, et son polo blanc à moitié ressorti de son jean avec son noeud papillon défait autours de son cou. Une trace de rouge à lèvres était logée dans le creux de son cou, là où cette cheerleader l'avait embrassé. Ses cheveux, qui étaient soigneusement plaqués au gel sur sa tête auparavant, partaient maintenant dans tous les sens. Il passa sa main dans ses cheveux, frotta la marque de maquillage tout en poussa la porte pour prendre un bon café bien mérité après une longue journée.

Il revint récupérer sa voiture une heure plus tard, à son plus grand regret, ce n'était pas le jeune homme aux yeux bleus qui l'accueillit mais un homme au visage dur et une casquette de baseball enfoncée sur le crâne. Blaine baissa les yeux pour lire le nom de la personne qui prenait sa carte de crédit, Burt, et s'en alla sans un regard en arrière.