Mh... ouais ?

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Lorsque j'ouvre les yeux, j'étais persuadée d'être de nouveau à l'hôpital. En même temps, un malaise c'est là où ça nous renvoie n'est-ce pas ? J'ouvre doucement les yeux, non, on n'est toujours dans le café. Les discussions des personnes autour de nous ainsi que les bruits de pas me parviennent à nouveau. Mais je ne sens pas le sol. J'ai du mal à distinguer les choses autour de moi, je vois encore flou.
« Oh, oh ! Aller réveille-toi !»
Je me tourne vers lui et réalise que si je ne sens pas le sol, c'est parce qu'il est à genou, ses cuisses en dessous de ma tête, me servant d'oreiller. Lorsque j'ai compris ça, j'aurais bien aimé me relever et partir en courant. C'est trop gênant. Je me redresse doucement, jusqu'à me mettre sur mes deux jambes. Je vacille et manque de me ramasser par terre quelque fois.
« Désolé, je suis assez sensible et je fais souvent souvent des malaises...
- T'inquiète, je suis juste content que t'aille bien »
Il sourit et me conduit à nouveau vers ma chaise.
Ce qui a provoqué cette chute me frappa à nouveau en a peine une demi-seconde: mon frère lui a donné son cœur. Et j'ai senti son cœur battre. La dernière fois que je l'ai sentit fut sûrement le jour où il s'est endormi sur moi alors que je jouais aux jeux-vidéos. A vrai dire ça remonte à quelques mois avant sa mort, ça fait un bon moment maintenant.
Il me fixe.
« Je suis content de t'avoir parlé. J'espère que ça ne t'as pas trop heurtée...»
Ça a eu l'effet d'un ouragan.
J'hoche la tête et bois une gorgée du café plutôt tiède qu'il reste sur la table.
« J'aimerais te proposer quelque chose »
Je relève la tête, perplexe.
C'est presque marrant à dire mais je m'accroche à la table, j'ai pas envie de tomber une deuxième fois...
« J'ai l'impression qu'on se ressemble beaucoup: nous sommes deux adultes perdus qui ont du mal à savoir qu'est-ce qu'ils foutent ici. »
Il a pas tort. Je le laisse poursuivre.
« ... Alors, j'aimerais qu'on fasse quelque chose. De toute façon je crois qu'on a tous les deux plus rien à perdre. »
Cette formulation ne peut être QUE flippante. Mais en vrai, j'essaie juste de me cacher le fait que j'ai l'impression de parler avec un miroir.
« Viens faire le tour du monde avec moi. »
Il bluffe. Et je le regarde perplexe.
« Je sais c'est ambitieux. Alors commençons par le tour de la rue, puis de la ville, n'importe. Je veux juste arrêter de regarder le temps s'écouler comme si je contemplait ma vie au travers d'un sablier. Je suis sûr que t'es comme moi.»
Je faillis m'étouffer avec mon café. Toutes les cellules de mon corps ont envie de partir en courant ou de lui sauter au bras. Peut importe: mais de réagir. Mais je me contente juste de lui dire d'un air impassible:
« Mh...ouais. »
En ravalant une autre gorgée, le café semble brûlant maintenant.
Il sourit, me fait comprendre que l'addition est payée et on quitte le café.

 Je veux y croire Où les histoires vivent. Découvrez maintenant