Chapitre 9 partie 2 - Léo

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Le seul vêtement qu'il porte est un caleçon. Donc, non seulement il est venu ici cette nuit, mais en plus il est venu à moitié nu. Je décide que cette joute silencieuse a trop duré quand une nouvelle nausée me submerge. Je me lève précipitamment du lit et me jette sur la porte, qui pour la première fois, s'ouvre sans peine.

Je cours jusqu'à la salle de bain et claque la porte derrière moi. J'ai à peine le temps de m'agenouiller devant la cuvette que des spasmes s'emparent de mes muscles. Je rends le peu qu'il y a dans mon estomac en gémissant. C'est horrible...

Mon corps continue à être secoué de spasmes, même si je n'ai plus rien dans mon estomac. Au bout d'un moment, la nausée disparaît et mes muscles se détendent. Je me relève, tire la chasse et lave ma bouche. Mais quand je croise mon regard dans le miroir, je craque. Mes cernes descendent quasiment jusqu'au milieu de mes joues, qui sont moins rebondis que d'habitude. Mes cheveux sont ternes et décoiffés. Mes larmes envahissent mes yeux aux iris éteintes et je les laisse couler librement. Je blottis mon visage dans mes mains tandis que mon corps est secoué de spasmes différents, de douleur cette fois.

J'attends que mes larmes se tarissent, puis rince mon visage avec de l'eau fraîche. Les traces salées disparaissent de mon visage, en même temps que la peine que je viens d'extérioriser. Je dévisage mon reflet, mes iris ont retrouvé un peu de leur intensité. J'attache mes cheveux en chignon décoiffé avec une mèche sans me quitter du regard.

Il faut se montrer forte, si tu veux survivre ici. Respire, ça va aller.

Après m'être auto-convaincue pendant deux bonnes minutes, je me compose une expression neutre et sors de la salle de bain.

Ashton est dans la cuisine, visiblement en train de préparer le petit déjeuner. Même si toutes les fibres de mon corps me dictent de faire demi tour, ainsi que mon instinct, je marche vers lui. Ce qui est étonnant pour lui, il a respecté ma vie privée dans la salle de bain. Je ne m'attendais pas à cela de sa part.

Il pose un mug de café fumant en face de moi quand je me hisse sur un tabouret, en face de lui. Je viens de me réveiller, mais je suis déjà épuisée. J'évite son regard quand il se pose sur moi, pourtant je sens ses iris brûlants analyser mon visage et mon corps. Mais je l'ignore royalement.

一 Pourquoi tu es encore malade ?

一 À toi de me le dire, réponds-je d'un ton égal.

J'avale une gorgée du liquide noir, et ça me fait un bien fou. Il réchauffe mon coeur sur son passage. Je ferme à moitié les yeux, profitant de cet instant de paix, suspendu dans le temps. Mais une voix vient gâcher mon plaisir, me ramenant brutalement à la réalité :

一 Je ne t'ai rien donné.

一 C'est ce que tu...

一 Et ton système devrait avoir éliminé la drogue que je t'ai donné.

Je hausse un sourcil en plantant mon regard dans le sien. C'est à toi de répondre à cette question, louveteau.

一 Les tigres ont les pouvoirs de guérison les plus avancés.

Je ne peux pas contenir un ricanement moqueur. Les croyances sur les tigre-garous sont tenaces. Beaucoup de métamorphes pensent que nous sommes capables de guérir d'une blessure en quelques heures, ou d'étendre nos capacités télépathiques entre âme-soeurs à des kilomètres de distance. Tout ça parce que nous sommes plus forts qu'eux. Mais la vérité réside là : nous sommes plus forts et plus coriaces que les autres espèces de métamorphes. Nous n'avons pas de super-pouvoir, nous savons juste utiliser notre cerveau et encaisser les coups mieux que les autres.

一 Dans l'imaginaire collectif oui.

Ashton ne semble pas s'en formaliser, même si son regard devient légèrement plus dur. On n'aime pas être moqué louveteau ?

Il dépose un bol rempli de porridge au chocolat devant moi, avant de prendre place en face de moi et de commencer à manger le sien.

一 Qu'est-ce qui t'arrive ? insiste-t-il.

Son ton est froid cette fois. Il me fixe avec insistance, mais je n'ai aucune réponse à lui apporter. Je ne sais pas ce qui se passe moi-même, enfin, je pense que c'est lui qui me rend malade. Il me touche de force et je vomis. La raison de cette réaction me semble assez clair.

Qu'est-ce qu'il croyait ? Que j'allais me jeter dans ses bras et le laisser me forcer ? Il pensait - sérieusement - que j'allais aimer ça ? Non seulement il a menti, puisqu'il m'a dit que le jour où il poserait la main sur moi je serais consentante et ce n'était pas le cas, mais en plus c'est un abruti. Ce loup ne connaît visiblement pas la définition du consentement, ou alors il la déforme comme il le veut quand ça l'arrange.

Tremblante de colère, j'avale mon porridge et mon café d'une traite. Puis je rejoins la chambre, sans adresser un seul mot à Ashton. La grève de la parole est mon droit, et je compte bien en user. 

Entre tigre et loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant