2. On débarque chez moi à l'improviste

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Le mage progressait à pas feutrés le long de la ruelle. Il espérait demeurer invisible grâce à l’obscurité qui régnait, mais était conscient qu’il pouvait se faire repérer à tout instant. C’est pourquoi il jetait régulièrement des regards en arrière et autour de lui. 

Il faut que j’y arrive avant eux. C’est une question de vie ou de mort.

Tremblant à chaque intersection, le jeune homme avançait dans la ville déserte, serrant contre lui ses munitions magiques. Mieux valait se préparer à toute éventualité.

Une femme vêtue d’une armure légère de combat atterrit soudain devant lui. Sur le toit ! Elle s’était cachée sur le toit !

Le mage recula instinctivement et se prépara à invoquer sa magie, tout en analysant son adversaire. Elle portait une mitrailleuse spitfire, manifestement munie d’un viseur et d’un chargeur léger agrandi, qui se retrouva en un clin d’œil braquée sur lui.

La femme ouvrit la bouche pour parler.

— Aaaaal, papa dit qu’on va passer à table !

— Oui oui, répondis-je distraitement à la voix qui provenait du couloir. Commencez sans moi, je finis ma partie…

Assis devant mon ordinateur, je poussais un petit grognement mécontent. A cause de ma sœur, je venais de me prendre une balle en pleine tête sans avoir le temps de réagir. Il avait suffi d’un court instant de distraction.

— Bon, autant descendre tout de suite, soupirais-je alors que le fatal « game over » envahissait mon écran.

Mais alors que je me levais, Véronique pénétra dans la chambre avec un air très louche.

— Une minute, Al, dit ma grande sœur. Il faut qu’on parle.

Je levai les yeux au ciel. Qu’est-ce qu’on me voulait encore ?

Elle jeta un rapide coup d’œil à mon écran.

— C’est le meilleur jeu que je connaisse, expliquai-je fièrement pour détourner le sujet. Il vient de sortir ! Il y a plein de catégories de personnages, même des magiciens qui jettent des boules de feu !

Il fallait absolument que j'apprenne à jeter des boules de feu parce que c'était incroyablement la classe !

— Wahou, répondit Véronique avec l’air le moins enthousiaste au monde en se désintéressant immédiatement de mon ordinateur.

Elle planta son regard dans le mien. Elle avait sans doute des reproches à me faire… Bon, autant gagner du temps.

— Je confesse, avouai-je poliment, que c’est moi qui ai mis de l’eau partout dans la salle de bain tout à l’heure. J’ai aussi pris le dernier yaourt dans le frigo. Ah et j’ai terminé le paquet de céréales ce matin.

Ma sœur me fusilla du regard.

— C’était donc toi ?

Je hochai la tête en prenant l’air le plus coupable dont j’étais capable.

Véronique balaya le sujet d’un geste de la main.

— De toute manière ça ne pouvait pas être quelqu’un d’autre. Non, il faut qu’on parle d’un sujet vraiment important.

Elle baissa la voix.

— Je t’ai vu à la bibliothèque tout à l’heure.

Comme vous le savez peut-être, je n’ai jamais été du genre studieux. En réalité, il y a quelques mois encore, la simple pensée de lire un livre autre qu'un roman ou (encore mieux) une bande dessinée me donnait des boutons. Alors fréquenter une bibliothèque... Mais seuls les sots ne changent pas d’avis, non ?

La princesse maudite. Le roman de l'Apô-ny, tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant