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                                                              .oOo.

6ème jour du 2ème cycle d'Énant.                                                                                                                               An 506 du calendrier andorrien.

Les rayons du soleil s'étendaient peu à peu sur la cité, l'astre avançait lentement dans le ciel sans nuages, mais bientôt il atteindrait son zénith, midi approchait.

La lumière passait à travers les fenêtres et venait frapper son front tout dégoulinant. À force de tourner comme un lion cage, il suait maintenant de partout. Tournant autour du lit aux draps en mousse bleue, foulant le tapis beige aux pieds de celui-ci, passant de la chambre principale aux pièces attenantes.

La salle à manger, le petit salon aux fauteuils de rotin avec sa mini-bibliothèque dont il avait hier soir, tant bien que mal tenté de lire un des livres, sans succès, le grand balcon à fleurs, seule la salle de bain échappait à sa ronde infinie, sans doute parce qu'il en sortait.

Ses cent pas résonnaient sur la dalle, et faisaient naître un écho auquel rien ne répondait. Le silence régnait dans l'endroit, mais pas dans sa tête. Ses pensées ne cessaient de se bousculer dans celle-ci et ballotaient son esprit.

Il commençait à en avoir l'habitude, elles n'avaient cessé ce ballet depuis neuf jours, depuis que tout ça avait commencé. Mais là ça devenait vraiment violent, le stress lui donnait mal au crâne. Il prit une grande goulée d'air et décida de quitter le balcon qu'il avait gagné entre-temps pour rentrer et prendre place dans un des fauteuils du petit salon.

Dans le coin opposé à sa position se trouvait une table au verni noire postée face à la petite cheminée de briques brunes éteinte, qui devait réchauffer la pièce lorsque venaient les neiges du mois de java. Ses yeux refusèrent de se poser dessus.

Il poussa un long soupir de frustration et se passa furieusement les mains dans les cheveux, les emmêlant complètement. Il avait désormais les cheveux en bataille et était totalement suintant.

Les domestiques qu'il faisait patienter devant la porte de l'appartement depuis bientôt une heure déjà, au vu du chiffre que pointait l'aiguille de l'horloge murale qu'il avisa en levant la tête, le prendraient pour un cinglé, le roi fou qu'on l'appellerait.

Lorsqu'ils étaient venus cogner à sa porte pour l'habiller, il s'était refusé à leur ouvrir et s'y refusait toujours, la cérémonie débutait pourtant dans deux heures.

Il ne voulait pas devenir roi, il voulait qu'on le laisse tranquille. Alors pourquoi l'y forçait-on? Il secoua la tête. Non, personne ne lui forçait la main, c'est lui et lui seul qui avait promis, et même s'il voulait plus de temps, il savait qu'il ne l'aurait pas.

Il avait passé les trois derniers jours presque entièrement cloîtré dans cette chambre, à réfléchir à un plan qu'il n'avait toujours pas, appelant à lui des idées qui ne venaient pas.

Sa situation était encore pire qu'au début. Il avait pourtant juré à son père de gouverner : << je jure d'être un roi encore plus grand que vous. >> lui avait-il promis, quelle plaisanterie.

Il s'était presque totalement résolu à monter sur le trône, mais si c'était pour se faire tuer juste après, peut-être même avant qui sait, il n'en voyait pas l'intérêt. Autant s'en retourner au balcon et sauter, il respira.

Après quinze minutes d'un lourd silence, aussi bien dans la salle que dans sa tête cette fois, pendant lesquelles il fixa l'horloge et rien d'autre, son regard se porta enfin vers la table noire.

ROYAL ( Chroniques d'un souverain en herbe)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant