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Le froid apporté par le vent glacé dans son dos, semblait à Azurin cent fois plus chaleureux que l'intérieur de ce palais que l'on disait sien et qui était pourtant réchauffé par mille chandeliers aux flammes dansantes.

La colère qu'il pouvait sentir émaner des cœurs de ceux qui le découvraient, la foudre que jetaient les yeux qui le scrutaient, étaient autant de raisons pour lui de retourner dans son village. Seul la perspective de voir son père l'empêchait de fuir, et guidait ses pas, car déjà il avançait.

Jelling qui, aussitôt la porte ouverte, s'était écarté laissant tout le loisir à leurs altesses d'observer le nouvel arrivant, se dirigea d'un pas vif vers l'un des maîtres gouvernants, faisant ainsi fi des regards de Deunève et de ses enfants.

- Qu'attendez-vous donc ? Questionna-t-il. Prenez nos affaires et montez-les dans nos appartements. Ne savez-vous dont point votre travail.

Les domestiques, alignés en vagues, n'osaient même pas respirer. Les pauvres se demandaient que faire. Devaient-ils prendre les affaires de leur futur souverain au risque de s'attirer les foudres du prince puîné qui déjà s'avançait vers l'autre? Ou ne devaient-ils rien faire? Si le nouvel arrivant venait à réellement monter sur le trône, il serait dangereux de se le mettre à dos.

Tremblants, ils décidèrent de ne pas bouger.

Deunève tourna son regard vers le jeune homme qui entrait en son palais, puis vers le grand prêtre. Ce dernier s'était déjà mis en retrait. Visiblement il comptait assister à la scène à venir sans interférer. Le regard plein de malice qu'il lança à sa souveraine était sans équivoque. Il se délecterait du spectacle.

Briar observait la scène du haut des escaliers. Cette histoire de fils caché lui passait par dessus la jambe. Il ne s'y intéressait pas du tout et n'avait fait le déplacement que pour voir son aîné. Pour lui, il ne s'agissait que d'une machination de Jelling. Il y a quelques secondes encore, il l'aurait juré. Mais le jeune homme aux yeux d'un azur profond était la copie conforme de son frère étant jeune, peut-être même plus beau encore.

Toute cette histoire se paraît à présent d'un voile de vérité, mais aussi de dangerosité, ils étaient tous menacés.

Damaëlla, qui auparavant se tenait dos à la porte, s'était tournée, comme tout le monde, son regard était rivé sur le nouvel arrivant.

La beauté du jeune homme la frappa, au point qu'elle se surprit à le détailler, grand, athlétique, sa peau diaphane contrastait totalement avec ses cheveux de jais mi- longs, ses yeux vous happaient sans vous laisser le temps de résister.

Cyprés serrait fort la main de sa grande sœur, mais cette fois c'est lui qu'il cherchait à rassurer.

Deunève ayant reportée son regard sur l'enfant de son mari, remarqua une fausse note. Elle s'était attendue à voir un bâtard condescendant qui viendrait en vainqueur, en conquérant, pour les déloger. Mais le prince qu'elle avait devant les yeux semblait aussi apeuré qu'elle.

Le pas Léonide d'Éon résonna dans la salle. Il se planta devant le jeune homme, ses yeux gris jetaient le feu, sa voix se fit tranchante. Son ordre laissa l'assemblée coite.

- Sors d'ici tout de suite et retourne d'où tu viens.

Azurin redressa sa tête qui était auparavant dirigée en direction du sol. Comme il faisait mine d'ouvrir la bouche, Éon le coupa en l'empoignant par le col de sa veste.

- Va-t'en et tout le monde ici oubliera que tu sois jamais venu.

La violence de la poussée que reçu Éon le fit ciller. Azurin le regarda droit dans les yeux.

ROYAL ( Chroniques d'un souverain en herbe)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant