Prologue

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- Lyssandra !

La dénommée Lyssandra se réveilla en sursaut. Son collier, un demi cœur avec une fleur de saphir violet, brillait. Après ouvert couvé la pièce d'un regard circulaire et paniqué, elle se rendit compte que l'appelle désespérée ne venait pas d'ici. Le cœur battant d'un nouvel éclat d'angoisse, elle comprit que quelque chose n'allait pas, que ce n'était pas seulement le fruit de ses songes. Ne suivant que son instinct, elle sauta hors de son lit, prit son épée et courut en direction de la chambre de la princesse sans même prendre le temps d'enfiler une robe de chambre. La porte était bloquée. Elle grogna de rage avant de l'enfoncer d'un coup de pied. Elle s'ouvrit avec un grand fracas faisant raisonner violemment la rage de le jeune femme. La princesse était debout sur le lit, ses cheveux blanc polaire en bataille et sa nuisette rose pale froissée. Elle tenait une chaise entre elle et un homme qui, lui, tenait une épée. Les yeux verts de la jeune fille étaient remplis de terreur, tremblait comme si un souffle langoureux aurait pu l'éteindre comme en mouchant une bougie. Elle hurlait encore et encore de sa voix aigüe emplissant sa chambre d'une angoisse étouffante, presque palpable. N'y tenant plus, l'homme attaqua, il leva l'épée pour frapper mais au lieu de s'enfoncer dans la chair molle de la jeune fille, la lame rencontra le fer dur de l'arme de la gardienne, Lyssandra. Les deux fers chantèrent dans un crissement qui n'avait rien de mélodieux lorsqu'ils se rencontrèrent. Les yeux de l'homme s'arrondirent de surprise mais Lyssandra, maitre d'elle-même et laissant une colère calme guider ses gestes, ne lui laissa pas le temps de protester. Sans aucun état d'âme, elle le transperça de sa lame d'acier. Puis elle se retourna vers la princesse, son collier, un demi cœur avec une fleur d'émeraude, jumeau au sien, brillait aussi. Avidement et insatiablement.

- Jennie, es que tu vas bien ?

La jeune fille hocha doucement la tête, incapable de produire le moindre son la gorge encore serrer de peur, et descendit du lit en chancelant.

- Il faut qu'on parte d'ici, dit la gardienne en prenant la main de Jennie encore sous le choque de ce réveil abrupt et macabre.

Guidé par la grande rousse, elles sortirent en trombe de la chambre, pas après pas, chancelant, titubant et trébuchant. Pourtant, malgré les jambes faibles et flageolantes de la princesse, elles accélérèrent, encore et encore au point que chacune avant l'impression de flotter plus que de courir. Etait-ce la peur qui les portait ? L'adrénaline qui coulait lentement dans leur veine les poussant à fuir toujours plus vite comme des animaux apeurés ? Ou était-ce seulement le courage de Lyssandra, sa conviction inébranlable au devoir qui régissait sa vie qui les guida et soulevait ? Elles ne le savaient guère. À vrai dire, je ne le sais pas non plus, hier comme aujourd'hui, ne l'ai jamais su. Mais quelque sois cette nouvelle force, elle ne les abandonna pas. Elles coururent à en perdre halène dans les couloirs du palais, un vrai dédale quand on ne le connaissait pas. Elles coururent. Coururent. Encore et toujours. Elles sortirent enfin à l'aire libre aveuglait momentanément par les lueurs de braise de l'aube encore timide. Elles se crurent tirer d'affaire, sauver, libres comme l'aire mais un homme les attaqua. Lyssandra poussa la princesse hors de leur portée à l'un comme à l'autre, bloqua le coup puis repoussa l'épée. L'homme chargea une fois de plus visant la tête aussi flambante que le ciel de la jeune femme. Elle se baissa, vif comme le serpent, agile comme le félin qui ornait gracieusement sa cheville, et fit un croche-patte à l'homme. Il perdit l'équilibre battant piteusement l'aire de ses bras tentant vainement de le retrouver et tomba. Elle lui transperça l'abdomen dans un baiser glacé, n'ayant aucun remord à tuer, puis se retourna vers Jennie. Son sang se glaça quand elle la vit par terre, gisant dans une mare rouge, paraissant dormir. Dormir d'un sommeil sans rêve, léthargique, apathique. Lyssandra courut vers elle chérissant l'espoir de lui rendre le souffle de la vie, de revoir l'étincelle de curiosité qui lui aillait si bien mais il était trop tard. Trop tard pour espérer changer le cour du temps, trop tard pour espérer suivre sa mission, la tête haute, le cœur digne. Jennie était morte. Morte d'une longue ligne au ventre, de l'empreinte sanglante d'une épée, d'un espadon. Lyssandra, le cœur au bord des lèvres, venant de perdre celle qu'elle avait toujours considéré comme une amie, une sœur, ferma tristement ses yeux verts. Elle sentit de grandes larmes salées se former au coin des siens, rouler allègrement sur sa joue rougie par la course, se verser tendrement sur le corps moue de son amie, lui rendant un dernier hommage. La colère remplaça vite la tristesse. Elle entendit des pas derrière elle, sentit un regard lourd s'arrêter sur elle, perçut le froid d'une aura malfaisante qui lui arracha un long frisson malgré le courage qui n'avait jamais cessé de l'habiter. Elle déglutit malgré elle sentant chacun de ses muscles se tendre d'appréhension. Avant de se relever pour faire face au tueur de la princesse, pour venger son amie, elle prit le collier du cou de Jennie. Ce collier qu'elle avait promis de protéger au péril de son avenir, ce collier qu'elle allait protéger de toutes ses forces puisqu'elle n'avait su protéger sa propriétaire. Une fois debout, elle serra fort son épée et se prépara au combat. Face à elle se tenait un homme, plutôt grand. Son visage n'inspirait que la mort. Une grande cicatrice barrait son front et sa pommette passant sur un œil blanc, aveugle. Une cicatrice dont elle connaissait chaque détail, chaque infime détail puisque c'était elle qui la lui avait tatouée.

- Drosio, grogna Lyssandra

- Comme on se retrouve, répondit-il.

Se retrouver oui. Ils se retrouvaient belle et bien. Lui qui lui avait volé son mariage en lui volant son mari. Elle le connaissait et ne ressentait pour lui plus que de la haine et de la rancœur. Avait-elle eut un jour un sentiment autre pour cet homme ? Peut-être... Elle ne savait plus.... C'était si loin désormais. Lyssandra attaqua la première, il para avec une simplicité évidente. Tous deux se battaient avec la fougue de leur émotion, la colère et la peine pour elle, le désir de pouvoir et l'allégresse pour lui. Le combat continua ainsi rythmé par les coups d'épée, les attaques et les parades. Personne n'avait l'avantage. Tous deux étaient de force égales. Du moins en apparence. Jusqu'à que Lyssandra para trop tôt le coup suivant. Elle sentit la lame s'enfoncer dans sa peau, elle vit le rictus qui barrait le visage de Drosio. Étrangement elle n'avait pas peur, ni mal. Elle avait toujours su qu'elle mourrait l'épée en main, chevaleresque. Ainsi, seul le calme l'habitait, le calme et la raison. Elle savait que s'il récupérait les colliers se serrait la fin de la vie paisible qu'elle avait connu jusqu'alors, avait toujours désiré donner aux futures générations. Elle arracha donc le collier de son cou et le balança, lui et celui de Jennie, dans la rivière qui passait près de là. Le visage de Drosio se décomposa, ses yeux s'allumèrent d'une flamme de rage, il partit en courant vers la rive. Malgré lé situation, elle sentit un sourire fleurir maladroitement sur ses lèvres tremblantes. Elle n'allait pas lui laisser mettre son plan à exécution. Elle allait l'arrêter, même si c'était la dernière chose qu'elle ferait. D'un dernier effort, Lyssandra emprisonna ce monstre dans les eaux du ruisseau.

- Jamais je ne te laisserais faire du mal à ce qui me sont chers. Tu as déjà suffisamment réussi, je me sens mourir mais ta méchanceté mourra avec moi. Que les eaux dans lesquelles tes pieds sont glissés soit ta prison. Que cette rivière soit ton domaine et que tu ne puisses jamais en sortir. Je ne peux te donner la mort mais deux jeunes filles, sœurs, une princesse et une gardienne t'ôteront la vie. Que tu puisses souffrir dans tes derniers instants comme le monde a souffert par ta faute.

Un vague de pouvoir s'échappa de la gardienne et enferma Drosio dans la rivière. Elle observa le jeune homme hurler de frustration alors que son corps était engloutis lentement dans l'eau vaseuse, noyer par les tumultes des vagues qui s'étaient épris de lui. Elle se sentit tomber à genoux, à bout de force. Pourtant, elle continua à sourire paisiblement, à lorgner les flots danser suavement. Continua jusqu'à ce que seul les cris et les mots terrifiant qu'elle avait entendu ne reste du monstre qu'était Drosio. Les colliers brillèrent une dernière fois puis disparurent. Lyssandra regarda le fruit de son travail puis s'effondra morte.

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La Flamme du coeur - Cadeau D'anniversaire (Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant