Chapitre 16

94 1 0
                                    

"Ma Blonde ? Tu m'entends ?"

"Tu comptes répéter cette phrase longtemps ?"

"Aussi longtemps qu'il y aura besoin... "

"Tu vois bien que ça change rien, elle réagit pas plus maintenant que tout à l'heure...."

"Tais-toi ! Ma blonde ?"

"Ça va être très long... Soupira-t-il. "

"Arrête d'être aussi défaitiste, maugréa-t-elle, Ma blonde ! Réveille toi !"

"Je t'ai demandé de changer de technique, pas de me briser les tympans !"

Peu à peu, je me sentis reprendre connaissance. Dans mon esprit encore confus, j'eus l'impression que deux voix se détachaient dans la brume. Était-ce seulement le fruit de mes songes ? Était-ce réelle ? J'avais un mal fou à rester concentrer, déjà elles me paraissaient s'éloigner, se ternir, se noyer dans le noir qui entravait ma conscience, la griffer à la brider. Devais-je lutter contre ? La solitude de ma léthargie était presque réconfortante, lourde de sens et vide d'angoisse. Juste le rien. Mais au fond, une part de moi était indéniablement attiré par cette mélodie qui me rendait nostalgique. Pourtant, parfois l'ignorance avait du bon... Avais-je envie de connaître ce qui m'était inconnue ? De succomber à une curiosité qui ne semblait m'appartenir ? Alors que la fatigue allait avoir raison de ma réflexion, je me laissais peu à peu bercer par les ténèbres, border par ma conscience qui me filait entre les doigts. La douce voix, plus forte que jusqu'alors, parla plus fort. Non, cria, hurla à en perdre haleine. Ma blonde ? C'était ce qu'elle avait dit, ce qui avait semblé lui arracher le cœur. Ma blonde ? Je ne comprenais pas... Pourquoi un surnom, si c'en était bien un, aussi saugrenu me paraissait si familier ? Pourquoi sentais-je mon cœur battre plus vite ? Pourquoi me sentais-je attirée, encore et encore, vers lui ? Que voulait-il dire... Ma blonde... Eliona ! Suffoquant presque dans une énième inspiration, je me sentis reprendre une dernière fois conscience. Happée par la lumière, happée par la voix de ma meilleure amie. Je les entendais maintenant clairement se chamailler. Eux. Ezran et Eliona. Pourtant, je sentais qu'ils n'étaient pas physiquement à côté de moi... Non, c'était autre chose. À mon majeur, le froid de mon anneau se répandait dans ma paume, me rappelant que j'avais réussi à m'ancrer et que, étonnamment, je m'y étais accroché dans ma sombre confusion. Ils étaient dans mon esprit. Petit à petit, je me sentis revenir à la réalité. Je sentis un sol dur m'enlacer, un sol sentant sève et sel. Au-dessus de moi, j'entendais des pas, parfois danser avec allégresse, parfois frappant du talon avec frénésie. L'air autour de moi était lourd, pas spécialement froid, ni spécialement chaud d'ailleurs, juste lourd, presque étouffant. Je ne semblais pas être dans ma chambre. J'aurais aimé savoir où j'étais mais je me sentais aussi lourde que l'air... Si lourde... J'étais incapable de bouger, ma main ou ne serait-ce que simplement mes paupières. Scellées dans une promesse de songes que je ne voulais accepter, elles me soumettaient à rester dans le sombre de l'ignorance. Incapable oui, je l'étais. Je me résolus donc à me contenter de mon troisième œil, celui qui me montrait le monde de l'ancrage. Après avoir papillonné quelque instant, il s'ouvrit. À travers mes cils encore à demi fermé, je ne perçus d'abord qu'une lumière aveuglante, une lumière bien singulière, d'une pureté incomparable. Une fois accoutumé, je perçus les voûtes blanches de la salle publique de mon réseau de communication qu'avait créée l'éclat de diamant. Je m'assis difficilement, la tête tournant vivement. Glissant une main contre mon front, je sentis l'autre se fondre dans le nuage qui constituait le sol duveteux du salon.

La Flamme du coeur - Cadeau D'anniversaire (Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant