Chapitre II

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Un vent froid vient me fouetter le visage. Cachée sous un bonnet et une écharpe, je commence à en avoir les larmes aux yeux, je me dépêche alors. Je me met à trottiner sur les derniers mètres, les mains collées à ma bouche, cherchant une quelconque source de châleur. J'appui rapidement sur la sonnette, déclenchant ainsi l'ouverture des lourdes portes. Une fois hisée à l'intérieur du bâtiment, je traverse lentement un long couloir puis entre dans une autre pièce. Une immense pièce, là où en cet après - midi de novembre, beaucoup de personnes sans - abris viennent y trouver un refuge pour la nuit. Des lits de fortune avaient été placés un peu partout dans la salle, laissant ainsi la possibilité de se reposer en attendant le repas du soir. Sur ma gauche, se dressaient plusieurs armoires contenant des couvertures et des oreillers... Je traversa lentement la petite allée entourée de lits qui menait aux cuisines, je croisa le regard de quelques habitués qui me saluèrent d'un geste de la main, auquels je répondis par un petit sourire, mais pour eux c'était déjà beaucoup. Je poussa les portes battantes de la cuisine et vis Sophie se précipiter vers moi. 

--> Sophie Femme d'une soixantaine d'années, propriétaire des lieux, qui veille sur moi comme sur sa propre fille depuis mon arrivée dans l'association. 

Avec un large sourire elle me retira mon blouson et mon écharpe et me dit d'aller me préparer à servir. C'est en suivant ses conseils que je me dirigea vers la grosse marmite déjà pleine de soupe, j'attrapa les poignets sur les côtés et la souleva pour ensuite retourner dans la salle, après avoir poussé les portes avec mon dos. Je reposa la marmite sur un chariot à roulettes et commença à le pousser en direction des tables déjà occupées. Me positionnant devant chacune de ces tables, j'attendis patiemment que les personnes me donnent leur assiètte. Quelques habitués me posèrent, durant mon service, des questions simples auquelles je pouvais répondre d'un simple hochement de tête. Ils continuaient à me sourire, n'ayant eux non plus jamais entendu le son de ma voix. Une fois la marmite vide, je poussa le chariot vers la cuisine et continua à marcher libremment dans la salle. J'avais certes terminé mon service mais j'aimais quant même rester ici, ici, personne ne jugeait sans se baser sur quelque chose de concret. C'était tellement plus agréable que les regards en croix et les voix basses... 

Pendant ma petite balade dans les locaux, j'entendis alors un hurlement, le cri d'une femme qui semblait à vu d'oeil avoir la trentaine. Elle aussi venait déjà depuis à certains moment, j'avais entendu Sophie discuter avec quelques personnes par rapport au fait qu'elle a été renvoyé de son travail et exclu de son appartemment alors qu'elle en était à son troisième mois de grossesse. Je fus apparemment la première à réagir face à ses cris, elle se tenait fermement le ventre. Sans attendre, j'attrapa quelques affaires qui trainaient au pied de son lit et les garda dans les bras, faute de ne pas avoir de sac. Je l'aida doucement à se lever, et la laissa s'appuyer sur moi, Sophie lui mit rapidemment un manteau sur le dos et je fonça le plus vite possible à l'extérieur. Le vent froid souleva mes cheveux, au bord de la route, je leva un bras pour appeller un taxi. Une fois à l'interieur d'un des véhicule, le chauffeur compris tout de suite, face à la vive douleur de la femme, notre destination. Arrivées, je me hissa à l'extérieur puis fis le tour du véhicule pour venir aider la future maman à en sortir. Ses contractions étaient de plus en plus proches et même si je n'avais pas fais d'étude de médecine, je compris assez facilement qu'une nouvelle vie allait commencer d'ici peu. Je jeta les vêtements sur le sol quand je vis que la jeune femme commençait à trembler. Je la laissé s'allonger sur un brancard. Je ne pris pas la peine d'essayer d'appeller quelqu'un puisque à l'entente des cris plusieurs médecins s'étaient précipités. Ils l'avaient emmené en salle de travail, me laissant ainsi seule avec une pile de vêtement à mes pieds. Je me pencha et les ramassa rapidement avant d'aller m'assoir sur un des sièges de ce qui semblait être la salle d'attente. Les heures passèrent lentement, je pris mon téléphone portable et regarda si j'avais reçu un quelconque mail. Effectivement, j'en avais plusieurs : Un mail de la maison d'édition nous apprenant qu'un nouvel patron l'avait acheté. Je ne pris pas la peine de finir la lecture de celui - ci, les mails d'explications ne m'intéressait pas, je voulais uniquemennt faire mon travail. Je quitta alors la page, pour retomber sur la boite de reception et d'en ouvrir un deuxième. Il provenait de mon auteur un peu paresseux, qui m'apprenait fort heureusement que la suite des manuscrits allaient être posés sur mon bureau à la première heure demain. Tant mieux, je pouvais ainsi abandonner avec plaisir l'idée de devoir le rencontrer. Nos échanges par mails me suffisaient amplement. Je le supprima donc et passa au dernier. Un mail de ma patrone. 

Bonsoir Camille, J'ai rencontré ce matin l'auteure de " Jusqu'au bout du fil " , elle voulait savoir qui avait exactement corrigé ses manuscrits puisqu'elle a remarqué que pour la première fois depuis l'idée de publication que l'éditrice lui renvoyée des idées pertinentes. J'ai donc l'honneur de vous annoncer que son cas vous est entièrement dédié et qu'elle est à partir de maintenant sous votre responsabilité. Continuez à faire avancer les choses avec elle. Merci. 

J'étais aux anges, j'avais réussis à décrocher un contrat grâce à mon dur travail. Puis, l'image de Stéphanie me revint en tête et la réalité me frappa d'un coup. Mes heures au travail allaient être encore plus longues que d'habitude... Mais j'espérais que Stéphanie comprènent qu'elle ne peut pas me laisser faire son travail à sa place. Une infirmière qui essayait tant bien que mal d'attirer mon attention sur elle, m'annonça que la jeune femme de tout à l'heure me réclamait à ses côtés. Je me leva donc et partis vers la chambre indiquée plus tôt. Je toqua faiblement à la porte et attendis l'autorisation d'entrer, quand j'ouvris la porte, je baissa la tête après avoir eu le temps de voir la jeune femme allongée sur son lit, trempée de sueur avec à ses côtés un espèce de berçeau transparant dans lequel se tenait une toute petite fille. Je m'avança doucement vers le lit de la jeune maman, n'osant pas la regarder dans les yeux. 

- Je tenais à vous remercier... Grâce à vous ma petite est en bonne santé... Me dit - elle faiblement à cause de la fatigue. Mais comment vous appellez - vous ? 

Je releva brusquement la tête vers elle, surprise par sa question. Ca faisait à moment que personne ne s'était intéréssé à moi. Je commença à paniquer par rapport au fait que je ne pouvais pas, cette fois - ci, répondre d'un simple hochement de tête. Je porta ma main à ma gorge, incapable de prononcer le moindre mot. Comprenant alors, miraculeusement, la situation, la jeune femme me tendit un calpin de feuilles blanches avec un feutre, sur lequel elle était apparamment entrain de dessiner son enfant. Je pris une chaine derrière moi et m'assis avant de débouchoner le crayon et de graver sur une feuille. Camille. Je retourna le calpin vers elle pour qu'elle puisse voir ma réponse. Après avoir lu celle - ci, elle me sourit franchement. 

- Ravie de faire ta connaissance Camille, moi c'est Clara et je présente Ava. Me dit - elle en me montrant d'une main tremblante le petit bout'chou. 

Je regarda avec attention la petite qui dormait calmement, elle avait hérité des cheveux de sa mère, blonds. Je discuta pendant des heures avec Clara, enfin elle me parlait et moi je répondais sur mon bloc - notes. Au bout d'un moment, une jeune infirmière entra dans la chambre et déclara d'une petite voix que les visites étaient terminées. Je me leva donc lentement de ma chaise, embrassa Clara et caressa tendrement la petite tête d'Ava avant de me diriger vers la porte. Avant de l'ouvrir, je me retourna la tête baisée et écrivis rapidement : Je reviendrai vous voir bientôt. Clara me dit qu'elle en serait ravie puis me laissa quitter la pièce. Je quitta rapidemment l'hopital, le bloc - notes toujours sous la main, je leva un bras en direction d'un taxi tout en tremblant à cause du grand froid de ces temps - ci, j'avais oublié de récupérer mon manteau à l'associaton. Je plongea presque dedans pour essayer de récupérer un minimum de châleur puis griffona rapdement l'adresse de la maison d'édition avant de la donner au chauffeur qui était déjà entrain de s'engager sur la route. 

L'histoire de "Nae"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant