Je n'attendrai pas Noël.

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       « Coucou c'est moi, Margot. » commençais-je à écrire sur ce petit bout de papier, si insignifiant que seuls des mots pourraient en changer son importance. Dans ce monde devenu si sombre, j'ai pris la décision que je ne voulais pas continuer. Est-ce égoïste ? Si oui, tant mieux. On m'a toujours reprochée d'être trop altruiste.
J'ai choisi un soir d'été,  juste pour supprimer les clichés du soir de décembre où les jeunes dépressifs, à cause d'un amour perdu, s'enlèvent la vie dans un courant d'air froid, seuls avant la fête, devenue si déprimante, qu'est Noël. Ne laissant pas un seul espoir à la nouvelle année qui approche. Parce qu'après tout, rien ne change. Pourquoi prendre de bonnes résolutions , si c'est pour faire l'inverse, comme à chaque fois ? Prendre des résolutions c'est y croire encore; voir sur une année, c'est voir sur le long terme quand tout devient inintéressant.
       « je n'y crois plus. Je n'ai plus envie de faire parti de ce monde dans lequel les plus chanceux, accéderont à une vie classique, tandis que les moins chanceux, passeront leur vie à survivre. »
J'ai beaucoup réfléchis à comment j'allais faire ça ? Me jeter sous un train ? Pas envie de faire rater un rendez-vous aux personnes à l'intérieur. Peut être avaler des médicaments ? Mais ce n'est pas assez sûr. Je veux être sûre de ce qui arrive.
       « Je vous en prie, pardonnez moi, j'ai essayé pourtant je vous promet.. »
J'ai décidé que la noyade était une bonne solution. Alors je me suis rendue dans la rivière de mon enfance, là où un magnifique pont, pas très haut mais impressionnant, prenait toute la vue. J'aimais y jouer petite, je courais dessus en regardant le courant se déchaîner sur les rochers d'en dessous. Ironie du sort, j'avais très peur d'en tomber. Car il n'y a pas de barrière, simplement un petit muret d'à peine quelques dizaines de centimètres. J'ai commencé a avancer en direction de ma liberté, enfin. Prête à renoncer à tout ce combat. Il ne restait que quelques pas avant d'être au bord. Cinq pas. L'air frais chatouille doucement ma peau assez peu couverte. Quatre pas. Je suis détendue et j'ai l'impression d'être heureuse, pour la première fois depuis que mon frère est parti. Trois pas. J'étais jeune, et je l'aimais plus que personne. Il m'avait promis de rester là avec moi. Deux pas. Peu importe si il y a une vie après la mort, je ne veux pas retourner au près de lui, je ne veux simplement plus être loin de lui. Un pas. J'ai l'impression que ses bras m'étouffent de ces câlins chaleureux qu'il m'offrait chaque jour pour me rappeler qu'il sera toujours là. Vais-je regretter ? Peut être. Et c'est sûrement pour ça que je n'espère aucune vie après la mort. Que ma conscience parte avec mon coeur. Je saute. L'air frais me chatouille à nouveau, à peine une seconde, et l'eau froide le remplace, prenant tout mon être, l'enveloppant comme une étreinte, mais l'eau était froide. Très froide. Elle me glaça le sang, dans tous les sens du terme. Mes poumons s'ouvrent, pour prendre une dernière respiration. L'eau semble encore plus froide maintenant. Et rafraîchissant mon coeur, elle me laissa tomber au fond d'elle même. Quelques mètres plus bas. Je n'ai même pas eu le temps de sentir le fond. Pas grave, je l'avait déjà assez touché. Le noir devient néant. Je perds connaissance.

 Je veux y croire Où les histoires vivent. Découvrez maintenant