Chapitre 23

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Les semaines se succédèrent pour devenir des mois. Les journées se faisaient plus longues, la neige quittait les hauteurs. L'uniforme d'été apparut avec les premières chaleurs de l'été. Fini le pantalon avec l'épaisse veste, nous adoptions à présent un short long plus léger, ainsi qu'un simple tee-shirt vert clair et noir, agrémenté de broderies argentées.

Nous n'avions toujours aucune nouvelle de l'expédition de ma sœur. Un détachement de soldats fut envoyé pour les retrouver, mais ils disparurent également. Je ne pouvais mentir en disant que je ne savourais pas la tranquillité d'esprit que m'apportait l'éloignement de ma sœur, mais pourtant, plus le temps passait, plus je m'inquiétais pour elle. J'avais également le sentiment qu'il allait se passer quelque chose de néfaste pour la cité.

Lorsque je me rendais au travail, j'entendais les gens parler et s'inquiéter de l'avenir de la cité sans la Gardienne pour la diriger. Des rumeurs circulaient par-ci, par-là, quant à la formation d'un petit groupe qui réfutait l'existence de la Déesse, accusant, d'après ce que j'avais pu capter des discussions, la Gardienne et le Haut Conseil d'avoir menti au peuple pour garder le pouvoir des orbes pour eux. La Gardienne n'était ainsi, qu'un personnage public qui gardait les esprits des habitants sous contrôle grâce à la peur et à la religion, tandis que les hauts dirigeants eux se la coulaient douce sur le dos des pauvres gens. Je craignais vraiment que ce mouvement prenne de l'ampleur. Si les gens commençaient à croire en ces racontars, on courrait droit à la catastrophe. Les orbes étaient des bombes à retardement sans les soins de la Gardienne, on ne pouvait pas les laisser en libre-service. Un contrôle strict était nécessaire pour assurer la sécurité de tous. Il suffisait d'un seul orbe pour qu'une Ombre naisse et dévaste la terre entière.

Je savais que mon père reprenait la charge de ma sœur en son absence, mais sans elle je doutais fortement qu'il puisse faire face aux émeutes si le peuple en venait à se soulever et renversait l'ordre religieux. Certains gardaient encore l'espoir de la voir revenir un jour. Moi-même je ne savais pas trop quoi penser. Je pouvais seulement continuer mon apprentissage, mais j'étais très loin d'être prête pour la remplacer.

À l'école le temps suivait son cours. Je ne me débrouillais pas trop mal à présent sous l'entrainement intensif de Lexa. Les exercices se succédaient en cours d'aptitude. J'avais réussi à augmenter un peu ma puissance en travaillant avec Ceejay, mais sans atteindre la Force 9. Ceejay, elle, ne parvenait pas encore à envoyer son énergie comme elle le désirait. Elle n'y arrivait que lorsqu'elle était sous pression. Vera quant à elle perdait espoir. Elle s'était acharnée pendant de longues semaines à découvrir comment emmagasiner assez d'énergie dans un objet, pour qu'une illusion persiste sans son intervention, mais sans grand succès. Ce fut un heureux hasard qui lui donna finalement la solution.

Ce jour-là je revenais des vestiaires où j'avais dû me changer en empruntant des vêtements aux troisièmes années. Mon fabuleux camarade Travis, en voulant tremper Keith, m'avait malencontreusement arrosé de la tête au pied. J'avais eu l'agréable surprise de découvrir qu'une fois mouillé, mon tee-shirt devenait presque transparent. Ce fut ainsi habillée, venant de finir mon exercice, qu'Erin m'interpella et me mit en duo avec Vera, afin de l'aider un peu et lui remonter le moral. Agacée par un nouvel échec, elle avait cassé le bracelet sur lequel elle travaillait en le lançant rageusement au loin. N'ayant rien d'autre sous la main, j'avais dû lui prêter un de mes anneaux transparents qui décorait mon oreille, lui recommandant de faire très attention, car ils avaient appartenu à ma mère. Elle l'observa curieuse, avant de se concentrer plusieurs minutes dessus. Elle me le rendit ensuite, pour voir s'il y avait un quelconque résultat. Je l'accrochai de nouveau à mon oreille, mais ne vis aucun changement. Vera me regarda, les yeux brillants, tandis qu'un grand sourire se formait sur ses lèvres.

Faedre - Tome 1 : Le souffle d'un vent nouveauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant