Lève toi, on y va.

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Visage sombre me regarde. Pour la première fois je peux en être sûre; je n'avais jamais réellement vu ses yeux auparavant, je voyais seulement leur mouvement. Aujourd'hui, de beaux yeux bleus captent mon regard. Ils ont une couleur d'aquarelle, une semblable à celle de l'eau de rivière: claire, douce et pure. Je connais bien cette couleur, mon frère avait les mêmes. À chaque fois que je le regardais, j'y prêtais attention, même en les ayant vus depuis ma naissance. Il y a des choses si belles dans ce monde, qu'on ne pourra jamais s'y habituer. C'est ce que j'essaye de retrouver depuis trois semaines, par-delà de ma fenêtre d'hôpital. D'un coup, je sors de ma rêverie et sens quelque chose sur mes joues. De l'eau ? Des larmes ? Je pleure ? J'essuie rapidement ma mélancolie avec le tissu fin et désagréable qui me servait de blouse, et je me rends compte que ces yeux pastels ne sont plus là, qu'il n'est plus devant moi, mais à côté de moi, assis sur le fauteuil à ma gauche, prévu pour les visiteurs. Je le regarde d'un air interloqué.
         —Bonjour Margot. Je crois qu'il est temps que je me présente. Je suis Drew.
Après trois semaines il sort ça comme ça ?? Je comprends plus rien...j'aimais bien visage sombre moi...
         — Wow, bah c'est pas trop tôt ! Tu es enfin apte à m'expliquer pourquoi tu viens me voir tous les lundis à précisément huit heures depuis trois semaines alors ?
         — J'ai beaucoup plus de choses à te dire que de juste dire pourquoi je suis là. Tiens, mon numéro. On se reverra dehors.
Il me tendis un papier.
           —Appelle moi quand tu seras prête à m'entendre.
Waw le début du mauvais film romantique quoi !
Ma pensée me fit rire, mais un frisson me parcouru au même moment.
Est-ce vraiment bien que quelqu'un qui me fait autant penser à mon frère reste à mes côtés ?
Il partit, en souriant à l'infirmière. Même elle, en fut surprise et on pouffa toute les deux. Elle partit juste après avoir vérifié que je n'avais rien oublié pour le départ.
Fatiguée de la courte nuit que j'ai passé, je ferme les yeux, juste pour me reposer quelques minutes.
        
       — Lève-toi ! On y va !
Même si il est étrange, j'espérais que ce soit Drew. J''entrouvre mes yeux: c'était mon père. Raté.
       — Aller c'est midi ! Tu peux enfin sortir !
Déjà ? J'ai dormis aussi longtemps ?
J'acquiesce puis me lève et me drogue vers la porte en titubant. Je n'avais pas marché depuis trop longtemps.
          Après quelques minutes de voiture, on arrive chez moi et il me dépose.
         — Aller bisous ma chérie ! Si tu as un problème tu m'appelles d'accords ? Pas de bêtise hein !
Et il s'en va.
Je crois qu'il s'en fout pas mal de mon état.
Je monte les escaliers de mon petit immeuble, et croise ma voisine d'en-dessous, avec son chien. Elle me fit un grand sourire. Rien ne m'a jamais autant réconfortée.
Mon premier réflexe en rentrant est de me faire à manger. J'ai faim. La vrai nourriture me manque. Enfin par vrai nourriture... j'entends des nouilles. J'adore ça.
Je déguste chaque bouchée comme si c'était mon dernier repas en tant que condamnée à mort. Je vais manger des pâtes jusqu'à la fin de ma vie, c'est décidé !
Un sentiment de paix m'enveloppe. Une paix pure et saine, pas comme celle sur le pont. Le sourire aux lèvres, je prends mon téléphone et compose le numéro.

 Je veux y croire Où les histoires vivent. Découvrez maintenant