Chapitre VIII

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Noir complet. Est-ce que je suis réveillée ? J'ai mal à la tête... Que s'est-il passé ? J'essaie d'ouvrir les yeux mais tout est noir. Bouger mes bras ? Impossible aussi. Mon corps est comme greffé sur son support. Je ne sais même pas où je suis ni sur quoi. Est-ce le fruit de la seringue ? Est-ce que monsieur Castel aurait osé me la planter ? J'espère qu'Estelle lui a réglé son compte. Je crois que je ne suis pas réveillée, je n'entends rien, je ne vois rien, je ne sens rien et j'ai l'impression que mon corps flotte dans les airs. Mais pourquoi ai-je conscience de mon état ? Je sens la migraine dans ma tête mais je ne sens rien d'autre. Suis-je encore chez ma grand-mère ? Aïe ! Quelque chose m'a frappé au visage ! Un bourdonnement incessant résonne dans ma tête. Je distingue des syllabes... Mes sens reviennent !

Maria ! Maria ! Ne me laisse pas ! Maria ! Réveille-toi bon sang ! Ne me laisse pas avec lui ! C'est un psychopathe !

Je retrouve à nouveau la vue et l'ouïe. Mais le toucher et l'odorat restent inactifs. Je vois Estelle en train de me mettre des baffes pour me réveiller. Ma bouche est trop engourdie pour que je puisse la bouger. Je pense alors :

Calme-toi ! Je suis réveillée c'est bon. Je n'arrive juste plus à bouger pour le moment.

Elle arrête de me frapper et dit :

Purée mais tu m'as fait une de ces peurs ! J'ai crus que tu ne te réveillerais jamais !

Jess s'est bien réveillée alors pas de soucis. Qu'est-ce qu'il s'est passé alors ?

Ça fait une heure que tu es endormie ou plutôt dans le coma. Dès que j'ai vu monsieur Castel se lever pour te piquer, je me suis levée aussi et en voulant le frapper, j'ai trébuché comme une débutante sur le pied de la table. Il en a profité pour prendre la seconde seringue et me l'enfoncer dans le bras. Après, blackout total et je me suis réveillée il y a trente minutes, seule dans une chambre. Dès que j'ai retrouvé tous mes sens, je t'ai cherché. Tu étais et es toujours sur le canapé. J'ai cherché le prof pour lui mettre mon poing dans la gueule mais il a disparu.

Il nous a bien eues... Je ne sais pas ce qu'il va nous arriver. Tu imagines si on devenait des mutantes ?

Ça ne changera pas beaucoup de d'habitude quoi !

J'aime l'humour d'Estelle, il est tellement... délicat... Haha, c'est tout elle : franche, une répartie douteuse et des blagues...

Arrête de penser à moi, je vais avoir la courge.

Voilà quoi. J'essaie à nouveau de bouger mes membres. Mes bras répondent aux commandes ! Je me relève maladroitement car encore sous l'effet de la drogue. Enfin je présume que c'en est vu les effets... De la Morphine peut-être ? Bref. Je suis maintenant assise avec les jambes droites le long du sofa. J'arrive maintenant à bouger mes jambes, je les pose alors à terre. Je n'ai jamais autant galéré à me lever ! Si je retrouve ce prof, je le tue !

- Je ne comprends pas pourquoi tu mets autant de temps à te rétablir. Tu as mis une demi-heure de plus à te réveiller et ça fait un quart d'heure que tu es perdu dans tes sens.

Je ne sais pas non plus pourquoi et ma bouche ne veut toujours pas répondre à mon cerveau.

- J'espère que tu iras mieux rapidement... A quoi ça peut être dû ? Même Jessica n'a pas eu tant de mal à s'en remettre.

Je ne sais pas... Est-ce que tu penses que ça peut être ma seconde nature qui est, en partie, la cause de ce rétablissement prolongé ?

- Je n'y avais pas pensé mais peut-être que oui... Je ne sais pas du tout pourquoi ça ne fait ça qu'à toi sinon.

Pourquoi ça n'arrive qu'à moi ces choses-là ? Quoi qu'il en soit, j'arrive tout de même à me tenir debout... bon avec l'appui d'une chaise et d'Estelle mais mon corps me porte à peu près. Je n'ai toujours pas retrouvé la parole alors j'utilise la télépathie :

Tu as constaté des changements ?

- Non, aucuns changements physique. Enfin je n'ai pas pris le temps de me regardez en détail non plus.

Attends, regarde moi dans les yeux ?

Estelle se tourne vers moi puis me fixe dans les yeux. Des yeux qui sont en ce moment-même rouges sang. Elle doit en vouloir à monsieur Castel pour son geste déplacé. Mais... Étrange... Je ne perçois pas la pupille des yeux d'Estelle... Ce n'est même pas à cause du reflet dans les carreaux puisque les volets sont fermés. Je me rapproche jusqu'à presque toucher son front avec le mien. Je la regarde au plus profond d'elle-même. Elle fait de même, elle lit en moi. Je sens comme des pulsions étrangères à mon corps, les pulsions de mon amie. Elle est tendue et je peux voir la couleur de ses yeux changer constamment, comme si des rubans rouges foncés dansaient sur un fond rouge plus clair. Mais je peux constater un changement de nuance à l'emplacement de sa pupille. Ce n'est pas un rouge sang, mais un rouge flamboyant, telles les flammes de l'Enfer. Un feu crépite dans ses yeux. Je le regarde paisiblement. J'entends les battements du coeurs d'Estelle ralentir pour se synchroniser avec les miens. Elle s'est calmée. Ses yeux reprennent la couleur vert émeraude habituelle et le feu grésillant dans ses pupilles s'éteint pour laisser place à un noir profond. Estelle me dit alors :

- Merci. Je ne sais pas comment tu as fais mais merci.

Mais... Merci de quoi ?

- De m'avoir calmée. D'habitude, je dois me nourrir lorsque je suis dans cet état de crise.

Je t'en pris ce n'était rien. Par contre j'ai un de ces coups de fatigues...

Les Quatre ÉlémentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant