Chapitre 6: Joyeux anniversaire !

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Scott, décembre 2012

Voilà aujourd'hui prêt d'un mois que Luna me répète la même chose jour et nuit. Nous sommes le jour fatidique, le jour qu'elle attend depuis un an : le douze décembre. Même si nous avons commencé le lycée il y a à peine quelques mois, la plupart des élèves et des professeurs sont au courant de l'heureuse date puisqu'elle en parle à longueur de journée.

Je monte sur mon vélo et démarre en direction de la maison de Luna. La connaissant, elle sera encore plus en retard que d'habitude et je n'ai pas envie d'arriver en retard pour un jour si spécial. Je fais un rapide tour de quartier en passant devant les grandes bâtisses qui nous séparent et m'arrête devant la maison de la blonde. Alors que je rentre mon vélo dans le petit jardin, sa mère sort en trombe et me salue d'un signe de la main.

Légèrement maquillée grâce à un rouge à lèvre et un peu de mascara, elle me parait plus jeune qu'habituellement. Son tailleur rouge met en valeur les yeux verts qu'elle a transmis à sa fille, mais pourtant, l'éclat de malice qui vit dans ceux de Luna est complètement inexistant chez ceux de sa mère. Je remarque finalement qu'elle se balade pieds nu et que ses talons noirs dépassent légèrement de son sac. Luna m'a assurée il y a quelques semaines que c'était plus agréable de conduire pied nu qu'en talons de dix centimètres et je n'ai pas encore trouver le moyen de lui donner tort. Elle arrive à mon niveau et ouvre la portière de sa voiture avant de me lancer :

— J'espère que tu as le temps, elle n'est pas encore habillée !

C'est bien ma veine tient. Je consulte ma montre et découvre qu'il nous reste quinze minutes avant d'être officiellement en retard. Le trajet en vélo dure à peine plus de cinq minutes, il n'y a donc qu'une seule raison pour qu'on arrive en retard : Luna. Je connais son rituel du matin par cœur grâce au nombre incalculable de fois où elle a dû se justifier auprès de moi ou de l'un de nos professeurs. Elle commence par prendre une douche puis s'habille. Ensuite, elle descend prendre son petit déjeuner avec son petit frère et son père et remonte pour finir de se préparer dans la salle de bain. Pour faire tout ça, elle prévoit chaque matin trente minutes, mais, d'après moi, une petite heure serait plus appropriée. Mais mademoiselle Luna Parker tient à son sommeil, nous sommes donc contraints d'arriver régulièrement après les autres.

Je pose mon vélo devant la porte puis entre sans frapper, une habitude que j'ai prise à partir du moment où je me suis mis à passer autant de temps ici que chez moi. Le père de Luna m'accueille avec son éternel sourire. Je suis persuadé qu'elle tient sa joie de vivre de son père alors que sa mère est parfois un peu plus froide mais reste quand même une personne très douce. Depuis que ce dernier a appris qu'il ne lui restait que quelques années à vivre, il a décidé de profiter au maximum de chaque moment que la vie pouvait lui offrir, et me voir chaque jour en fait partie. J'admire la force et le courage dont il fait preuve à chaque instant. Owen quant à lui est en train de boire son bol de lait et ronchonne qu'il ne veut pas aller au collège aujourd'hui. Ses cheveux châtains descendent jusque dans son bol de lait sans même qu'il ne s'en rende compte. Son père m'intime de ne rien lui dire, bien trop amusé par la situation. 

— Tu peux monter si tu veux, je crois qu'elle ne sortira jamais de sa chambre, siffle-t-il.

J'acquiesce et monte rapidement les escaliers. J'aperçois au fond du couloir une furie blonde passer en coup de vent. Une mèche de cheveux coincée dans une brosse, la brosse à dents dans le bec, il n'y a aucun doute, c'est elle. Vu le niveau de concentration dont elle fait preuve en ce moment elle ne m'a surement même pas remarqué. J'avance sans faire de bruit et la suit jusque dans sa chambre ou la pénombre règne en maitre. La connaissant, elle n'a même pas eu le temps d'ouvrir ses volets, bien trop occupée à choisir sa tenue spéciale. Alors qu'elle se tourne pour attraper un bracelet elle arrive à distinguer ma silhouette et se met à hurler de peur. Je ne peux évidemment m'empêcher de rire aux éclats devant sa mine déconfite. Note à moi-même : Il faut que je fasse peur à Luna plus régulièrement.

Souviens toi de nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant