Chapitre 41

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Il y avait de ces moments où vous sentiez tout au fond de vous que ça allait bouleverser votre vie. Ces moments qui semblaient écrits d'avance pour souligner leur irrémédiabilité. Cette discussion avec Matt, paraissait autant inévitable qu'essentiel. Je me tournai vers lui le coeur battant la chamade. Mes joues me brûlaient tant j'étais consumée par la honte. Je commençais à regretter d'avoir avoué ces mots, bien que j'admettais au fond de moi qu'il fallait que ça sorte.

- Je suis désolé, chuchota-t-il alors que j'essayais d'éviter son regard.

De quoi? De ne pas m'aimer? Les sentiments ne se contrôlaient pas.

- Tu n'as pas à l'être. Je pense que je suis passée au travers de tout ça, répondis-je en affrontant son regard clair.

Il émit un rire qui me sembla désabusé avant de secouer la tête à droite à gauche.

- C'est tellement ironique tout ça.

Je fronçai les sourcils me demandant intérieurement s'il n'avait pas pété un câble. Ça ne m'aurait pas étonné vu la pression sur ces épaules ces dernières semaines. Son père était très exigeant vis-à-vis de ses notes alors les périodes d'examens étaient toujours sources de stresse pour. Ajouté au fait qu'il venait de rompre avec la seule fille avec qui il est jamais sorti et que son meilleur était quelque part dans ce monde mais que personne ne savait où et s'il allait bien. Il y avait de quoi craquer.

- Qu'est-ce ce qui est ironique?

- Le destin et son sens du timing... Je n'aurai jamais pensé sortir avec Lana un jour. En quatrième, la fille qui me plaisait était une fille simple, drôle, généreuse mais cette fille était toujours avec son meilleur ami qui me fusillait du regard à chaque fois que je posais les yeux sur elle.

Je sentis mon coeur faire une embardée dans ma poitrine. Je n'osais croire à ce qu'il sous-entendait parce que ça me paraissait trop beau pour être vrai. Il ne pouvait pas parler de moi. Mais en même temps, il y avait une part de moi qui espérais être cette fille.

- Dis moi que tu ne parles pas de moi parce que si c'est le cas je risque de fondre en larme devant l'absurdité du destin, implorai-je d'une voix pathétique.

J'étais toujours debout devant lui et menaçais de m'écrouler les genoux par terre.

- Tu me plaisais depuis la sixième, ma mère m'avait dit de t'offrir des fleurs. En chemin vers l'école, j'ai acheté une marguerite chez le fleuriste qui paraissait amusé devant ma mine incertaine. Je t'ai offert la fleur mais tu ne m'as jamais rien dit...

J'avais envie de pleurer mais je me retenais. Alors pendant tout ce temps où je croyais être invisible à ses yeux, il me voyait. Si ce n'était mon sérieux manque de confiance en moi-même, des tas de choses auraient pu se passer. Tout d'un coup, je repensai à ce rêve que j'ai fait ici-même, dans ce lit. Ça aurait pu être la réalité. Si seulement...

- J'ai toujours gardé la fleur, je l'ai même épinglé sur un mur de ma chambre. Maintenant, ce n'est plus qu'une vieille brindille mais je n'ai jamais oublié ce jour-là. Car je crois que c'est à partir de ce moment que j'ai commencé à développer des sentiments pour toi. Tu étais tellement différent des autres garçons de notre âge, plus mature, plus beau aussi. C'est dingue mais je n'ai jamais eu le souvenir que tu aies eu même un acné. Pourtant, l'adolescence est plutôt connu comme un âge ingrat.

Cette fois-ci, son rire était franc.

- Et pourtant, j'en ai eu des acnés mais principalement au front. La mèche sur le front c'est pour camoufler les cicatrices, démentit-il en repoussant ladite mèche avec un sourire en coin.

Valse ou Tango [EN CORRECTION ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant