Chapitre 8: L'annonce

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Scott, juillet 2014

Jack continu de s'entrainer à un énième tour de magie alors que Connor réfléchit au placement que l'on pourrait adopter pour le prochain match. Si ses idées plaisent au coach, il pourra surement devenir capitane de l'équipe l'année prochaine. Pour l'instant, il est le seul à être dans la course et, même si notre entraineur m'a déjà soufflé à l'oreille que je pourrais potentiellement moi aussi devenir capitaine, l'idée de me retrouver face à mon ami ne m'a pas spécialement plu.

D'une oreille attentive, j'écoute Luna, Oliver, Clara et Ava débattre sur les activités extra-conjugales de notre professeur de maths. Depuis qu'Oliver l'a surpris en train d'embrasser langoureusement une professeure de sciences dans une salle de cours il y a trois jours, les trois filles essayent de connaitre la nature de leur relation. Pourtant à moi ça me parait très clair : il se la tape.

— Tu crois qu'ils couchent ensemble ? demande Ava à Luna.

— C'est obligé, d'ailleurs ça ne m'étonnerait même pas qu'ils le fassent sur nos bureaux ! répond l'intéressée.

Les deux amies se mettent automatiquement à glousser et je ne peux m'empêcher de relever les yeux vers les trois autres garçons de la table. Ils ont l'air tout aussi fatigués que moi et ne font pas attention à la remarque de la blonde hormis Oliver qui claque dans ses mains en éternel enthousiaste.

L'entrainement d'hier était particulièrement fatigant et pour cause : tous les dernières années se sont surpassés pour essayer de se faire repérer lors d'un match. Ils ont tous pour objectif de devenir professionnels et il est vrai que j'aimerais l'être aussi. Certains partent à l'université tandis que d'autres vont dans des écoles prestigieuses, mais ils ont le même but : réussir à vivre de leur passion. Notre établissement est très prestigieux et je ne doute pas qu'une grande majorité d'entre eux y arrivent. J'espère avoir la même chance l'année prochaine. Depuis quelques années les places dans les bonnes équipes se jouent principalement en fin d'année et beaucoup se font repérer grâce au tournoi organisé par la fédération.

Habituellement, ce sont les plus vieux qui jouent parce qu'ils ont souvent le meilleur niveau. Pourtant, cette année notre coach nous a déjà indiqué que Connor ferait partie de l'équipe principale. Quand il l'a su, il a littéralement sauté au plafond et a cassé la plaque qui était au-dessus de son crâne. Pour un lycéen pratiquant le basket-ball, c'est une vraie consécration de pouvoir faire partie de l'équipe qui jouera pendant le tournoi. Ça l'est encore plus quand on sait qu'on sera le seul âgé de seize ans parmi toutes les équipes du pays ! Malgré son caractère de cochon et sa chance monumentale, je suis fier d'avoir un ami comme Connor (même s'il faut avouer qu'il est souvent un peu trop sûr de sa personne).

Je suis sorti de mes rêveries par Luna qui tapote sa cuillère sur la tasse de lait d'Ava. Nous nous redressons chacun à notre tour en entendant que la jolie blonde veut nous faire « une annonce ». Paniqué, je croise le regard inquiet de Jack. Il faut dire que dès que Luna emploie le mot « annonce », ça finit toujours mal.

La dernière fois qu'elle a fait ça, c'était pour nous dire que notre nouveau voisin était un canon et qu'elle lui trouvait beaucoup de ressemblance avec les jumeaux. Elle a alors soutenu que c'était leur frère caché et qu'ils étaient en fait des triplés. Je me souviens qu'elle affichait un rictus tellement attendrissant que nous n'avons pu nous empêcher d'exploser de rire chacun notre tour devant une telle connerie.

— Si c'est pour me dire qu'en fait ton voisin est une voisine et que j'ai finalement une sœur de plus, tu peux te retenir, siffle Jack.

Jack et Oliver ont deux sœurs âgées de dix-neuf et huit ans. J'ai déjà dû aller les aider à garder la plus jeune et je crois me souvenir que cette petite est une emmerdeuse profonde. Elle n'a fait que de pleurnicher tout l'après-midi et réclamait son goûter toutes les dix minutes. Nous avions fini par abdiquer à quinze heures trente sous les hurlements de la petite. Je ne sais pas si c'est parce que je suis le petit dernier de ma famille, mais je crois que je n'ai pas la fibre avec les gamins. Bien sûr, ils sont mignons quand ils rigolent, mais franchement ils ne savent pas faire grand-chose de leurs deux bras.

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