Chapitre X

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J'entends la voix d'Estelle :

Maria ? Il y a quelqu'un pour toi.

La pression monte en moi, le bout de mes doigts tremblent. Mon coeur bat la chamade pendant que ma mère essaie de me rassurer mais je ne l'entends plus. Ma mâchoire est crispée et je regarde le sol. On m'a trop souvent mise à l'écart, caché des choses. Je ne peux plus retenir les émotions qui affluent en moi. Je me suis toujours dis que mes parents biologiques ne voulaient pas de moi. J'arrivais très bien à vivre sans eux puisqu'ils vivaient sans moi. Mais maintenant, un tas de questions me viennent. Pourquoi ne m'ont-ils pas gardé ? Pourquoi m'avoir privé d'eux et des connaissances qu'ils auraient pu me fournir ? Estelle intervient :

Arrête un peu de te plaindre, tu vas pouvoir profiter d'eux !

Estelle... lui dis-je de plus en plus énervée.

Mais tu pourras les avoir ces connaissances que tu convoitises tant !

Ne t'en mêle pas, je t'ai dis !

Je suis toujours debout, face à ma mère. Je serre les poings et m'enfonce les ongles dans la chaire de la paume de mes mains. Ma mère s'approche de moi et je redresse la tête pour la voir. Elle s'arrête. Son coeur s'accélère. Elle est effrayée. J'entends ses pensées :

Quel regard... Glacial. On dirait... Que la couleur de ses iris se confondent avec celle de ses pupilles.

Ça, ce n'était pas prévu au programme. Je détourné le regard pour m'orienter vers la vitre qui donne sur le balcon de l'appartement. En effet, le bleu azur de mes iris est confronté à une autre couleur qui remplace le noir de mes pupilles. Un bleu clair, froid. Presque translucide. J'en ai des frissons.

Je ferme les yeux et essaie de me calmer. Mon nez me pique. La pression commence à retomber faisant venir les larmes. Je sens l'une d'elle perler au coin de mon oeil. J'ouvre à nouveau les yeux. Les larmes coulent à flot. Les battements de mon coeur ralentissent. J'ose à nouveau regarder ma mère et lui dit :

- Excuse-moi, Maman. Je ne voulais pas te faire peur, mais ça fait beaucoup d'informations à digérer.

On frappe à la porte avant qu'elle n'ait pu répondre. Mon coeur s'emballe, celui de ma mère aussi.

Je n'ai pas pu les retenir plus longtemps, j'attendais surtout que tu te calmes.

Merci beaucoup, Estelle. Je t'en suis reconnaissante. Et excuse moi d'avoir réagis comme ça tout à l'heure.

Ma mère s'approche de la porte d'entrée. Elle l'ouvre et serre la main à un homme que je ne connais pas. Je l'observe de loin. Une femme le succède et ma mère tire une sorte de révérence à son égard. Elle leur fait signe d'entrer dans le salon. L'homme me regarde droit dans les yeux. Je fais de même avec un air de défiance. Je le passe au peigne fin. Il mesure environ un mètre quatre-vingt-dix, les cheveux courts noirs corbeau mais assez longs pour cacher ses oreilles. Il a les yeux verts feuilles, très pur. Une courte barbe parfaitement disciplinée souligne sa mâchoire et son menton. Aux trais de son visage, je dirais qu'il a environ 35ans.

Merci de me rajeunir.

Qu... Quoi ?! Il lit dans mes pensées ?! Mais... Ce n'est pas propre aux représentants des quatre éléments ?

Il faut croire que non. Tu sais, j'ai cette faculté depuis plus de 70 ans.

Je suis ébahie. D'une, il lit dans mes pensées et de deux... Il a plus de 70 ans ?!

86 ans exactement.

Ok ok, on se calme Maria. Pense à autre chose. Regarde la femme aux côtés de ta mère. Elle est si belle. Les cheveux très longs, blonds platine, les yeux bleus turquoise. Un bijoux de tête avec trois perles tombant entre deux sourcils parfaitement dessinés. Un mètre soixante-quinze de grâce et de beauté. Elle porte une robe de satin blanc à en juger la matière à vue d'oeil. Quelques bordures dorées parsèment la robe. Elle est resplendissante.

L'homme me regarde avec un sourire au coin des lèvres. Il a une veste de tailleur grise, un pantalon (repassé, vu les plis le long des jambes) assorti, une chemise blanche et une cravate grise aussi. Ils sont tous les deux très beaux.

La femme a arrêté de parler avec ma mère tandis que l'homme n'arrête pas de m'observer depuis tout à l'heure. La femme s'approche de moi et dit :

- Elwing... Enfin nous rencontrons-nous.

Je répond perplexe :

- Je crois que vous faites erreur, Madame. Je m'appelle Maria.

Elle me regarde tristement. L'homme prend alors la parole :

- Nous savons comment tu t'appelles, mais en elfique, nous avions convenu de t'appeler Elwing. Pluie d'Etoiles dans ta langue.

Je leur répond sèchement :

- Vous n'avez rien à convenir. Vous m'avez abandonné. Je ne vous connais même pas.

Je sens un pincement au coeur chez nos deux invités. Je ne regrette pas mes paroles, c'est simplement la vérité. Ils n'espéraient tout de même pas que j'allais leur sauter dans les bras alors que ça fait bientot 16ans qu'ils me mentent ! La femme se blottie dans les bras de son mari qui me regarde en serrant la mâchoire. Il dit alors :

- Eh bien nous allons faire les présentations si ce n'est que ça. Je m'appelle Fëanturi, maître des esprits. Et voici ta mère, Arwen, demoiselle royale. Nous ne sommes pas ici pour nous battre, nous sommes venus pour te donner des explications. Ta mère nous a dit que tu t'étais évanouie à deux reprises cet après-midi. Quelles en sont les raisons ?

Je ne peux pas parler. Je risque de dévoiler l'identité d'Estelle et ma mère est présente.

Pense-le simplement et je pourrais t'aider. me dit le "Maître des esprits".

Et que puis-je répondre à l'oral pour que ma mère ne se doute de rien ?

Arwen s'en occupe.

L'instant d'après, je vois... Mes deux mères partir sur le balcon pour discuter. Bien. Je vais devoir passer aux aveux alors.

- Mon mentor m'a piégé. Il m'a enfoncé une seringue dans le bras alors que j'avais le dos tourné et s'en est allé. D'après Estelle, je suis restée une heure inconsciente.

- Cela est dû au sérum qui se trouvait dans la seringue. Il faut que tu saches que tes anticorps sont très puissants en tant que fille d'elfe. Ils ont essayé de repousser au maximum le sérum et pour utiliser le maximum de leur capacité, tu devais être endormie. Heureusement, le sérum a tout de même pu se disperser dans ton corps.

- Comment ça heureusement ? je demande perplexe.

- Ce sérum est nécessaire à la formation de tes dons. Et c'est ta mère et moi-même qui l'avons confectionné.

Les Quatre ÉlémentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant