Through the Dark

Chapitre 5

Sad Song - We the King

« Maquille tes larmes d'un sourire. »

Quand je posais mon pied sur la terre ferme, hors de la voiture, mon cœur et ma tête se trouvaient encore sur la route. Mes yeux pétillaient encore d'euphorie. Mes cheveux s'étaient emmêlés pendant l'escapade et retombaient en boucles soyeuses sur mes épaules. J'attrapai mon sac d'une main et sortis. Le vent m'était à présent insuffisant, comparé à celui qui fouettait le visage quand le blond et moi battions le sentier. Je lâchai un petit soupir triste. En claquant la portière, je savais que je ne vivrais plus ces sensations qui me faisaient perdre le contrôle. C'était l'un des plus beaux moments que j'avais vécu depuis deux ans, voire même le meilleur. Je camouflai un sanglot désespéré qui vibra dans ma gorge en une quinte de toux. Je fermai les paupières quelques secondes pour m'empêcher de laisser couler une larme. Je reniflai le plus discrètement possible puis affichai un sourire enjoué sur mes lèvres pour me retourner. Je me penchai par la fenêtre et adressai à Niall un au revoir digne de ce qu'il m'avait fait vivre. Il me répondit de la même façon, bien qu'il avait l'air plus que surpris de ma façon de faire.

-Je reviens te prendre à quelle heure ?, demanda t-il.

Sa question me prit de court. Je n'avais même pas songé une seule seconde que je reviendrais chez les garçons. Bien que cette idée ne me répugne pas le moins du monde (elle me ferait même baver d'envie), je ne devais absolument pas faillir. Je ne devais pas rester trop avec eux, c'était pour leur bien. Je savais que nous devrions forcément nous séparer un jour et ne pas être attaché à d'autres personnes m'aiderait à rendre cette tâche plus facile. Cependant, je savais pertinemment que Niall ne me laisserait pas partir sans être certain que je reviendrais. Je n'avais pas passé beaucoup de temps avec lui, mais j'avais cerné quelques traits du personnage. Je réfléchis à toute allure. Mon cerveau bouillît pour trouver une esquive. « Trouve, trouve, trouve ! », m'encourageai-je.

-Heu ... J'enverrais, euh ... J'enverrais un message à Zayn.

Les sourcils du blond se haussèrent sur son front, strié de rides d'incompréhension. Il était un peu perplexe. En même temps, venais-je pas de lui dire que j'avais le numéro de Zayn alors que j'étais plus froide que la glace en pleine hiver avec tous les garçons ?

-Tu as son numéro ?, douta t-il.

Je hochai la tête, de peur de me trahir. Je savais que j'avais de fortes chances d'avoir ma voix qui s'envolait dans les aigus ou qui se brisait tout bonnement. Je devrais sérieusement envisager d'arrêter de mentir. Pour éviter de m'enfoncer encore plus profondément, je tournai les talons et me dirigeai vers le bar. J'adressai un petit signe timide de la main à Niall comme adieu. Mon cœur se serra dans ma poitrine. Je ne le connaissais pas mais il m'avait fait ressentir un peu de liberté dans la voiture, une sensation que je n'avais pas rencontrée depuis trop longtemps. Ne jamais le revoir me procurait cette impression de perdre quelqu'un d'incroyable. Je ravalai un sanglot qui me déchira la gorge puis entrai, en me mordant la lèvre inférieure pour ne pas pleurer sur place. Quand j'entrai, j'enfilai rapidement l'uniforme du bar, que je détestais plus que tout. Ma tenue était bien trop courte à mon goût et j'étais certaine que le patron ne l'avait pas choisie que pour inciter la gente masculine à consommer. Je soupirai en allant me changer derrière le rideau. Il n'y avait pas de cabine dans les vestiaires et je ne voulais pas être surprise à me changer entièrement par un inconnu. Je rassemblai mes cheveux dans un élastique en une queue haute. Je ne souhaitai pas le moins du monde être sexy aujourd'hui. J'ouvris la porte et me dirigeai vers le cahier de présence des employés pour y noter mon nom. Le vacarme habituel de la salle commune m'enveloppa lorsque j'entrai. Des éclats de voix me parvinrent du comptoir. Je me retournai vivement, prête à éviter à tous prix une bagarre dans le pub. Je fus bien plus que surprise lorsque je me rendis compte qu'une des voix appartenait à Alex. Je l'observai discrètement. Son uniforme lui allait parfaitement bien. Sa chemise claire s'accordait à son teint et saillait ses muscles. Il fallait dire qu'il avait passé des heures à la salle de sport les années précédent notre rencontre et j'en constatai les résultats. Je me pris à le contempler avec un peu trop d'attention. Je détournai immédiatement les yeux vers son interlocuteur. Je me sentis légèrement soulagée quand je reconnus un habitué du bar. Je décidai de laisser ma curiosité prendre le dessus sur ma conscience et me mis à écouter la conversation avec attention.