Je sentis l'air rentrer négligemment dans ma gorge et gonfler ma poitrine douloureusement. Je pris plusieurs respirations ainsi, affligeante et précipitée. J'ouvris doucement les paupières, rapidement aveuglé par le soleil qui n'était pourtant pas au zénith. Une silhouette se découpa au-dessus de moi et je dus plisser des yeux pour apercevoir la frimousse de Léoxi. J'eus un peu de mal à comprendre ce qui se passait, le cerveau encore bien embrumé. Le garçon était à cheval au-dessus de moi, les mains sur mon thorax et le visage près du mien. Je le vis devenir rouge pivoine puis se précipiter sur le côté pour s'éloigner de moi. Je me laissais rouler sur le côté, en chien de fusil, et me mis à tousser pour recracher le sang amer qui avait élu domicile dans ma gorge. Ezran, gêné, s'était mis à baragouiner une excuse. Je crus comprendre que ça tournait autour d'un massage cardiaque et, en soit, ce n'était pas irrationnelle. J'avais bien cru y passer. Je glissai ma main le long de mon ventre. Mes vêtements étaient encore imbibés de sang mais ma plaie semblait refermé. Que c'était bon de ne pas avoir à craindre de perdre ses organes ! Nous devions présenter une drôle d'image, de poster, ainsi : Constance me lorgnant d'un œil aussi mauvais qu'inquiet, moi-même essayant de reprendre le contrôle de mes pensées où des petits Olaf en maillot de bain danser, Ezran géné comme il ne l'avait jamais été. À tel point qu'il tenta de l'oublier en se retournant brusquement vers Constance et en lui assignant un regard noir.
- Elle aurait pu crever sans que tu ne fasses rien !
Je le regardai ahurie, qu'est-ce qui lui prenait ? Il était devenu fou, complètement fou. Je connaissais le personnage de cette furie presque mieux que quiconque et n'oserais pas m'y frotter, c'était du suicide. Pourtant, il continua à laisser affluer ses reproches, à l'insulter sans vergogne. La jeune femme répliquait, sanglante, et tous deux ne tardèrent à se lever et à monter sur des grands chevaux. Ce semblant de crise familiale me fit grimacer, il allait se faire écharper. Je me forçai alors à m'assoir, à me relever.
- Sérieux, t'es un danger pour elle ! Cria Ezran à bout de nerd, la conversation avait réellement dérapé.
- Ferme-la morveux ! S'énerva la future reine en l'empoignant par le col. Tu ne sais rien de nous, pièce rapportée. Je ne suis un danger pour qu'une seule personne et c'est toi. Je vais te faire gouter à l'étendu de ma magie, te lacérer, te faire hurler, te faire saigner. Si bien que tu me supplieras de m'arrêter, alors tu te rappelleras de ne plus jamais tourner autour de ma sœur et tu regretteras de ne pas t'être tu lorsqu'il en était encore temps...
Elle faisait terriblement froid dans le dos. Pourtant, le garçon ne détourna pas le regard de ses yeux se noyant dans une flamme de haine non dissimulée. Je posai une main au sol pour me relever. Elle allait l'étriper. Elle attrapa sa mâchoire dans sa deuxième main, déjà ces longs ongles sombres dessinaient leurs empreintes sur sa peau. Prenant un rôle de médiatrice avant que ça ne dégénère encore, je leur criai d'arrêter. Ma voix sembla se perdre. Tous deux m'ignorèrent. Me mordant légèrement la lèvre quand le monde se mit à danser sous mes yeux je me levai et titubai jusqu'à eux.
- Constance, lâche le !
Une fois encore mes mots ne parurent pas les atteindre. Ils continuèrent à se foudroyer du regard, s'insulter. Elle le souleva avec la force de la colère si bien qu'Ezran frôlait à peine le sol. Mon cœur s'emballa, elle allait en faire de la charpie. Pourquoi Elias avait-il créé un personnage aussi instable déjà ? Je posai une main pour la forcer à me regarder. Évidemment elle n'en fit rien. J'utilisais ma magie pour dévier ses messages nerveux et lui administrer une légère décharge électrique en lui sifflant :
- Constance, lâche la ! Tu vas lui faire mal !
La surprise lui fit étonnement obéir. Le garçon tomba lourdement au sol. Une longue trace carmin lui soulignait la mâchoire là où l'ongle de "mon" ainée l'avait mordu. Je me précipitai pour l'en soigner. La main brulante de vitalité, je la laissai glisser lentement près de la blessure du garçon en jetant un regard noir et accusateur à la jeune femme. Aucunement accablé ou contrit, elle se contenta d'hausser des épaules et de porter un regard suffisant sur le garçon assis. J'inspirai profondément pour ne pas lever les yeux au ciel et raviver sa fureur consciente qu'il était inutile que je m'énerve contre un personnage d'encre. Je lui priai donc d'une voix que j'espérais sincèrement posé à l'image d'Arya d'aller chercher les chevaux parce que cet endroit me donnait la nausée. Elle tourna presque brusquement les yeux sur moi ignorant désormais le garçon. Elle ressemblait parfois réellement à un robot, une automate que son éducation stricte avait modelé. Elle accepta d'un léger signe de tête avant de tourner le talons la démarche presque féline. Je la regardais partir en me laissant tomber au sol. Je me rendis seulement compte à quel point mon cœur battait vite d'appréhension quand elle était près de nous. Son aura et sa prestance étaient véritablement étouffantes. Elle claqua distinctement des doigts et tous les cadavres qui jonchait encore la cour dévirent des grains de sables noirs, de poussières. Oui, elle était puissante. Peut-être même trop. Lorsque nous avions créé ces sœurs avec Elias nous n'avions pas conscience de la force des mots. Aujourd'hui je le sais. Un mot, mal utilisé, et bien plus dangereux que n'importe quel poignard, aussi acéré est-il. Je vis la silhouette de la jeune femme se flouter comme si elle traversait une vague de brouillard puis disparaitre comme toutes les autres traces des combats antécédents. Ne restait dans la cour que nous deux. Je me relevai à nouveau sans une parole pour le garçon, m'éloignai vers la salle de sport sans un regard. Mine de rien, j'étais furieuse contre lui. Il aurait pu se faire tuer, me faire tuer. Il m'avait consciemment désobéi, ignorer, enfreint mes dires. Plus que cela encore, il avait manqué de respect envers Eliona qui, elle, n'avait rien avoir avec tout ça. J'arrivai devant la porte vitrée de la salle. La jeune fille avait arrêté d'appuyer frénétiquement sur la poignée dans l'espoir de se libérer, elle attendait, impassive, les bras croisés sur sa poitrine, qu'on daigne lui ouvrir. Ezran grimaça en voyant que le poignard qu'il avait glissé pour bloquer la porte avait disparu, l'aura que sa magie avait tissé et qui avait enveloppé la pièce avec. Je ne pris pas la peine de lui répondre observant la barrière bien plus matérielle qu'imaginée. Oui, le poignard avait disparu, pourtant, la porte ne bougeait toujours pas. La lame de l'arme avait dû briser la serrure. Usant de ma colère comme force, j'enfonçai la porte d'un coup de pied ignorant le vertige qui m'enlaça quand je pris ma forme naturelle laissant s'envoler magie, apparence et énergie appartenant à Arya. Ezran glissa une main, plus petite, plus blanche que celle de Léoxi, sous mon coude pour me soutenir. Je m'en défis rapidement ne souhaitant pas paraitre plus faible que je ne l'étais. Je fis un pas dans la pièce suivit de près du garçon. Eliona nous regarda avancer silencieusement puis, lorsque nous fûmes à sa hauteur, fondit sur Ezran. Un claque sec retentit dans la pièce, silencieuse où le temps semblait pendu aux doigts pales et manucurés de ma meilleure amie. Hébété, le garçon la regarda bouche baie tandis qu'une empreinte rouge se dessinait déjà sur sa joue.
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La Flamme du coeur - Cadeau D'anniversaire (Réécriture)
FantasyEnola, adolescente qui va sur ses 15 ans, offre un joli collier pour l'anniversaire de sa petite sœur, Alyssa. En en gardant un similaire, elle est bien obligée d'admettre qu'elle ressent une drôle d'attraction pour ces bijoux. Ce qu'elle pourra exp...