— Dans les Pyrénées.
Son regard acier ne me quitte pas une seule seconde. Il m'a transporté des Vosges jusqu'à l'autre bout de la France. Est-ce que tu sais au moins à qui tu as affaire, louveteau ?
— Pourquoi tu ne sens pas le loup ? demande-t-il de but en blanc.
Un rire sonore s'échappe d'entre mes lèvres. C'est vrai que je ne devrais pas en attendre moins des aspirants alphas du Sud. Ils ne se tiennent pas au courant de ce qu'il se passe ailleurs que sur leur territoire. Pourtant, il est venu chez nous pour une raison.
— Parce que je ne suis pas une louve-garou.
Ashton hausse un sourcil, circonspect. Il tend la main vers mon poignet mais je l'esquive brusquement. Ma tigresse rugit, prête à en découdre.
— Ce n'est pas possible, souffle-t-il en franchissant la distance qui nous sépare encore. Mon loup a immédiatement réagit à ta présence, Léonie.
Donc non seulement il m'a kidnappé, déshabillé, mais en plus il a fouillé dans mon portefeuille. Bravo louveteau. Ma tigresse manque de prendre le contrôle lorsqu'il approche de nouveau ses sales pattes de mon corps. Mes réflexes primant, j'immobilise ses poignets de part et d'autres de son corps.
Sa peau est étonnamment douce pour un rustre comme lui. Cette distraction m'empêche de réagir quand il crochète mes jambes, me faisant lourdement tomber sur le dos dans le lit. Il se jette sur moi, bloquant mes poignets au-dessus de ma tête, son autre main sur ma taille. Cette fois, je laisse ma tigresse s'exprimer.
Je rugis durement, mais mes sens engourdis par ce réveil et la drogue ne me permettent pas de réagir rapidement. Ashton affiche un sourire narquois, jusqu'à ce que je me dégage, en lui assénant un coup sec dans les côtes. Il se tord de douleur, mais semble encaissé.
Je me redresse et m'éloigne de lui, sans lui laisser le temps de broncher.
— Qu'est-ce que je fais ici ?
Le ton de ma voix est dure. Je n'ai pas la patience de me battre avec des loups dissidents, surtout des kidnappeurs et des arrogants caractérisés. Le loup porte un regard sans émotion sur moi, tout en se tenant la côte là où je viens de le frapper. Mais il reste assit sur le lit.
— Ta meute refuse d'aider la mienne depuis des semaines, malgré toutes les demandes que je vous ai adressé. Tu es mon otage.
Je hausse un sourcil. La colère et la peur laissent progressivement place à la confusion. De quoi est-ce que tu parles, louveteau ?
— Ce n'est pas monté jusqu'à l'alpha de la meute du Diamant Rouge, surprenant, raille-t-il. La meute Emeraude ne veut rien faire pour nous, parce que nous sommes partis. Je vais forcer la tienne à nous aider, en te gardant ici. Tu es autant en danger que nous, à présent. J'ai adressé une lettre à ton âme-soeur, explique-t-il, la rançon est l'aide des tiens. Le plus rapidement il accepte, le plus rapidement tu peux rentrer chez toi.
— En danger de quoi ?
— Des puma-garous.
Des quoi ?
Mes yeux doivent s'écarquiller sous la surprise, parce qu'Ashton éclate de rire. Les pumas vivent en Amérique depuis la nuit des temps. Ils n'ont jamais voulu se mélanger avec les métamorphes européens, ne sont jamais venus sur notre territoire et refusent le contact avec nous. Comme tous les félins, sauf les lions, ils n'ont jamais formé de meute à part entière. Ce sont des animaux capables d'une violence rare et incapables de penser collectif.
Qu'est-ce qu'ils viennent faire là-dedans ?
— Ils attaquent notre meute depuis plus d'un mois. La moitié de mes loups sont morts. La meute Emeraude doit être bien contente qu'ils fassent le sale travail pour eux.
— Tu n'aurais pas pu me poser la question directement ?
— Je n'accepte pas non comme réponse, je t'ai pris cette possibilité.
Je réprime la réaction de ma tigresse, qui veut lui sauter à la gorge pour lui arracher la tête. Mes muscles tremblent de colère, néanmoins. Je suis obligée de détourner le regard, trop dégoûtée par la situation. Mes yeux se perdent à contempler les feuilles des arbres au loin, tandis que mes émotions explosent à l'intérieur de ma tête. Je ne sais plus si je veux le tuer, hurler ou m'enfuir d'ici immédiatement.
— C'est bien une phrase de violeur ça, craché-je au bout d'un long silence.
Ashton ricane. Il se lève et s'approche de moi dangereusement. Je recule jusqu'à ce que la commode dans mon dos se cogne contre mes fesses. Mes pensées s'embrouillent, mon organisme ne doit pas avoir encore complètement éliminé la drogue. Le loup redresse mon menton du bout de l'index. Son regard bleu-gris envahit le mien, de façon menaçante.
— Je te promets que quand je poserai ma main sur toi, tu te seras consentante, murmure-t-il avant de s'éloigner.
Le jeune homme s'écarte de moi et claque la porte derrière lui. Je me précipite à sa suite, bien décidé à lui montrer de quel bois je me chauffe. Mais la nausée m'attaque brutalement. Une nouvelle fois, je manque de tomber par terre. Rien ne va dans cette situation. Je suis affaiblie, en territoire ennemi et à la merci d'un abruti arrogant.
Quand ma main se pose finalement sur la poignée, celle-ci ne bouge pas. Il l'a verrouillé. J'autorise ma tigresse à émettre un grognement de frustration, quand à bout de force, je retombe dans le lit.
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Entre tigre et loup
WerewolfLéonie Presteau se réveille dans un chalet perdu au milieu de la forêt, dans les montagnes pyrénéennes - bien loin de ses Vosges natales. Le ténébreux alpha Ashton Marci l'a kidnappée pour une raison bien précise. Mais il n'avait pas prévu qu'elle s...