4. J'embête Prolff

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La file d’attente n’en finissait plus. Prollf soupira ostensiblement en croisant les bras.

— Ne commence pas ! m’écriai-je. C’est ta faute si on est ici.

Je m’adossai contre une des barrières de la file.

— Si tu n’avais pas agressé Mickey...

— Ça va, me coupa le jeune homme. J’ai un peu surréagi, c’est tout !

Je levai les yeux au ciel.

— Surréagi ? Il voulait juste te faire un câlin, il aime tout le monde ! Et toi, tu l’as jeté par terre ! Dire que tu as failli utiliser la magie. Franchement on a de la chance de ne pas avoir été exclus du parc… Ils ne plaisantent pas à Disneyland !

Prolff marmonna quelque chose d’inintelligible. Apparemment, il ne tolérait pas les câlins venant d’une souris géante.

L’agression avait eu lieu le matin-même, à notre arrivée au parc. Prolff avait ruminé l’incident toute la matinée, et avait fini par se mettre en tête d’aller s’excuser en personne auprès de ladite souris.

— C’est comme cela qu’un futur Grand Mage doit agir, afin d’éviter tout incident diplomatique aux conséquences fâcheuses, avait-il expliqué le menton haut.

Après qu’il m’ait harcelé un certain temps, j’avais fini par céder et lui annoncer que je savais où se trouvait Mickey et que je pouvais le conduire là-bas. Mon camarade avait acquiescé avec satisfaction.

Il était vraiment beaucoup trop naïf !

La file d’attend avança un peu. C’était bientôt à nous.

Prolff jeta un regard sur les visiteurs qui nous entouraient, et chuchota :

— J’ai du mal à concevoir que tant de personnes fassent la queue pour serrer la main d’un employé déguisé en souris… Les Terriens ont définitivement des moeurs étranges.

Je remarquai que malgré son air brave, la voix de Prolff tremblait un peu.

— Attends un peu, dis-je en souriant… Ne me dis pas que tu as peur de Mickey ?

Prolff détourna la tête.

— Je ne vois pas de quoi tu veux parler, Alphonse.

— Ah ah !  Tu as peur ! Tu étais terrorisé tout à l’heure, avant que je te dise que ce n’était qu’un déguisement !

Autour de nous, les autres visiteurs du parc nous jetaient des regards curieux.

— Alphonse, cesse de crier. C’est ridicule.

Malheureusement, je ne pus pas continuer à l’embêter plus longtemps. Le petit train arrivait, et c’était à nous de monter à bord.

— Il faut monter dans les petits wagons, expliquais-je très sérieusement. Mickey nous attend au bout.

Prolff prit place dignement à bord. Les barres de sécurité se verrouillèrent avec un petit clic.

— C’est heu… pour éviter que les enfants ne s’échappent.

Le petit train démarra presque aussitôt. Nous nous engageâmes dans un tunnel sombre. On n’entendait que les craquements sinistres des wagons et des hurlements au loin.

— Quelle curieuse habitation, fit remarquer Prolff. Tu es sûr que Mickey est là ? Que sont ces cris que nous entendons depuis tout à l’heure ?

— Heu… ne t’inquiète pas, ils viennent de la maison hantée, mentis-je.

Avec un cliquetis, les wagons se mirent à monter le long d’une pente de plus en plus raide. Nous étions toujours dans le noir complet. Je riais sous cape à l’idée de la bonne blague que je m’apprêtai à faire à mon camarade.

Après une longue ascension, la pente s’adoucit.

— Ah, commenta Prolff avec satisfaction, la lumière du jour ! Mais… qu’est ce que c’est que ça ?

Il venait d’apercevoir la pente vertigineuse qui nous faisait face. Et les loopings qui la suivaient.

Décidemment, ils se surpassaient en matière de grands huit à Disneyland.

— Alphonse ! Fait quelque chose !

— Fais comme moi, lève les bras !

— Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii

La princesse maudite. Le roman de l'Apô-ny, tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant