Chapitre 2

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Je me redressai lentement, jetant autour de moi un coup d'œil circonspect. Sur le bureau apparaissait une vue holographique de la cité centrée sur l'Arbre, détaillant le service de sécurité mis en place. Avisant la tenue débraillée de mon père, je compris qu'ils avaient dû passer une bonne partie de la nuit sur une affaire importante. Ma sœur elle était habillée convenablement comme à son habitude. Elle était vraiment majestueuse avec sa longue robe bleue épousant parfaitement sa taille, mettant ainsi bien en valeur ses formes voluptueuses. Ses longs cheveux blonds, pourtant coiffés à la va-vite, ondulaient légèrement sur ses épaules, encadrant parfaitement son visage anguleux si raffiné. Quelques mèches folles retombaient sur son front, masquant légèrement le diadème doré aux formes complexes imprimé sur sa peau. Ses yeux bleus étincelants étaient rehaussés par une fine ligne dorée sous ses paupières inférieures, lui conférant ainsi un maquillage naturel et délicat. Les fines arabesques dorées entrelacées sur ses bras brillaient sous la lumière des lampes.

Je l'admirais tant, elle incarnait tout ce que je rêvais d'être et ne serais jamais, une femme forte, populaire, belle et charismatique, la femme la plus puissante de la cité : la grande gardienne de l'Arbre.

Un petit orbe pendait sur sa poitrine, soutenu par une légère chaînette. Il miroitait magnifiquement à la lumière de la salle, pulsant légèrement en un doux rythme. Peu de personnes avaient le droit d'en posséder un, c'était un privilège rare, accordé seulement aux détenteurs de pouvoir ayant atteint le plus haut rang. Sa place au conseil au côté de notre père n'était absolument pas déméritée. Son statut de gardienne elle l'avait hérité de notre mère, mais l'immense pouvoir qu'elle détenait n'était que de son propre fait.

On ne savait pas grand-chose du rôle de la gardienne. Elle était la garante de l'Arbre, veillant sur lui et sur les orbes, les faisant éclore, déversant la vie sur le monde. Mes seules connaissances sur le sujet me venaient d'Ivy, qui m'avait expliqué que depuis la grande catastrophe, l'Arbre était devenu le vecteur de la vie sur Terre. Par le biais des orbes pendus à ses branches, il captait l'énergie vitale qui s'écoulait du corps de tout être vivant à leur mort, qu'il soit végétal, animal ou humain. Cette énergie était ensuite rendue au monde par l'intermédiaire de la gardienne, permettant à la vie de renaître.

- Vous ne pouvez pas me faire ça ! s'exclama soudainement Paige, me faisant sursauter. J'ai consacré une grande partie de ma vie à votre famille ! Vous ne pouvez pas m'exiler !

Je restai choquée à ses paroles. Exiler Paige ? Pourquoi faire une chose pareille ? Qu'avait-elle fait pour mériter ce sort ?

- Nous n'avons pas le choix, déclara ma sœur d'un ton sec. Je vais devoir partir quelque temps, et je refuse qu'elle reste dans la cité laissée sans défense.

Je vis l'expression de mon père s'assombrir tandis qu'il jetait un regard d'avertissement à ma sœur. Avec ses cheveux bruns en bataille et son éternel début de barbe sur sa mâchoire carrée, il observait la scène de ses yeux durs et froids, sans dire un mot. Il gardait toujours une mine imperturbable, ne laissant jamais rien transparaître de ses pensées ou de ses sentiments. Il n'arborait d'ailleurs aucune arabesque dorée sur les parties visibles de son corps, et si ce n'était ses yeux verts lumineux caractéristiques des Faes, il aurait très bien pu passer pour un humain. D'une certaine manière je l'ai toujours craint, il semblait toujours contrarié par mes moindres faits et gestes, comme s'il m'en voulait de simplement bouger ou respirer. C'était un homme dur et exigeant, et il dirigeait le conseil de la cité d'une main de fer.

- Mais... et l'Initiation ? lâcha Paige éberluée.

- Il n'a jamais été prévu qu'elle passe l'Initiation, répondit Hayden d'un geste vague de la main.

Faedre - Tome 1 : Le souffle d'un vent nouveauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant