Chapitre 42

24 5 0
                                    

- Tu ne peux pas partir, tu n'en as pas le droit. On a encore plein de choses à apprendre l'un sur l'autre. Tu m'avais promis que tu danserais pour moi. On a tellement de choses à vivre tous les deux. C'est injuste Kelian!

- Quand j'ai pris cette décision je n'étais pas sûre qu'il existait encore un nous. A vrai dire, c'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai décidé de partir plus tôt...

- Tu vas annuler hein? Parce qu'on est de nouveau ensemble et que notre histoire ne peut pas se terminer ainsi, demandai-je d'une toute petite voix au bord des larmes.

Il soupira avant de se passer la main dans ses cheveux. Je devais être pathétique devant lui avec mon immonde bonnet vert enfoncé sur mon crâne et mon visage d'une paleur cadavérique.

- J'ai déjà appelé le rectorat pour leur dire que je venais en janvier au lieu d'attendre l'automne prochain.

J'ai hoché la tête faisant mine de comprendre alors qu'au fond de moi je criais à l'injustice. Il n'avait pas le droit de partir, de me laisser alors que je venais tout juste d'assumer mes sentiments pour lui et uniquement lui.

- C'est définitif?

- Je n'y vais que pour les études, j'ai fini par admettre que c'est ici chez moi. Même si il y a de mauvais souvenirs liés à cet endroit, des gens que je préférerais éviter c'est chez moi. Alors oui je reviendrai mais je ne peux pas te demander de m'attendre, ce serait injuste.

Un puissant sentiment de détresse s'abattit sur moi et je me laissai tomber dans le canapé tout près de moi. Je me sentais épuisée mentalement de toutes les émotions qui m'avaient assailli durant la journée. Donc c'était vraiment fini malgré tous mes efforts pour y remédier. Ça faisait encore plus mal que la première fois. Ma poitrine me faisait mal comme si mon coeur menaçait d'exploser.

- Quelles sont les autres raisons?

Il me dévisagea un peu perdu avant qu'il comprenne où je voulais en venir. Par contre le sujet ne semblait pas trop lui convenir puisqu'il se raidit.

- Mon passé qui est en train de me rattraper. J'ai revu un garçon que ma bande et moi avions l'habitude de martyriser. On n'avait vraiment rien contre lui c'est juste qu'un jour Conrad qui était le plus bête de la bande l'a pris pour cible juste pour déconner et le fait qu'il n'ait pas répliqué l'a incité à continuer. La machine était lancée et moi j'étais là en spectateur trop pétrifié pour faire quoi que ce soit. J'étais encore plus coupable qu'eux parce que je n'avais jamais rien fait pour m'interposer. On a complètement détruit ce garçon. Il n'avait pas vraiment d'amis car son physique ne correspondait pas aux normes surperficiels de ce lycée de malheur alors les autres élèves laissaient coulés et faisaient comme s'ils ne voyaient rien. J'ai l'ai revu il y a deux mois de cela, il habite cette immeuble. Chaque fois que je vois, toute ma culpabilité m'explose à la figure et je me sens monstrueux. Le pire ça a été quand il m'a reconnu, j'ai vu la peur dans ses yeux. Et j'ai compris que nous ses bourreaux, nous le poursuivrons à jamais jusque dans sa tombe. Le pire c'est que j'étais devenu ces mêmes monstres qui avaient persécuté ma soeur pour quelques minutes de gloire.

Des larmes ruisselaient sur ses joues creuses pour atterrir sur son t-shirt. Je me sentais tellement mal pour lui. Je savais que son passé le tourmentait mais je ne pensais pas que c'était à ce point.

- Donc tu allais quitter Portland pour mettre de la distance entre toi et ce garçon? Tu penses vraiment que c'est la meilleure chose à faire?

Il ne répondit pas, gardant la tête baissée sûrement par honte. Cette vision me broya le coeur. Je me levai pour lui faire face. J'essuyai ses joues doucement avant de relever son menton délicatement de l'index.

Valse ou Tango [EN CORRECTION ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant