Photographe [KYMAN]

[Chapitre 10] Vide

Déjà une bonne heure avant celle prévue Cartman préparait son sac. Il le balança sur ses larges épaules puis glissa ses clés dans sa poche. Le photographe était prêt. Une bonne heure à l'avance, mais prêt.

C'était normal d'être aussi angoissé pour son premier rendez-vous après tout. Que devait-il faire ou prendre avec lui ? Qu'allait-il lui dire ? Une déclaration peut être ? Le brun n'en avait préparé aucune et puis il ne se sentait pas vraiment apte à ce genre de discours. Il trouvait les gestes plus expressifs et efficaces.

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Pourtant une demie heure plus tard il n'avait toujours pas bougé. C'est quand il regarda péniblement l'heure sur son téléphone pour la millième fois qu'il se pencha un peu, collant son oreille sur la porte de sa chambre. Aucun bruit dans la maison.

Sa main tremblante se posa sur la poignée, poussant celle-ci avec une délicatesse dont il n'avait jamais fait preuve auparavant.

Il était maintenant à découvert, dans sa tête il était comme un agent secret en pleine mission. Cartman commença à avancer pas à pas jusqu'à arriver au rez-de-chaussée puis à la porte d'entrée. Trop facile.

Il jeta un coup d'œil final par la fenêtre, personne. Parfait. Il sorti, ce fut un jeu d'enfant. Où allait-il déjà ? Ah oui, le parc. 18 heures. Kyle.

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Le soldat arriva au lieu de la mission, la route avait été rude mais il était bien là.

Lorsqu'il aperçut son aimé assit sur un banc il le rejoint.

-Salut ! lança Kyle joyeusement

Une conversation des plus banales commença alors, à coup de "comment ça va ?", "tu veux faire quoi ?", "alors, où on va ?". Des questions plutôt simples auxquelles Cartman répondait facilement et qui avaient réussi à le détendre.

Comme le roux était nouveau il n'avait apparemment jamais visité le parc et le brun lui proposa de lui montrer les environs. Pourquoi pas passer par le lac aussi.

-

Des libellules voletaient autour de nous alors qu'on faisait le tour de l'étendue d'eau. J'en ai souvent photographié ici. Je les trouvais même plus gracieuses que les chats avec leur long corps et leurs jolies ailes.

Kyle me sourit en me voyant ainsi apaisé. Je n'avais qu'une envie : le prendre dans mes bras et ne plus le lâcher, comme on immortalise un instant dans un cliché.

-Tu as ton appareil photo sur toi ? demanda-t-il innocemment

Je répondis par l'affirmative sans y réfléchir.

-Tu pourrais me prendre en photo en face du lac ? Il est vraiment beau.

Mais soudain la réalisation me frappa. Il avait pensé à la même chose exacte que moi. Je le regardai, suspicieux. Mais l'occasion était trop belle, trop idéale, pour être refusée. Alors tout se fit naturellement.

Il se plaça en face du lac, faisant mine de regarder ailleurs, alors que je mitraillais l'instant d'une longue rafale. Bientôt, quelques dizaines de portraits du roux s'étaient empilées dans la mémoire de l'appareil. Je ne pouvais qu'être nerveux en imaginant tous les gestes, toutes les expressions, toutes les microsecondes que j'avais capturées du roux.

C'était putain de divin.

Je me demande ce que tu vas bien faire de ces photos.

...

Le juif s'approcha alors de moi et je lui montrai quelques-unes des œuvres d'arts pour lesquelles il avait posé. Je ne fus qu'encore plus euphorique quand il affirma admirer mon talent.

Quel talent ? Si c'était une photo de toi elle serait atroce.

Choisir son modèle fait aussi partie du processus artistique...

-Vient on va s'asseoir là-bas sur l'herbe. Proposa Kyle

Quand bien même j'étais perdu dans mes pensées je le suivi. La nuit commençait déjà à tomber mais je décidai de ne pas y prêter attention. En fait je n'étais plus inquiet de rien car au moins j'avais vu Kyle. La seule chose qui comptait.

-Dit, quel est ton trait de personnalité le plus surprenant ? demanda-t-il d'un coup

Pourquoi il veut savoir ça ?

Je me sentis quelque peu menacé par cette soudaine question. Mon niveau en analyse personnelle était quasi-nul, et quand bien même j'aurais su lui répondre il en serait certainement effrayé. Je décidai de jouer la carte du hasard.

-J'aime pas les cordon-bleu. J'avouai, gêné

Le curieux explosa de rire. Moi je croisais les doigts pour qu'il ne me force pas à trouver une autre réponse. Mais vraiment, le goût mélangé du fromage coulant avec la viande et la friture autour me dégoutait. Pourtant séparément j'adorais ces trois éléments.

-Déjà je te juge fort. commença-t-il Mais ensuite, c'est un goût pas un trait de personnalité.

-Je n'ai vraiment pas d'idée désolé... Je me sens un peu nul.

Il posa sa main sur mon épaule pour me rassurer mais il la retira assez vite.

De toute façon tu as tes photos, elles te quitteront jamais elles.

-Si ça peut te motiver je peux répondre pour moi. En fait, j'ai pas de personnalité.

Je fus légèrement étonné de ce soudain aveu. Ce n'était certainement pas ce que les gens disaient durant un... rencart, habituellement. Enfin, ce n'était pas ce que je pensais. Néanmoins, j'étais si épris de lui que ça ne m'inquiétait pas plus que ça.

-C'est-à-dire ? demandais-je en penchant la tête sur le côté

Il prit une grande inspiration.

-Je me sens vide. J'ai l'impression que mes émotions dépendent tout le temps de mes notes... Et puis, j'ai tendance à détester tout le monde.

Deep.

Je ne savais pas quoi lui répondre. Personne ne m'avait parlé comme ça avant. Alors je dis juste quelque chose de bateau et de passe-partout.

-Je comprend.

Même si j'avais vraiment l'impression de comprendre, au fond.

Tu m'étonnes Cartman. Qu'est-ce qui fait partie de toi, au fond ?

...

Kyle semblait satisfait par ma réponse banale.

Il se pencha vers moi et m'embrassa, tout simplement. 

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FIN DU CHAPITRE

Damn le covid m'a fait écrire. 

J'aime pas ce chapitre honnêtement, mais c'est mieux que rien...