Le sel de mer vient doucement me picoter les narines tandis qu'une légère brise de vent souffle. Le ciel a pris des couleurs pastels et le soleil commence à se coucher.
Les jambes dans le vide, je contemple ce paysage auquel je n'ai jamais eu affaire auparavant. L'été vient à peine de débuter.
Le ciel devient vite sombre et je me lève afin de rentrer chez moi. J'habite dans une maison à quelques pas d'ici. Elle est plutôt grande comparé à notre ancien appartement et le blanc change des vieilles tapisseries arrachées sur les murs.
La porte claque doucement et quelques ronflements me parviennent à l'oreille. Ma mère s'est endormie sur le canapé. Ce n'était pas dans ses habitudes de s'endormir sur le canapé, avant.
J'esquive les cartons et monte dans ma chambre où je me pose sur mon lit. J'enlève toutes mes couches de vêtements pour ne garder que mon boxer et me laisser tomber sur mon lit, mes écouteurs dans les oreilles.
Le lendemain, je fut dérangé par de la musique. Elle provenait de la chambre de ma sœur juste à côté de la mienne.
« putain Florie ! Baisse le son ! »
Mais rien n'y fait elle n'as pas bougé d'un poil. Alors je me suis habillé, de mauvaise humeur. Je suis descendu dans le salon. Ma mère dormait encore sur le canapé, comme hier soir quand je suis rentré.
Ma mère est écrivaine, elle travaille à la maison et mon père a trouvé un job au bar du coin. Rien de bien fou mais ça nous permet de vivre plutôt bien vu qu'il y a énormément de touriste pendant les vacances d'été.
Je m'installe au comptoir et déjeune rapidement puis monte dans ma chambre, et me met en combinaison. La musique de ma sœur me perce les oreilles.
Du rock anglais, bien trop fort à mon goût. Je prend ma planche et je sort de cette maison. Mes pieds rencontrent presque tout de suite le sable fin et je cours jusqu'à l'eau. Je jette ma planche dans l'eau, l'accroche à ma cheville et laisse les vagues se déchaîner sur moi pendant plusieurs heures.
~
Je sors de l'eau, complètement épuisé à cause de mes nombreuses chutes. Je rejoint les gradins en pierre construits à l'occasion des nombreuses compétitions de surf l'été. Un gars plutôt petit vient vite me rejoindre, s'asseyant à côté de moi. Je reconnais sa silhouette, c'est celui que j'ai vu avec la brune hier quand je suis tombé. Mon ventre se retourne alors qu'il n'est qu'à quelques centimètres de moi.
« elles sont bonnes ? »
demande-t-il au bout d'un léger silence.Ne comprenant pas trop s'il parlait des meufs passant devant nous à ce moment là, je répond :
« je ne sais pas j'ai pas trop regardé. »
Il étouffe un rire, léger, plutôt doux. Agréable même.
« t'as passé deux heures dans l'eau sans savoir si les vagues sont bonnes ? »
Je me frappe le front de ma main inoccupée.
« ah... euh... désolé, oui elles sont bonnes.
- je préfère pas savoir de quoi tu parlais ! »
rit-il alors que je le rejoint dans son rire.Il passe une main dans ses cheveux encore secs.
« comment tu t'appelles jeune surfer mystérieux ?, demande-t-il une fois que nous nous sommes calmés.
- Rémi, et toi ?
- Vincent. T'es nouveau ? Je t'ai jamais vu avant au lycée, enfin j'imagine que t'as l'âge d'aller au lycée.
- ouais j'suis nouveau, on a emménagé au début des vacances, je suis au lycée.
- on se recroisera sûrement alors, j'suis au lycée aussi. On se parle plus tard j'vais à l'eau moi. »Et il est partit aussi vite qu'il est arrivé, courant dans le sable, sa planche sous son bras, le soleil éclairant les quelques morceaux de sa peau visible, le reste de sa combinaison moulant parfaitement ses fesses et ses mollets. Divin. J'en baverai si une voix féminine ne m'avait pas sorti de mes pensées.
« alors on mate ? »
Je sursaute il est évident que ce n'est pas la voix de ma sœur. Celle ci était plutôt... Espiègle. Je me retrouve nez à nez avec une fille ― une surfeuse à coup sûr ― blonde aux racines brune, coupe carré. Elle me regarde avec un sourire espiègle qui inspire la confiance en soi. Je la reconnais, c'est la fille avec laquelle il était hier.
« c'est à toi qui faut demander ça. Tu baves, dis-je pour l'embêter. »
Son expression ne change pas pour autant, elle passe sa main aux coins de sa bouche, essuyant un léger filet de bave.
« c'est vrai ? »
Je lâche un rire sec alors qu'elle continue à essuyer dans le vide.
« c'est bon t'as plus rien.
- merci.
- prise à son propre piège on dirait bien.
- ça ne change rien au fait que tu matais, toi aussi. »J'hoche la tête, ça ne sert à rien de le nier après tout. Je kiff les mecs, bien plus de que les meufs et ce mec là en particulier.
« tu l'aimes ? » je demande sans savoir pourquoi je pose cette question.
Elle secoue négativement la tête.
« non, ce gars là c'est juste mon pote. Jamais je sortirais avec lui. »
J'hoche la tête, d'un côté ça me rassure un peu, je sais pas pourquoi. Je peux pas être amoureux de lui, c'est bien trop tôt et puis de toute façon je ne le connais même pas. Mis à part qu'il s'appelle Vincent et qu'il fait du surf.
Je tourne la tête vers la brune/blonde qui pose son panier en osier entre nous en s'asseyant.
« au fait, tu t'appelle comment ? » lui demandai-je.
Elle cherche quelque chose dans son sac puis elle en sort un élastique avec lequel elle galère à s'attacher ses cheveux courts.
« Marguerite. »
Marguerite ? C'est spécial. On dirait le prénom qu'on donne à une vache. Enfin je dis pas que c'est une vache, elle est jolie, mais c'est pas vraiment mon genre.
« moi c'est Rémi-
- je déconne je m'appelle Marine. »Elle se lève, les poings sur ses hanches et me regarde.
« tu pensais quand même pas que je m'appelait Marguerite ? J'aurais jamais assumé un prénom pareil. »
J'hausse les épaules, l'air de dire « on sait jamais. » puis elle reprend :
« bref, enchantée Rémi ! Dit rien, je sais que t'es nouveau. Le prend pas mal mais t'as une tête de nouveau. »
Qu'est ce qu'elle a ma tête ? Je passe une main dans mes cheveux encore mouillés et les recoiffes du mieux que je peux.
Mon regard dévie vers Vincent. Il métrise vraiment bien, je suis hyper admiratif.
« il est bisexuel. » lâche-t-elle sans pression.
Je lui lance un regard d'incompréhension.
« hein ?
- et célibataire en plus, t'en a de la chance.
- de qui ça ? »Elle me regarde, l'air de dire « t'es con ou tu le fais exprès ? » elle a du en venir à la conclusion que je suis con car elle répond :
« ton beau surfeur. »
C'est vrai qu'il est beau...
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Rémisolation | Aliex
FanfictionQuand tout vas mal, Rémi s'isole, loin de tout, il prend le large sur sa planche. Mais comme le dit si bien la petite voix dans sa tête : « tu ne pourras pas éternellement fuir. » @amaplace, 15/02/20