Chapitre 16 : Non, pas encore

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Quelques minutes plus tard.

Deckard Shaw.

Toujours sonné, je reprends peu à peu connaissance. Je passe une main sur ma jambe qui m'est douloureuse. Elle est coincée sous un gros morceau de roche, tu m'étonnes que ça fait mal. Je m'assieds et lève la pierre pour la pousser et me libérer. Fait chier. J'aurais dû me douter que ces enfoirés n'allaient pas rester longtemps de mon côté. Ils me le paieront, plus tard. Pour l'instant, je devrais plutôt me barrer avant que les flics arrivent.

Je me lève complètement et regarde autour de moi. C'est un sacré bordel. Je lève la tête vers le trou causé par la roquette, et me souviens soudainement de quelque chose.

Loïs.

Loïs est tombée, elle aussi.

Paniqué, je me mets à l'appeler et à la chercher. C'est à quelques pas de moi, sous un bon morceau de roche, que je vois sa chevelure brune étalée sur le sol. Je la dégage rapidement de là, tout en l'appelant. Mais elle ne me répond pas. Elle ne bouge pas. Elle ne bouge pas ?

« Eh, Loïs ! »

Je la tourne sur le dos, de façon à pouvoir voir son visage. Elle est inconsciente, et elle est ouverte à plusieurs endroits. Je me baisse pour écouter son cœur, mais je n'entends aucun son. Elle ne respire plus. Dès lors que je me rends compte de la situation, je me mets à lui faire un massage cardiaque et du bouche-à-bouche pour la réveiller. Plus le temps passe, moins j'ai de chance d'obtenir une réponse, mais je n'ai pas envie d'abandonner.

Lorsque le MI6 m'a appris qu'elle était morte, j'étais anéanti. De toutes les coéquipières que j'aurais pu avoir, Loïs était sans aucun doute la plus imprudente, mais jamais je n'ai pensé qu'elle pourrait mourir. Elle a tellement fait de trucs dingues dans sa vie sans jamais en mourir, que je ne pensais pas que c'était possible. Puis, ils m'ont annoncé sa mort comme si c'était une perte banale, après l'avoir recherchée pendant cinq jours. Si je n'avais pas moi-même été bloqué à l'hôpital, j'aurais continué les recherches bien plus longtemps que ça. Eux n'ont pas trouvé son corps, seulement ses armes, son sang, son équipement et une botte. Et ils étaient convaincus qu'elle y était restée. Quels cons, si seulement ils la connaissaient. Mais évidemment, lorsque j'ai commencé à poser des questions, on ne m'a pas répondu. Alors je l'ai cherchée dans mon coin, même après avoir quitté le MI6.

Je l'ai cherchée si longtemps. Et voilà que je l'ai enfin retrouvée, par un pur hasard, et qu'elle me quitterait déjà encore ? Non, je le refuse. Mais n'obtenant aucune réponse à mon massage cardiaque, je commence à perdre espoir. Après tout, toute personne finit par mourir un jour. Mais j'aimerais tant que ce ne soit pas son cas.

« Loïs... Loïs, s'il te plaît. Ne me laisse pas, pas encore. Réveille-toi. »

Les yeux humides, je me penche sur elle et l'embrasse, avec le stupide espoir qu'elle réponde à mon baiser. Mais rien. Lorsque je recule de son visage, je ferme les yeux, prêt à me résigner. Mais j'entends son souffle reprendre, et sa main se serrer autour de ma manche. Je la regarde de nouveau et vois qu'elle semble perdue.

« Tout va bien, lui dis-je. »

Luke Hobbs.

Comme d'habitude, à chaque fois que les Toretto font quelque chose, il y a un sacré grabuge. Les autorités devront faire avec, et je crois que j'aurais beaucoup de paperasse à remplir en retournant au bureau, demain matin, même si je suis techniquement en arrêt maladie. Je rejoins le parking, là où a eut lieu l'explosion, prêt à arrêter Shaw. J'entre parmi les débris, alors que tous se réjouissent du réveil de Dom.

« Loïs... Loïs, s'il te plaît. Ne me laisse pas, pas encore. Réveille-toi. »

Et comme si ma soirée ne pouvait pas être plus catastrophique, voilà que j'ai une vue parfaite sur un britannique élevé au pudding, qui fait un massage cardiaque à mon amie. Un massage cardiaque ? Je m'apprêtais à les rejoindre, lorsque je vois Shaw se baisser pour l'embrasser, versant des larmes sur ses joues. Tiens, il a peut-être un cœur, finalement. Lorsqu'il la relâche, Loïs soupire et serre sa manche entre ses doigts. Il lui sourit.

« Tout va bien. »

Il passe ses bras dans son dos pour la redresser, puis la serre contre lui. Loïs répond à son étreinte quelques instants, avant de tomber de nouveau dans les pommes. Je m'approche finalement d'eux, accompagné d'agents de Los Angeles. Lorsque Deckard me regarde, je lui montre Loïs du menton, qu'il tient encore dans ses bras.

« Laisse-moi l'emmener à l'hôpital. Et rends-toi. »

Il se résigne. De toute façon, il n'a pas mieux à faire. Malgré mes fractures, je récupère Loïs dans mes bras et la ramène aux ambulances qui viennent d'arriver en trombe, appelés par la police. Une fois mise entre leurs mains, je me tourne vers la famille de Dom et leur souris.

« Vous avez encore foutu un sacré bordel, leur dis-je.

- On dirait bien.

- Est-ce que Loïs va bien ?

- Je crois qu'elle s'en remettra.

- Cette idiote a balancé sa moto dans un drone... murmure Dom.

- Sht, elle va s'en sortir, lui dit Letty. Ça va aller. »

Loïs Toretto.

Je me sens secouée dans tous les sens. La tête me tourne tellement que je ne parviens pas à voir distinctement les visages qui me surplombent. Je crois reconnaître Elena, mais je ne suis pas certaine. Je perds une nouvelle fois connaissance lorsque les médecins poussent une porte de bloc opératoire.

C'est une journée de merde, sous tous les points de vue. Il pleut, il y a de l'orage, il y a beaucoup de brouillard. L'air pu la mort, le sang et la poussière, et le bruit des balles fuse dans tous les sens. On se croirait en plein milieu de la Grande Guerre. J'entends un soldat des forces spéciales britanniques hurler de douleur, avant d'être transpercé par une hache d'urgence. Je soupire longuement et je me colle au mur, mon arme à la main.

« Deckard, je t'avais dit que c'était une mauvaise idée, soufflais-je dans mon oreillette.

- Je sais, Lo. Et je te crois, seulement... on y est maintenant, et on ne peut plus reculer. La cible est au cinquième. Il faut qu'on y monte.

- Je te suis. Je suis au premier étage, je serais bientôt là.

- On se rejoint là-haut. »

Je prends mon courage à deux mains et commence à me déplacer en braquant mon arme devant moi. Je rejoins Deckard, qui me fait signe de le suivre dans le bâtiment désaffecté. On approche de la grande porte en bois et on se met chacun d'un côté. Cachée du côté droit de la porte, je recharge mon arme et lance un regard à mon coéquipier. Il me fait un signe de tête auquel je réponds.

« Ok, n'oublie pas. Ils ne devraient pas être plus de sept, ça devrait le faire.

- Oui, je sais. On s'en sortira, comme toujours.

- Le temps que tu restes près de moi, je m'en sortirais. »

Je lui souris en levant les yeux au ciel, puis colle mon dos contre le mur.

« T'as intérêt à rester entier.

- Et si toi, tu pouvais éviter d'encore te prendre une balle.

- Encore ? ça ne m'est arrivé qu'une seule fois, je te signale.

- Et c'est déjà bien assez comme ça. »

Deckard me regarde avec une once de tristesse dans les yeux.

« Je suis sérieux, Loïs. Si tu pouvais éviter de mourir, ce serait génial.

- Pourquoi est-ce que tu doutes de moi, tout à coup ?

- Je ne doute pas de toi. C'est cette foutue mission, qui n'est pas nette. Mais on en reparlera en rentrant à la maison. »

Rentrer à la maison... Je veux rentrer à la maison...

Faster and Faster - TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant