Chapitre VII

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- Quand exactement ? intervient Estelle.

- A la rentrée si je ne m’abuse.

Que de suspense ! Mais pourquoi aussi tard ? Enfin pourquoi pas maintenant ?

Peut-être qu’il habite loin tout simplement.

« Il » ? Tu es sûre qu’il s’agit d’un garçon ?

J’espère en tout cas !

Alala, c’est bien Estelle tout craché ça ! Toujours à penser aux gars !

Vas te faire voir ! Ce n’est peut-être pas ton cas, mais respecte le mien.

Je tourne la tête vers elle, elle boude dans son coin. Je lui souris en tirant la langue mais elle tourne la tête. J’arrive quand même à apercevoir un semblant de sourire amusé au coin de ses lèvres.

Durant toute la conversation, je n’ai cessé d’observer le sac que portait monsieur Castel à notre retour au collège. Je l’interroge alors sur ce qu’il contient. Il me répond :

- Justement, j’allais y venir. Mais nous devrions aller dans un endroit plus discret. Je vous propose d’aller chez moi.

Hum… Ce n’est pas que je ne lui fais pas confiance, mais je préfèrerais éviter d’aller chez lui. me dit Estelle.

Je réagis rapidement pour ne pas éveiller les soupçons :

- Allons chez ma grand-mère, elle habite juste à côté.

Arrivés à l’appartement, le prof ne sait pas trop où se mettre, je lui montre la chaise pour lui faire comprendre qu’il peut simplement s’assoir. Estelle est déjà attablée et a retrouvé son diabolo qu’elle sirote à nouveau. Monsieur Castel prend la parole :

- Je vous prie de ne pas avoir peur lorsque je vais ouvrir cette boîte et de ne pas vous faire de fausses idées.

Est-ce qu’on doit s’attendre au pire ?

Je n’espère pas. me répond Estelle.

Notre professeur place le contenant de son sac, qui est une boîte à chaussures, au milieu de la table. Il soulève le couvercle et je me lève pour observer ce qu’il y a dedans. Estelle fait de même et m’enlève les mots de la bouche :

- C’est une plaisanterie ?! Qu’est-ce que c’est que ça ?! Qu’est-ce que vous voulez qu’on en fasse ?!

Le prof semble gêné. Il se tourne vers moi pour éviter le regard meurtrier d’Estelle, mais comprend à nos têtes que nous sommes en droit de nous poser des questions. Il se malaxe les mains de gêne et répond en regardant ailleurs :

- Voyez-vous… Vous devez vous les mettre… Je sais que nous ne nous connaissons pas encore très bien, mais vous devez me faire confiance. Le contenant de ces seringues vous aidera à développer de nouveaux dons… Mon collègue doit faire de même avec Jessica en ce moment même.

Elle est retournée au collège elle aussi ?

Je ne sais pas, elle m’a envoyé un texto hier soir mais je n’ai pas pensé à lui demander. Je vais le faire.

Je sors mon portable et envoie un sms à Jessica. En attendant sa réponse, je reste troublée de la nouvelle que nous venons d’apprendre. On doit se planter une seringue… Et puis quoi encore ?! Qui nous dit qu’il n’y a pas une quelconque drogue dedans ?! Je refuse catégoriquement de faire quoi que ce soit avant la réponse de Jessica. Après cela, on avisera.

Dix minutes se sont écoulées pendant lesquelles Estelle passait un savon à notre prof et ce dernier tentait de la calmer, mais enfin ! Le message tant attendu de Jess me parvient enfin :
« Excuse-moi d’avoir été aussi longue, je suis avec mon prof de physique. »
« Ton Mentor tu veux dire… Le nôtre nous a déjà expliqué ne t’en fait pas. »
« Vous aussi vous êtes avec lui ? Ils se sont donnés rendez-vous ou quoi ? »
« Il faut croire, mais ce n’est pas de ça que je veux te parler. Est-ce qu’il t’a déjà montré une boîte contenant... quelque chose d'assez peu commun ? »
« La seringue ? Oui… »

Le stress commence à m’envahir…
« Et alors ? Qu’est-ce qu’elle fait ? »
« Je n’ai pas eu le choix de la prendre, c’est mon prof qui me la plantée. Après ça je suis tombée dans les pommes et je viens de me réveiller. »

Non, non, non, non ! Je sens Estelle me regarder avec de gros yeux, elle a compris ce que cette seringue provoquait. Je ne veux pas la prendre ! Surtout pas au risque qu’il m’arrive quoi que ce soit pendant que je perds conscience ! Je demande alors à Jess :
« Il s’est passé quelque chose à ton réveil ou pendant que tu dormais ? »
« En me réveillant, j’étais allongée sur le canapé avec une migraine pas possible mais sinon aucun changement physique. »
« Merci Jess, je te souhaite un bon rétablissement alors. »

Cette phrase est stupide mais bon, on va dire que c’est une coutume. Quoi qu’il en soit, je ne conçois absolument pas ces seringues ! Et encore moins la méthode qu’a employée le collègue de monsieur Castel ! Je n’imagine même pas s’il avait essayé avec nous ! Je dis, un peu fort, au prof :

- Vous trouvez ça normal ?! Êtes-vous au courant de ce qu’a fait votre collègue sur Jess ?! Il lui a planté de force ! Sans lui donner le choix ni le temps !

Le prof me coupe alors :

- C’est ce que j’aurais dû faire, mais vous êtes deux alors j’ai pris le risque de vous montrer et de vous expliquer de quoi il en est.

- Et pourquoi ne pas nous avoir dit que nous tomberions dans les pommes si nous le prenions ?! questionne Estelle.

- Cela vous aurait encore plus freiné à le prendre.

Il se lève, prend une des pochettes contenant une seringue, l’ouvre et nous la montre tout en restant debout. Il explique pour la quatrième fois à quoi elle sert. Je regarde Estelle d’un air blasé. Elle regarde derrière moi avec de gros yeux en criant télépathiquement :

Attenti….

Les Quatre ÉlémentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant