Miss Jane m'avait accordé une pause de deux jours, prétextant ne pas vouloir voir mon visage meurtri. C'était, à mon avis, sa manière de me donner le temps de me remettre.
Au soir du premier jour de repos, après le repas des maîtres, tandis qu'Hannibal et Marie veillaient sur moi, Henri fit irruption dans ma chambre.
"Petite Nala," me dit-il d'un air sombre, la tête baissée, "le maître John Junior souhaite te voir immédiatement."
"Quoi!" rugit Hannibal. "Elle ne peut pas se déplacer. Ne vois-tu pas dans quel état il l'a laissée? Dis-lui non."
"Je lui ai dit cela, Hannibal, et en réponse, j'ai reçu un coup de pied," répondit Henri.
Hannibal se leva, fit des allers-retours, s'arrêta brusquement et déclara, "Je vais voir le Grand Maître Becker et lui dire..."
Je le coupai dans son élan en tentant de me lever difficilement. Il accourut vers moi et me saisit par les hanches pour me soutenir.
"Tu ne feras rien, Hannibal," dis-je dans un souffle. "Henri, aide-moi s'il te plaît à m'y rendre."
Henri hocha la tête, s'approcha de Hannibal et posa une main apaisante sur son épaule. "Hannibal, il faut que Rose s'y rende. Nous ne pouvons pas aggraver sa situation. Sois patient."
Hannibal lança un regard furieux en direction de la porte, mais finit par acquiescer. "D'accord, mais si quelque chose lui arrive, je jure..."
"Nous ferons tout notre possible pour la protéger," assura Henri.
En traversant les couloirs imposants de la résidence Becker, nous croisâmes Mr James qui me regarda d'un air penaud. Passant devant lui la tête haute, je demandai à Henri de me laisser et entrai dans la chambre.
La pièce était vaste et opulente, le maître assis dans un fauteuil, un verre de liqueur à la main. Tremblante de peur, fiévreuse et meurtrie, je restai debout au milieu de la pièce.
"Maître," balbutiai-je, "vous m'avez demandé."
Il se leva, s'approcha lentement de moi, prit mon visage entre ses doigts et l'examina. Si je ne connaissais pas son absence totale de compassion, j'aurais pu penser qu'il regrettait quelque chose. Mais bon, c'était John, il ne faut pas rêver. Il arracha le foulard qui retenait mes cheveux, caressa la partie de mon visage qui était intacte, me prit dans ses bras et me déposa délicatement sur son lit. Le poids de l'atmosphère semblait s'alourdir, comme si chaque geste était lourd de significations inexprimées. La tension dans la pièce était palpable, faisant de chaque instant une épreuve à endurer.
"Oh non, je paniquais vraiment et me mis à pleurer, me répétant qu'il allait me faire du mal."
"S'il vous plaît, maître, je vous en supplie, ne me faites pas de mal, pitié," implorai-je, ma voix tremblante résonnant dans la pièce étouffante.
Il posa un doigt sur mes lèvres. "Chut, Nala, je ne te ferai aucun mal. Calme-toi." Le contact de son doigt accentua la froideur de sa présence, un frisson parcourant ma colonne vertébrale à chaque contact. Ses yeux, perçants comme des lames, semblaient fouiller mon âme. Il appliqua la crème sur toutes les plaies ouvertes et sur mon visage avec une précision délibérée, chaque toucher accentuant l'angoisse qui m'envahissait. La texture fraîche de la crème sur ma peau me rappelait cruellement la brutalité de ma réalité.
Ensuite, il alla chercher une huile chaude aux senteurs enivrantes, faisant naître en moi une appréhension croissante. L'arôme sucré envahit la pièce, mais il ne fit que renforcer l'oppression qui pesait sur mes épaules. La lueur vacillante des chandelles créait des ombres dansantes, amplifiant le mystère de cette situation cauchemardesque. Il remonta ma robe, et je me raidis immédiatement de peur, ressentant le poids de son regard intense comme une emprise insoutenable. Chaque mouvement de ses mains était une intrusion dans mon intimité, ajoutant un poids indescriptible à la situation.
Il murmura, "Détends-toi, c'est une huile relaxante. Tu auras moins mal." Les paroles semblaient paradoxales dans ce contexte, et chaque promesse de soulagement était empreinte de menace. Sans dévoiler mes parties intimes, il me massa les pieds, les cuisses, le ventre, les bras. Chaque contact était un rappel constant de ma vulnérabilité, comme si chaque caresse était une empreinte indélébile de ma servitude. La douceur de ses gestes contrastait cruellement avec la brutalité de son pouvoir.
Quand il se mit à masser le cuir chevelu avec son huile, je me détendis un peu, mais la méfiance persistait. Ses bras forts entouraient ma tête, et il sentait si bon, une ironie cruelle dans un moment aussi troublant. Je réalisai que je soupirais de bien-être lorsque le massage cessa, et ses yeux reflétaient du désir. La tension atteignit un sommet, et je me ressaisis rapidement, ne devant pas oublier que ces mêmes mains pouvaient donner la mort. Il lut la peur dans mes yeux, se détacha de moi comme s'il se réveillait d'un rêve, et m'ordonna de partir. Ne me le disant pas deux fois, je me levai avec difficulté, réattachai mon foulard, et alors que je m'apprêtais à sortir, il dit sèchement :
"Rose, je te préviens. Tu es mon esclave, et tant que je n'aurai pas décidé avec qui tu dois te reproduire pour me donner des petits, tu ne coucheras avec personne. Tu es ma jument. Je sais que vous, les négresses, vous vous reproduisez très jeunes, donc ce que tu faisais quand je n'étais pas là est terminé. Si je te surprends encore avec Hannibal ou un autre esclave dans cette propriété, ce n'est pas ma pitié que tu imploreras, mais plutôt que je te tue. J'ai été clair?"
"Oui, maître," répondis-je, ma voix à peine audible, empreinte d'une peur indicible.
Plus tard dans la soirée, je racontai à maman ce que le maître avait fait. Elle me regarda avec tristesse.
"Ma petite, j'ai essayé de te protéger du Grand Maître et de tous les autres Blancs de la plantation, mais comme nous toutes, toi aussi, tu devras passer par là. Sois forte, mon enfant." Allongée dans mon lit, je repensai à cette folle soirée quand un souvenir me revint. Le maître John m'avait appelée Nala. La tension qui pesait sur mes épaules ne montrait aucun signe de relâchement, laissant présager des épreuves encore plus sombres à venir.
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POUR L'AMOUR D'UNE ESCLAVE.
RomanceArrachée à sa terre natale de force et vendue en raison de la méchanceté de sa belle-mère, Nala est parquée comme du bétail sur un bateau. À seulement 5 ans, elle foule pour la première fois le sol des États-Unis, destinée à être la compagne d'une p...