C'est l'heure d'aller dormir

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J'ai mal. J'ai mal. Mes poumons brûlent. J'ai du mal à ouvrir les yeux, mon corps a du mal à tenir, j'ai l'impression de m'écraser par terre sans cesse tout en continuant à tomber. Des gens me parlent. Je le sais. Je les entends. Leur voix sont lourdes et tremblantes. Ils pleurent ? Pourquoi ?
     —Margot ? Margot ?? Tu m'entends ?
Oui je l'entends. C'est mon père. Mais je ne veux pas répondre.
     —Réponds s'il te plaît !!
Il se mit à pleurer si fort que je l'entendrais même morte.
      —Je vais bien.
      —Ho mon dieu Margot tu nous a fais si peur !! Je suis si heureux de t'entendre !!Pourquoi il pleure ? Je suis réveillée..
       —On parlera plus tard de toute cette histoire.. tu te sens bien ?
      — Ça brûle
     — Je me doute... Il t'ont entubé il y a trois jours.. ça doit pas faire du bien..
Il ne manquait plus que ça.. je suis entubée. Et depuis trois jours ?? Mais depuis quand suis-je là ??
Mon père a lu dans mes pensées et rajouta :
     — ça fait quatre jours que tu es dans le coma, on a eu si peur...
    — On va la laisser se reposer. Suivez-moi. Dis une voix douce, toute nouvelle.
Une infirmière ?
Mon père me fit un bisous sur le front et partit.
« dors bien » qu'il dit...Oui j'aimerais...
Avoir vu mon père pleurer au dessus de mon lit d'hôpital, tout seul, comme si personne n'aurait pleurer ma mort à part lui m'a filé un frisson. Ça m'a rappelé à quel point ma famille est détruite. Ma mère et mon frère sont morts dans un accident quand j'avais 10 ans. Je n'ai jamais aimé ma mère. Elle était violente et ne m'aimais pas. Mais je regrette de ne pas avoir de mère. Mon père non plus, n'a jamais été là. Il vient tous les étés pour me donner de l'argent pour essayer de se conserver dans mon esprit et racheter nos moments perdus. Et maintenant il vient me voir à l'hôpital ? J'aurais tout vu. Enfin bref. La douleur ne passe pas, c'est peut être une punition. Mais pourquoi on essaye de protéger les autres de la mort alors que c'est la seule chose au monde que personne ne peut éviter ? Et même si on continue de la retarder on ne pourra pas échapper à une mort certaine...
Quelqu'un frappe à la porte. Je ne sais pas depuis combien de temps, je ne le remarque que maintenant.
     —Entrez !
J'ai crié avec tout l'air que ces tuyaux m'apportaient, supportant difficilement la sensation que ça m'infligeait.
Un homme rentra. Il était grand, avec des cheveux noirs tombant presque devant ces yeux, habillé d'un jean noir et d'un tee shirt avec marqué en plutôt petit « pourquoi tu regardes mes fringues ? » et j'en eu un esclaffement de surprise malgré l'aura sombre qu'il dégageait.
    —Bonjour... (il hésitait) Margot c'est ça ?
J'acquiesça.
    —Je t'es vu sauter, ce pont est assez connu, fallait t'en douter.
C'était méchant ça, non ?
Je ne répondis pas. Il me regarda et partit.
C'est tout ?! C'est quoi ça ?? C'était qui ??
L'infirmière arrive à ce moment là, tous deux se croisent, elle lui fit un grand sourire, mais il n'a pas semblé y être sensible et continua son chemin. Elle entra et dit :
  —Aller c'est l'heure d'aller dormir.
Après quelques heures à y penser, la fatigue m'envahit, et je m'endors, une nouvelle fois.

 Je veux y croire Où les histoires vivent. Découvrez maintenant