Chapitre 25

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La semaine passa sans autre incident. Je n'avais pas osé demander à Ceejay des explications concernant son carnet, ne voulant pas lui avouer que j'avais fouillé dans ses affaires.

En fin semaine, avant que les examens ne débutent, le directeur adjoint nous emmena pour une visite éducative, réservée spécialement pour les premières années. Sameen qui nous accompagnait, nous informa que l'on se rendait à la prison de la cité, située à l'extrémité nord-ouest de la zone habitable. Il nous fallut bien quarante minutes de marche pour l'atteindre. Située sous une ancienne gare qui tombait en ruine, elle avait été construite dans les anciens tunnels, rendus inutilisables depuis que les Faes avaient rejoint la surface. L'entrée se faisait par un immense escalier, gardé par deux sas ultras sécurisés, l'un en surface et l'autre en bas de l'escalier souterrain. Nous dûmes passer un contrôle strict, où on nous obligea à porter un bracelet qui bloquait nos pouvoirs. On ne pouvait pas le retirer de nous-mêmes, fermé par un codage spécial que seuls les agents de sécurité étaient habilités à désactiver. On s'enfonça ensuite dans les profondeurs de la terre, l'escalier tout juste éclairé par quelques lampes bioluminescentes. Il y régnait une atmosphère sombre et lugubre, qui n'incitait absolument pas à aller plus loin. Le deuxième sas s'ouvrait sur des zones aménagées, qui devaient certainement servir de place centrale ou de marché à l'époque où les souterrains étaient encore habités. On voyait encore les arrangements qu'avaient construits les Faes.

C'était la première fois pour la majorité d'entre nous, que nous mettions les pieds dans les anciens tunnels. Les entrées avaient toutes été condamnées pour marquer la fin de cette époque que les adultes et les anciens voulaient oublier. Certains avaient passé presque toute leur vie enfermés sous terre, et ils n'y retourneraient pour rien au monde. Nous nous avions eu de la chance d'être née et d'avoir vécu à l'air libre, même si pour ma part, avoir passé toute mon enfance enfermée dans la Tour ne faisait pas vraiment partie de ma conception d'être à l'air libre...

- La visite d'aujourd'hui, commença le directeur adjoint, sera pour chacun un avertissement. Ici sont enfermés les criminels qui ont pensé que détenir un pouvoir leur donnait le droit d'en faire ce qu'ils voulaient en toute impunité. Après les examens, si vous passez en deuxième année, continua-t-il, votre apprentissage va s'intensifier. Vos pouvoirs vont être assimilés à des armes, et une arme entre de mauvaises mains peut se révéler catastrophique. Vous serez responsable de vos actes et de la sécurité des gens autour de vous.

On continua à avancer en écoutant ses paroles, qui sonnaient plus comme des menaces que comme des conseils. On finit par arriver à un embranchement d'où partaient quatre autres escaliers, menant à des ailes différentes de la prison. On fit une pause le temps qu'un des gardiens déverrouillât l'accès à l'escalier sud-ouest. Le directeur adjoint en profita pour finir de nous informer :

- Tous les criminels enfermés ici ont commis des choses graves. Ils sont enfermés dans de minuscules cellules ultra-sécurisées et ne reverront plus jamais la lumière du jour.

Kélian leva la main pour poser une question :

- Ils ne peuvent pas utiliser leur pouvoir pour s'enfuir ?

- Non, lui répondit-il en secouant la tête. Chaque prisonnier se voit équiper, comme vous tous avec vos bracelets, d'un collier anti-rayonnement qui empêche l'utilisation de leur pouvoir. De plus, si l'un d'eux tente vainement d'en faire usage, une violente décharge électrique leur est délivrée via le collier et son détecteur, qui se resserre alors pour les étrangler, jusqu'à ce que le prisonnier cesse d'invoquer son don ou meurt. Et par mesure de sécurité supplémentaire, ajouta-t-il, les parois des cellules sont faites de la même matière que les bulles de simulation, rien ne peut passer.

Faedre - Tome 1 : Le souffle d'un vent nouveauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant