- 𝑇𝘩𝘦 𝑇𝘩𝘳𝘦𝘦 𝐻𝘦𝘢𝘳𝘵𝘴 -

♚ ℒℯ 𝒫𝓇𝒾𝓃𝒸ℯ 𝒜𝓁ℴ𝒾̈𝓈

Le palais de Stravinsky est un lieu de calme, d'ordinaire. Les gens flannent à l'extérieur, s'arrêtent à Clockhouse pour se prendre en photo devant la grande rue, puis passent leur temps au centre commercial, persuadés d'avoir pris la bonne décision en achetant ces produits dérivés du palais. Nation laissée à désirer, prise en exemple d'excellence alors qu'elle est uniquement composée de gens qui ont peur, et d'autres qui ont peur de ne pas questionner leurs foi. Catholiques décérébrés, jeunes gens embrigadés, rois et reines totalitarisés, oh oui, Stravinsky la grande, Stravinsky la belle, Stravinsky est merveilleuse, n'est-ce pas ? Dans les affres du palais pourtant, on trouve toute une batterie de gens. D'êtres humains qui n'ont presque rien en commun, depuis le présentateur jusqu'à la terrible gouvernante, passant par le roi et la reine, couple déchiré, désuni, mais accrochés au restant de leur amour par dessus tout. Parmi cette population, il y a les princes et la princesse, triplés sachant parfaitement qu'ils allaient régner... Mais ne sachant pas encore de quelle façon.

Ils étaient chacun Lion, nés à quelques curieuses minutes d'écart, mais chacun radicalement différents, comme si ils piochaient d'un signe différents. Aloïs l'arrogant, prince d'or et d'argent qui se foutait de tout le monde, imparfait qui n'en n'avait que faire de la question religieuse, estimant plus ou moins que son monde irait mieux sans la question religieuse, sans jamais vraiment se l'être formulé à lui-même. Ariel le sarcastique, prince d'eau et de calme, bien moins enflammé que son frère. Plus conventionnel lui aussi, n'ayant jamais questionné son système par un autre prisme. Évidemment. Parce que Aloïs était adepte de sorties clandestines, de défi et de danger quand Ariel préférait garder ses idées sous un masque mystérieux, si bien que personne ne savait comment il se positionner. Et la dernière.... Eh bien la dernière, Alhéna, était une princesse orgueilleuse et volatile, papillon qui receuillait les informations partout, trop heureuse de semer des graines de discorde dans un palais qui s'animait sous sa volonté chaotique. Vingt et un ans chacun, mais radicalement différents.

Parlons du premier, les autres viendront plus tard. Aloïs Yael Stravinsky, résidant d'une chambre aux tons de rouge dans l'aile est du grand palais. Prince charmant ? Prince tyran, plutôt, n'ayant jamais eu aucun intérêt pour les histoires d'amour à l'eau de rose. Appréciant les flatteries, mais ayant tendance à les faire couler avec une certaine indifférence plutôt qu'autre chose. Aloïs a un ego nourri, c'est un fait. L'ego d'un enfant traité en petit roi, enfant aux caprices toujours satisfaits, prince qui savait déjà beaucoup trop tôt qu'il était né pour régner. Que faire quand on savait que tout nous serait acquis à condition de respecter certaines règles ? On se vautre, on se complaît, ou bien on essaie de donner, ou même on accepte, ou fait comme si le monde était égal alors que des rébellions grondaient de partout. Aloïs était intelligent, certes, un jeune homme agité, mais conscient des problèmes de son pays.

'' Voyez vous, Lowes, vous avez beau être ma gouvernante, vous n'aurez jamais aucun autre pouvoir que celui d'élever des gamins. Je suis le prince de Stravinsky, et vous n'avez pas d'autres idées à avoir que celles que vous allez m'obeir. Arrêtez cinq secondes de réciter l'évangile et laissez les tranquilles, leur vie n'en sera que meilleure. ''

Lion protecteur, parce qu'il avait été le premier à défendre les siens du temps où l'insouciance de l'enfance possédait encore son cœur

Lion fier, parce qu'il ne cessait d'argumenter jusqu'à plus soif pour prouver une véritable supériorité de raisonnement.

Lion orgueilleux, détestant les outrages, légèrement susceptible, et haïssant encore plus l'idée même de perdre.

Compétiteur, entraîné à avoir un esprit affûté, le prince n'en est pas moins un jeune homme d'une vingtaine d'années, qui préfère sortir pour ses passions que réviser l'éthique. Escrimeur, excellent cavalier, le prince se querelle d'ailleurs régulièrement avec son frère, qui lui préfère largement lire en silence. Car évidemment, la cohabitation n'est pas toujours simple quand on est aussi différents. L'un taquine l'autre, narquois, le second reprend du tac au tac, et petit à petit, la troisième s'en mêle avec son sourire mutin, toujours prête à faire éclater des relations, se demandant sérieusement ce qu'elle foutait à faire ça.

C'était le quotidien des Stravinsky, à se mentir, se provoquer, mais paraître trois enfants aimants et sérieusement parés à être d'or et déjà baladés dans un monde de mystères et de coups bas bien plus sombres que celui de la seule sélection. Aloïs est quelqu'un de sensé, rationnel, mais terriblement tenté par un côté déraisonnable, le même côté qui le pousse souvent à pousser les portes du palais incognito, juste pour ne pas perdre la tête et se ramener à sa condition d'être normal.

'' Vous êtes exceptionnel, monsieur ''

'' Je vous adore, mon prince ''

'' Vous êtes magnifique, Aloïs ''

Généralement balayés d'un arrogant '' Je sais '', les phrases d'accroches sont des mots futiles entendus des dizaines de fois. Au fond, qu'est-ce qu'il cherche, le prince aîné ? Une aventure passionnelle, peut être ? Capable de choisir pour favorite une jeune femme complètement démunie juste pour se faire un plaisir presque sadique de voir la tête décomposée de son père, Aloïs est un jeune homme qui ne préfère pas se poser. Ni rebelle ni obéissant, simplement tête brûlée néanmoins assez intelligent pour comprendre que déclarer la guerre à sa famille est stupide.

Ni révolutionnaire, ni grand acteur de l'ordre, le blond est encore bien un jeune homme nonchalant, qui derrière une façade certainement bien compliquée à l'approche, révèle une personne consciente des difficultés de son pays... Simplement tiraillé entre lui et ce qu'on lui a toujours appris. Jeune homme pas vraiment secret, direct, ironique et terriblement honnête, quitte à blesser. Questionné, mais enfermé dans une façon de penser, refusant toute forme de pitié. Aloïs Stravinsky est un personnage aux niveaux de lecture différents, un jeune homme qu'on rencontre têtu et défiant, auquel on préféra généralement son jumeau, avant de se rendre compte que l'un comme l'autre jouaient dans la parade de leur éducation... Avec deux manières bien différentes.