Traque clandestine

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« Le premier pas pour avoir ce que vous voulez, c'est d'avoir le courage de quitter ce que vous ne voulez plus ».

Mes sens aux aguets, j'enfile une veste et une paire de converses à la volée. Les yeux rivés vers ma fenêtre dévoilant la ruelle peu éclairée. J'attends patiemment que mon plan puisse se mettre à exécution. Dès l'instant où, sa silhouette dépasse le pallier mes mains deviennent moites et ma respiration saccadée. Un délicat mélange d'angoisse et d'excitation naît à l'intérieur de mon corps. De nouvelles sensations jusqu'alors inconnues s'imprègnent de mon corps et de mon esprit.

Sans attendre une seconde de plus, je descends les escaliers dans le silence le plus total. Mes yeux se créent un chemin à travers l'obscurité. Tandis que mes mains me dirigent en frôlant les murs et les meubles.

Arrivée devant la porte d'entrée, je profite de ces derniers instants de pleine sécurité pour fermer mes yeux une demi-seconde et inspirer profondément avant que la traque commence. D'une main tremblante je tourne la poignée et m'engouffre dans la nuit noire. Derreck est loin devant moi, mais, suffisamment près pour que je puisse le suivre à la trace.

Si, par malheur Derreck m'entend je passerai un très mauvais quart d'heure. Du moins s'il me laisse la vie sauve. L'air frais de la nuit fouette mon visage avec hargne. Et j'en viens à me demander pour la millième fois si, je ne ferai pas mieux de rentrer avant que ma filature tourne mal.

D'ailleurs pourquoi je le suis exactement ? Espèce d'idiote, fait demi-tour peste ma conscience.

Je suis Derreck doucement, sur la pointe des pieds à travers les ruelles vides de Princeton. Nous sortons rapidement du quartier résidentiel de ma maison. Il semble connaitre parfaitement son chemin pour un étranger. Il prend le chemin du centre-ville qu'il quitte immédiatement en se faufilant à travers une ruelle. J'attends patiemment qu'il sorte de la ruelle cachée entre un mur et une poubelle. Je peux sentir mon cœur battre à l'intérieur de chacune de mes veines, rythmée par l'angoisse. Derreck marche une bonne vingtaine de mètres devant moi, jusqu'à l'extérieur de la ville.

...

Soudain, ce que je craignais arrive, perdue dans mes pensées je n'ai pas vu la branche sur le chemin. Derreck se retourne brusquement alerté de ma présence par le crissement d'une feuille fraichement écrasé par mon pied. Sans prendre le temps de réfléchir, je me jette au sol et colle mon dos derrière une roue de voiture. Honteusement, je baisse lentement mon regard sur mon pied. Je me mords la lèvre pour ne pas faire le moindre bruit tandis que je prie pour qu'il ne s'approche pas de moi. Pour qu'il trace simplement sa route. Tétanisée, je peine à calmer ma respiration. Quelle excuse je pourrai lui sortir pour expliquer ma présence ? Mon corps semble avoir perdu ses facultés et ne bouge plus d'un millimètre, je suis comme paralysée. Il finit par tourner les talons et reprendre son chemin. Soulagée, je passe une main dans mes cheveux et me relève rapidement pour ne pas perdre sa trace.

Il s'aventure au-delà des frontières de la ville, jusqu'à l'épaisse forêt qui l'entoure. Son périple se termine non loin d'une ancienne usine manufacturière à l'abandon. Je ne l'ai jamais connue tourner. Il me semble qu'elle a fait faillite une dizaine d'années avant ma naissance dans les années quatre-vingt-dix. Recouverte de lierre et de rouille, elle est aussi attirante qu'effrayante. Je peine à distinguer à travers l'obscurité l'usine. Soudain, je suis éclairée, presque aveuglée par un faisceau lumineux.

Deux hommes habillés en noir sortent de nulle part, je me rapetisse le plus possible derrière mon buisson. Je fronce mes sourcils, ce lieu n'est pas tant à l'abandon qu'il le laisse croire. J'aperçois des lumières provenant de l'intérieur. Derreck reste debout devant l'usine et attend patiemment que les hommes arrivent à sa hauteur. Cachée derrière mon buisson, je suis toute la scène sous mes yeux attentifs. L'un des hommes au physique de voyou fouille Derreck de ses larges mains. Ce dernier ne semble pas surpris de ces manières et suit l'homme sans protestation.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 13, 2020 ⏰

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