𝐀𝐦𝐢𝐜𝐢𝐭𝐢𝐚𝐦 » 𝐏𝐋𝐊

T1 ⎪ 36

" La mélancolie est le petit luxe des âmes pauvres "

Cette phrase que j'ai si souvent lu prend tout son sens aujourd'hui. Je me sens complètement vidée de tout âme, comme une petite fille qui cherche son chemin sans but, pour qui la vie n'a plus aucun sens. Mélancolique c'est sûrement comme ça que me définirai une personne qui serait assise à mes côtés et pourtant un médecin rajouterait bien des mots à mes maux.

Triste, honteuse, dépressive.

Depuis plus d'une semaine maintenant je ne sors plus, je regrette terriblement ma décision et pourtant, celle-ci est faite. Et le seul moyen que j'ai trouvé pour pallier à ces sentiments c'est de m'enfermer, me coupant de toute vie possible, de toute relation qui puisse me rattacher à la vie extérieure.

Une semaine maintenant que je n'ai pas revu Mathieu. Au début, j'ai prétexté que j'étais malade, que je ne pouvais pas le voir et qu'il fallait que j'avance dans mes recherches d'appartement. Sur la deuxième partie, je ne lui avais pas mentis puisque j'avais trouvé l'appartement que je voulais et le bail était déjà déposé, je devais déménager incessamment sous peu. Mathieu n'en savait rien, à la base c'était censé être une surprise.

Puis quelques jours étaient passés et je pensais aller mieux mais rien y faisait, j'étais toujours prise dans ce cercle vicieux qui me rongeait de l'intérieur et qui me faisait perdre petit à petit toute trace d'humanité. J'étais devenue agressive avec chaque personne qui voulait m'approcher, je ne mangeais pratiquement plus, je ne bougeais que pour prendre une douche et aller au toilette. Ma mère peinait à me faire changer d'humeur, Maya et Hakim également. Et les autres ne comprenaient pas ce qu'il se passait. J'étais passée de la Sarah heureuse qui aimait vivre et s'amuser à la Sarah vide, perdue et agressive.

Agressive je l'étais surtout avec Mathieu. Il avait essayé de me contacter plusieurs fois et de venir. Jamais je ne lui ai répondu. Il s'est pointé devant ma porte il y a une semaine maintenant ce jour, je ne voulais voir personne, c'était déjà bien assez compliqué pour moi de me dire ce qui allait ce passer à cette date. Mais Mathieu n'en savait rien et voulant sûrement comprendre ce qu'il se passait, il avait tapé à ma porte. C'en était suivi une véritable dispute, je ne me reconnaissais même plus, lui même m'avait bien fait comprendre qu'il pensait la même chose et qu'il ne savait pas qui était la personne qui se trouvait en face de lui.

On s'était tous les deux emportés pour des choses totalement futiles qui n'avait pas lieu d'être mais des paroles étaient sortis de chacun de nous et connaissant nos deux grandes fiertés, aucun de nous ne voulaient passer au dessus de ça. Du moins c'était un peu compliqué puisque je voulais l'avoir auprès de moi et qu'il soit un soutien mais il ne savait rien et la seule chose que je trouvais à faire c'était de le repousser et de déverser la haine que j'avais à mon encontre sur lui.

Un énième soufflement, un énième sanglot, une énième crise. Me voilà prise à mon propre jeu et à mes propres sentiments. Me voila piégée de ce que je pensais être la meilleure chose à faire. Je suis aussi perdue que cette âme qui appartient au luxe d'un pauvre.