Le jour continue de se lever.

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      Cela fait maintenant deux semaines que je vis dans cet enfer entre murs et blouses blanches. Visage sombre (c'est comme ça que j'appelle l'homme qui m'a rendue visite) vient s'assurer de mon état tous les lundis. Il attend toujours que je sois réveillée, mais pourtant, ne veut pas me parler ou me parle froidement. C'est pourquoi son nom n'est que devinette. C'est assez marrant, je me sens détestée mais importante à la fois. Comme attendue mais pourtant négligée. J'aime les gens compliqués comme lui. Ils me font réfléchir sur ce qu'ils m'apportent et non sur ce qu'ils attendent de moi. J'ai beau demander aux infirmières des informations sur lui, elles n'en savent pas plus.
       J'ai l'impression d'être souvent fatiguée, je connais par coeur l'odeur des murs qui m'entourent, j'ai également fait le tour de tous les menus qu'ils proposaient, jusqu'à connaître leur saveurs, plutôt limitées, sur le bout des doigts. Cet endroit est pourris. Je ne comprendrais jamais pourquoi moi, qui est perdu le goût à la vie, nous me mettons dans un lieu fermé avec de la nourriture qui, elle-même, n'a plus de saveur. J'attends simplement que le jour se lève, puis qu'il se couche. Ils ont dit des milliers de fois que j'allais sortir dans quelques jours.
      Et voilà que je me réveille avec un grand sourire, ça m'arrive, parfois. Le lever du soleil était beau. Je me lève tous les matins très tôt, juste pour le regarder. Il semble different chaque jour, et il me donne de l'espoir.
Comme chaque matin depuis une semaine, je commence ma journée en lisant un livre; personne n'est levé à cette heure là, le silence prône et l'apaisement me gagne. Mais ce matin, je fus rapidement sortie de ma rêverie par un vacarme dans le couloir. La situation est vite maîtrisée, mais continue de m'intriguer. L'infirmière à dû voir de la lumière du dessous de ma porte et elle toqua.
         —Margot ! Tu es réveillée ?
C'est exactement la même question tous les matins, elle pourrait faire un effort quand même...
          — Oui, je suis là !
Elle ouvre la porte et son regard joyeux se plongea dans le mien, me filant son sourire communicatif.
           — J'a une grande nouvelle. Tu sors la semaine prochaine !
J'y crois plus.
           — Voici ton autorisation de sortie ! Comme à chaque fois, on dirait qu'elle lit dans mes pensées. Mais cette information semblait plus véritable que les simples paroles tenues jusque là. 
Et elle partit, sans reprendre le sourire qu'elle m'a donné.

 Je veux y croire Où les histoires vivent. Découvrez maintenant