Humain

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Stephen était allongé sur son lit dans la cave où Tony entreposait ses bouteilles de vins et quelques débris d'armures. Ses yeux suivaient les traces sombres dessinées au plafond par l'humidité avec un air désintéressé. Il repensait à la peluche géante qui avait dû passer la nuit dehors. Tony n'avait pas hésité à acheter un objet aussi absurde que cher pour prouver son amour à Pepper. Il était allé jusqu'à préparé un dîner aux chandelles malgré ses piètres talents culinaires pour être certain qu'elle ne se laisserait pas charmer par un autre. Et l'univers voulait qu'il mette fin à leur relation. Ce n'était pas la première fois qu'il décidait de l'avenir d'un homme pour sauver la planète mais cela ne voulait pas dire que cela ne l'affectait pas. Était-ce une bonne chose de faire des choix à tout va sous prétexte que l'univers se porterait mieux ? Il n'était pas Dieu après tout.

Alors qu'il pensait à ses actions, un bruit résonna à sa gauche. Ce fut comme si on avait brièvement traîné un lourd amas de tissu. Il se redressa calmement et jeta un coup d'oeil à sa cape en espérant une réaction de sa part. Elle n'avait probablement rien remarqué car elle était restée immobile, flottant sur place dans son coin de la pièce. Stephen tendit à nouveau l'oreille à l'endroit où il avait entendu l'étrange son mais plus rien ne se produisit. Le sorcier suprême sentit toutefois que quelque chose était debout dans le coins à l'analyser en silence. Il s'arma donc de ses boucliers mystiques en se dirigeant vers la chose invisible, le pas lent et le souffle court. Plus il s'approchait de la présence, plus il se sentait la lame glaciale d'une épée de Damoclès au dessus de sa tête. Cependant, l'attaque ne vint pas de là où il l'attendait. Tony avait descendu les escaliers quatre à quatre, agrippé le col de son haut et brutalement plaquer contre un mur.

—Tu aurais pu empêcher ça ! S'époumona-t-il de colère.

—Empêcher quoi ? L'interrogea Stephen confus.

Les joues de Tony étaient humides et ses yeux rougies luisaient encore des larmes qu'il avait laissés échappé.

—Hier soir... il y a eu une explosion dans le centre ville.

Stephen posa ses mains sur les poings scellés du Stark et les repoussa doucement tandis que ce dernier répétait le prénom de son ancien garde du corps. Il ne fallut pas longtemps à Strange pour comprendre ce qu'il s'était passé et la raison pour laquelle Tony lui en voulait tant.

—Je ne savais pas ce qui arriverait et... je n'aurais rien pu faire...

—Et comment tu peux en être si sûr ?!

Après un temps d'hésitation, le magicien finit par lui dire la vérité:

—Certaines choses sont vouées à se produire.

Le silence pesant qui suivit la réponse du sorcier accentua la désillusion du milliardaire vis-à-vis de lui. Tony ne savait pas exactement à quel genre d'homme il pensait que Strange était mais il ne s'était pas imaginé qu'il accepterait qu'un homme innocent soit entre la vie et la mort parce que c'était sa destiné.

—Tu n'es venu ici que pour me protéger, le reste n'a aucune importance, c'est ça ?

Strange avait beau savoir que mentir lui éviterait le courroux de celui qu'il était censé charmer, il n'avait aucune envie de choisir la facilité. C'est d'ailleurs pourquoi il lui répondit par un hochement de tête. Tony posa  alors sur lui un regard emplit d'amertume et déclara froidement:

—Je m'occuperais seul de la protection de ma famille.

Cela dit, Tony l'abandonna à sa chasse au fantôme pour rejoindre Pepper à l'étage. Elle lui en voulait encore pour avoir faillit la faire désintégré en appelant inconsciemment une de ses armures alors qu'il rêvait de la bataille New-York mais, elle partageait sa souffrance. Ils se prirent mutuellement dans les bras, priant tout les deux pour qu'il y ait une chance qu'Happy survive.

—J'y vais, L'informa-t-il en se séparant de la rousse.

Cette dernière posa une main réconfortante contre la joue de son petit amie et lui demanda s'il était certain de vouloir rendre visite à Happy seul.

—Il y aura des journalistes...Je ne veux pas que tu ais à faire à ses hyènes dès le matin. Ironisa-t-il en posant un baiser sur le front délicat de Pepper. Tout ira bien.

Elle accepta sa demande et le laissa s'en aller vers l'hôpital où se trouvait son ami. Il était parvenu à s'infiltrer discrètement dans l'établissement et à trouver la chambre qu'il cherchait. Le visage d'Hogan était boursouflé et craquelait à certains endroits s'il n'était pas recouvert de sparadrap comme ses mains. Pourtant, ce qui fêla le plus le cœur de Tony fut le regard fixe d'Happy. Il le sentait peser sur lui comme un reproche silencieux.

—Je suis désolé... Murmura-t-il en posant une main sur la poitrine du patient. J'aurais dû veiller sur toi au lieu de m'apitoyer sur mon sort.

Cela devint difficile de continuer à soutenir le regard souffrant de son ami mais alors il se laissa tomber sur la chaise réservé aux visiteurs, plongé dans la pénombre, et attendit. Ce qu'il attendait ? Il n'en savait rien. Son réveil ? Un signe venu du ciel lui expliquant ce qu'il devait faire ? Il ne savait même pas combien de temps il était resté assis là à veiller sur Happy. Deux ou trois heures peut-être. Il avait décidé de s'en aller une fois son ami sous la surveillance d'une infirmière qu'il avait informé de toutes les marches à suivre.

En partant, il avait espéré sortir aussi facilement qu'il était entré mais les babillages des charognards lui avait bien fait comprendre que ce ne serait pas le cas. Des dizaines de chaines de télévisons différentes s'étaient agglutinées au tour de lui à peine avait-il mis un pied à l'extérieur. Malgré la ruade générale, les flashs qui lui agressaient les yeux à travers le verre de ses lunettes et le tintamarre infernale, il avançait. Il ignorait comme il le pouvait leur piaillements incessants jusqu'à ce que l'un d'entre eux ne sorte du lot. Ce piaillement là ressemblait plus à une provocation arrogante d'un charognard prêt à tout pour sa part d'os.

—Qu'est-ce qu'on attends pour tuer ce terroriste ?

Tony avait ôté sa main de la poignée de sa voiture et s'était tourné vers l'homme qui avait posé cette question. Il avait ce sourire si sûr de lui qui lui rappela ces personnes qui passent leur temps à critiquer les actions des super-héros car, bien évidemment, ils feraient bien mieux à leur place. Ils pourraient frôler la mort et s'en sortir aussi mentalement que physiquement indemne, sauveraient une ville entière sans causer le moindre problème et, la cerise sur le gâteau, ils auraient déjà tué ce terroriste.

—Simple question. Ajouta-t-il sur un ton sarcastique.

—C'est ce que vous voulez ? lui demanda Tony bouillonnant de colère face au journaliste.

Il dévisagea l'homme pendant plusieurs minutes avant de se laisser porter par ses émotions. À quoi bon cogiter sur si oui ou non il prenait la bonne décision? Il n'aurait pas dû se reposer sur quelqu'un d'autre que lui même.

—Puisqu'on approche de la fin d'année, j'aimerais envoyer des vœux au Mandarin. J'attendais la meilleure façon de les envoyer. Je m'appelle Tony Stark et je n'ai pas peur de vous. Je sais que vous n'êtes qu'un lâche.

Tony se débarrassa de ses lunettes pour démontrer ses dires. Son visage n'était plus dévasté par la tristesse mais par de la haine et une détermination sans borne:

—J'ai donc décidé que vous étiez déjà mort et je vais venir chercher le corps.

Le journaliste responsable de ce discours était plus que fier de lui et ne ratait pas une miette du spectacle:

—Ce n'est pas de la politique, juste une bonne vieille vengeance à l'ancienne. C'est entre vous et moi. Et, au cas où vous en auriez le cran, voilà mon adresse personnel: 10880 Malibu Point, 90265. Je laisserais la porte ouverte.

Cela dit, il s'empara du cellulaire qu'utilisait le journaliste et lui demanda s'il était rassasié avant de balancer l'objet plus loin, le brisant en milles morceaux contre un mur. Cependant, le reste de ses confrères avaient bel et bien enregistré la scène et la diffusaient,pour la plupart, en direct. Stephen ne rata donc rien de la bêtise du Stark et comprit enfin comment il avait été mêlé aux affaires du Mandarin.

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