chapitre six

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Bonne lecture :

Le trajet se déroulait dans un silence de mort, chacun semblait être plongé dans ses pensées.

Situé au dernier étage d'un immeuble au coeur de la ville, l'appartement de Jules avait su m'impressionner de par son décor épuré aux tons neutres, parsemés de textures naturelles.

Nous avions d'abord atterri dans un vestibule dont les murs étaient couverts de portraits de paysages magnifiques. Après avoir traversé la cloison en verre, on avait déboulé sur un couloir qui débouchait sur un grand salon, dans lequel la place de choix revenait à un immense piano blanc, trônant devant un mur de tableaux.

Non loin de l'entrée, le coin cuisine avec des plans de travail en bois sombre.

Les différents espaces étaient mis en relation les uns avec les autres grâce à des ouvertures cadrées et pouvaient être refermés par de grandes portes coulissantes vitrées.

- charmant ! Dis-je en m'installant sur l'imposant canapé gris en forme de «L».

- merci. Répondit-il brièvement avant de s'éclipser de la pièce.

J'en profitais pour porter mon attention sur le petit être fragile qui dormait dans le creux de mes bras.

Je me posais un bon nombre de questions, en particulier celles de savoir où pouvait bien se trouver sa mère, comment la retrouver et qu'est-ce qui l'avait poussé à abandonner sa propre chair ?

J'ignorais ce qui m'avait pris d'insister pour l'emmener avec nous, sans doute mon instinct maternel à l'affût. Néanmoins ce serait un mensonge de dire que je regrettais de l'avoir fait, au contraire, j'étais submergée par une vague d'émotions contradictoires.

- bien merci, nous t'attendons. Entendis-je lorsque Jules fit son retour, vêtu d'une chemise déboutonnée au col et d'un pantalon en flanelle blanche qui descendait sur ses hanches.

Cette vision me fit déglutir avec difficulté et ce fut au prix d'un gros effort que je parvins à reprendre mon sérieux,

- qui... était-ce ? Balbutiais-je d'une voix mal assurée

- mon avocat, il sera bientôt là. Vous voulez boire quelque chose ? Eau, jus, whisky ?

- va pour un peu de whisky, après cette journée j'ai besoin d'un petit remontant.

Jules m'adressa un sourire en coin avant de se diriger vers le bar pour six personnes.

- plus vite cette affaire sera élucidée, mieux je me porterai ! Reprit-il en ajoutant des glaçons dans mon verre.

Je hochais la tête...

- en attendant, il va falloir lui trouver des vêtements, des biberons et tout le tralala. Avais-je renchéri

- je vous laisse gérer ça, répondit-il en pointant du doigt l'ordinateur posé sur la table basse, pendant ce temps, je vais tenter de trouver des réponses.

Je m'exécutais presque aussitôt, commandant en ligne tout le nécessaire essentiel à un bébé, priant pour qu'elle ne se réveille pas avant la livraison.

Nul besoin d'un miroir pour deviner à quel point mes yeux devaient être pétillants à cet instant.

- d'ici quelques jours on aura rassemblé toutes les pièces de ce puzzle, mais avant nous devons faire une déclaration à l'officier d'état civil du lieu où vous avez trouvé le bébé. Expliquait l'homme qui s'entretenait avec Jules dans le vestibule, sans doute son avocat.

- entendu... Tiens, je te présente Ava.

- c'est celle qui t'a accompagné à l'hôpital ? tu avais oublié de préciser qu'elle était aussi belle !

- le moment est mal choisit pour faire ton numéro, répliqua Jules en lui lançant un regard noir

- dégage rabat-joie ! Salut, je suis Marc, son meilleur ami et avocat. S'écrit-il en plaçant devant moi, me dominant par sa haute stature musclée, élégant, coiffé de dreadlocks courtes.

- enchantée, dis-je avant qu'il n'embrasse le revers de ma main

Ce Marc me faisait un peu penser à Mike au début de notre relation, ce qui lui avait presque valu un mouvement de recul de la part.

- si vous avez fini, il est temps pour toi de partir Marc. On reste en contact pour la suite de la procédure. Intervint Jules

- toujours aussi aimable, ironisa son ami en libérant ma main pour se diriger vers l'ascenseur, à très bientôt Ava.

- tu as faim ?

D'abord surprise par cette soudaine familiarité, je finis néanmoins par répondre,

- pas vraiment non, mais merci.

Une heure plus-tard, les commandes arrivèrent et je pus enfin enfiler des vêtements neufs à la petite qui me regardait à travers ses yeux noisettes aux longs cils magnifiques - j'étais littéralement sous son charme !

- le biberon est prêt, j'ai fait exactement comme tu m'as expliqué. M'informa Jules

Elle était visiblement affamée, tirant sur la tétine avec vigueur.

J'étais bien décidée à la nourrir convenablement durant les quelques jours qu'il m'était permis de passer à ses côtés, ça se voyait qu'elle avait besoin de reprendre des couleurs.

- quel appétit ! Fit-il remarquer

- elle ne plaisante pas avec la nourriture, je me demande à quand remonte son dernier repas.

- je l'ignore, mais nous savons au-moins quand aura lieu le prochain.

Je lui adressa un sourire en guise de réponse avant de jeter un coup d'œil à l'horloge murale.

- je ferai mieux de rentrer, il va bientôt faire nuit.

- Avec la petite ?

- bien-sûr ! Qui d'autre !?

- ce n'est pas une bonne idée, je ne serai pas tranquille en te sachant seule avec un enfant dont on ne sait rien.

- que veux-tu qu'il m'arrive ? C'est n'est qu'un bébé! Et puis je pense pouvoir me débrouiller, alors tu n'as rien à craindre. Insistais-je en rangeant les affaires dans un sac.

- je suis aussi impliqué que toi et je te rappelle que nous ne savons pas d'où elle vient. Tant que cette histoire ne sera pas tirée au clair j'exige que tu restes ici. Avait-il presque grondé en s'arrêtant à ma hauteur, m'obligeant à relever la tête pour soutenir son regard.

- c'est hors de question, je ne passerai pas une heure de plus ici...

- j'ai mon mot à dire Ava, et admet que j'ai raison de me méfier.

Je croisais les bras, le défiant du regard sans ciller, quoique en y réfléchissant j'étais forcée de reconnaître qu'il n'avait pas tort sur ce point. Aussi mignonne et innocente soit-elle, cette enfant n'en demeurait pas moins une inconnue.

Sans doute agacé par mon comportement, il s'éloigna d'un pas rageur avant de revenir quelques minutes plus tard.

- puisque l'idée de passer la nuit ici te répugne, c'est moi qui vais m'incruster chez toi, et ce n'est pas négociable ! Siffla Jules d'un ton sec

Je déglutis péniblement, regrettant de ne pas avoir accepté la première option, car désormais rien de ce que j'aurai pu avancer comme raison ne l'aurait dissuader.

- très bien, allons-y...

~Ava~ Où les histoires vivent. Découvrez maintenant