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                                                          .oOo.

L'aubergiste n'avait pas menti, trouver "l'enclos" allait être d'une simplicité enfantine. Les cris surexcités des hommes remplissaient tout le village, des cris déchaînés, presque animal.

Fut-il grand, ça n'en restait pas moins un village, ce devait être une des seules distractions de ces bonnes gens. Néanmoins, August peinait à comprendre une chose. Pourquoi sous la pluie?

Comme il l'avait supposé, il devait s'agir de combat de cochons ou de coqs, peu lui importait à cet instant. Il était en proie à une intense réflexion. Quel était le but réel de cette étrange mission?

Arrivé à un certain carrefour, il ne savait plus très bien quel chemin emprunter, Jelling non plus visiblement. Il faut dire que les cris s'intensifiaient et semblaient venir d'un peu partout.

Finalement, l'aubergiste avait menti.

Heureusement pour eux, un groupe d'hommes excités au possible passa devant eux, ils empruntèrent une petite ruelle sur leur gauche. Des retardataires sans doute, ils les suivirent.

En se rapprochant, August perçut plus clairement les cris, mais aussi des tintements métalliques violents qui commencèrent à démentir la théorie du combat de coqs.

En sortant de la ruelle, ils débouchèrent sur une grande place. Des centaines d'hommes étaient massés là, peut-être même un bon millier. Jeunes, adultes, vieillards, il y en avait de tous âges. On apercevait même quelques petits garçons qui avaient sûrement échappé à la vigilance maternelle en sautant par la fenêtre.

Tous étaient venus assister au spectacle. Certains se tenaient en hauteur, montés sur des caisses, deux ou trois avaient poussé leur chance, juchés sur les toits des maisons qui bordaient la place, leur vue devait être imprenable. Mais tout de même, par temps d'orage ! Quelle inconscience !

Mais on comprenait leur geste, car une foule dense encerclait l'objet de toute cette agitation.

Les tintements se firent plus violents, des lames à n'en point douter et des cris de guerriers. Un combat? Il y en avait trop pour que ce soit un duel.

Jelling avança et tenta de se faufiler dans la masse, il fut rabroué, les gens étaient déchaînés.

August se plaça derrière lui, mit son insigne bien en évidence sait-on jamais et joua des coudes et de sa grande taille pour passer. Certains grognèrent contrariés, d'autres, absorbés par le spectacle, ne réagirent pas. Un homme lui agrippa le bras, August se retourna vers lui, le regard mauvais. Voyant son armure de chevalier, le bougre le lâcha et murmura ce qui semblait être une excuse.

August se retourna vers Jelling, celui-ci se trouvait déjà au bout, il le rattrapa et observa la scène qui se jouait devant lui et qui avait déjà happé le vieux prêtre.

Là, de jeunes hommes, une bonne quinzaine, épées à la main, se faisaient la guerre dans un joyeux tintamarre de cris bestiaux et de chocs métalliques. Encouragés par un public en liesse, dont les cris couvraient presque le bruit du tonnerre.

L'eau glacée ruisselant sur leurs corps et la boue qui tâchait leurs vêtements, semblaient les moindres de leurs soucis.

Joyeux chaos où les lames virevoltaient et s'entrechoquaient, faisant jaillir des étincelles brillantes.

Ils se battaient tous les uns contre les autres dans ce qui semblait être un enclos géant. On affrontait la personne qui se trouvait en face de nous, si elle roulait sur le côté et qu'une tête neuve apparaissait devant nous, alors on avait un nouvel adversaire.

ROYAL ( Chroniques d'un souverain en herbe)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant