Chapitre 12 partie 4 - Léo & Alex

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* Léo *

Les formes floues devant moi bougent trop rapidement. Mes yeux veulent se fermer, ma tigresse veut se rebeller. J'entends évasivement une porte s'ouvrir. Je sens qu'on me tire alors que je lutte pour trouver un appui. Il y avait bien un mur ici ?

Je comprends confusément que ce n'est pas l'alcool qui m'a mise dans cet état. La main sur mon bras devient soudainement menaçante. Mais mes pupilles grandes ouvertes sont aveuglées par la lumière de la pièce. Blanc, blanc, blanc... Je ne discerne pas les traits de la personne tandis que je me débats. La douleur ne monte pas jusqu'à mon cerveau lorsque je me dégage enfin. Mais je m'effondre au sol. Je ne suis pas en état de courir...

Léo, c'est moi, fais-moi confiance.

Deux bras m'attrapent, mais mon esprit confus ne comprend pas ce qu'il se passe. J'essaye désespérément de le faire lâcher prise, mais mes forces s'amenuisent. Je sens quelque chose de froid sous mes paumes lorsqu'une nouvelle vague de nausée me submergent.

Je vais tenir tes cheveux. Il faut que tu vomisses, d'accord ? souffle-t-il à mon oreille.

Ma bouche est comme scellée, incapable de sortir le moindre son. Je ne veux pas vomir, je refuse. Mais la nausée suivante ne me laisse pas le choix. Je m'agrippe à la matière froide sous mes mains, rendant tout ce qu'il y a dans mon estomac. Mes sanglots se mêlent confusément au reste de mes émotions, tandis que la peur disparaît. Mais, la peur de qui au juste ?

Chut, je suis là maintenant... C'est très bien, me rassure-t-il avec tendresse. Tu n'as rien à craindre.

Et brutalement, tout redevient clair. Je suis agenouillée devant une cuvette. Alexandre a enroulé un bras autour de ma taille, il soutient mes cheveux de son autre main. Son torse pressé contre mon dos dégage une chaleur rassurante, contrastant avec le froid du carrelage sous mes genoux. Il est venu me chercher...

Oh... c'était sa peur à lui...

Qu'est-ce qu'il s'est passé ? articulé-je avec peine.

Son odeur musquée envahit mes narines, faisant ralentir les battements effrénés de mon coeur dans la minute. Le jeune homme m'aide à me relever. Puis il me débarbouille, devant l'évier, prenant soin de ne pas me faire mal. Je remarque alors que son oeil droit est en train de bleuir, que sa joue est écorchée et sa lèvre blessée. Mon regard se durcit et j'en oublie ce qui vient de se produire.

Qui t'a fait ça ? demandé-je avec sévérité.

Toi.

Je ne sens pas d'animosité dans notre lien lorsqu'il dit ça. Pourtant, ça me brise le coeur. Je t'ai frappé ?

Non, tu étais droguée et tu ne m'as pas reconnu. Tu t'es débattue comme une tigresse alors que j'essayai de te mettre en sécurité, éclaircit-t-il, comme s'il avait lu dans mes pensées.

Oh. J'ai dû dire ça dans notre lien.

Oui, tu l'as dit dans notre lien, souffle-t-il.

Je suis désolée, soufflé-je avec douleur.

C'est rien Léo, je sais que tu ne l'as pas fait intentionnellement.

Nos yeux se rencontrent enfin, une fois qu'il a finit de nettoyer mon visage. Ses iris noisettes me fixent avec bienveillance.

Une vérité m'éclate alors au visage. Il a traversé Epinal pour prendre soin de moi, parce qu'il a senti à travers notre lien que je n'allais pas bien. Il est venu m'aider et je l'ai remercié en le frappant. Pour la énième fois depuis trois ans, les larmes piquent mes yeux. Je ne suis qu'une gamine ingrate avec lui, alors qu'il m'a prouvé à maintes et maintes reprises que je peux lui faire confiance. Sa réaction de ce soir n'en ait qu'une autre manifestation criante.

Et moi je te remercie en te frappant...

C'était involontaire, corrige-t-il, tu te sentais en danger.

Je secoue la tête. Même si la confusion m'a quitté, que la drogue a été évacué, je me sens encore perdue. Puis une autre réalité me percute. Qui m'a drogué ?

On trouvera le responsable.

Le ton d'Alexandre est rempli de colère. Je le vois serrer les poings avec hargne. Quelqu'un s'en est pris à son âme-soeur, j'aurais réagi de la même façon. Et soudainement, une autre vérité m'apparaît avec une clarté déconcertante. Je ne veux pas le faire attendre encore. Je veux officialiser notre lien, accepter la connexion entre nos deux âmes, le reconnaître comme mon âme-soeur et enfin, commencer cette relation avec lui.

Mes sentiments prennent le dessus, ceux que j'essaye d'enfouir au plus profond de mon coeur depuis quelques années. Je t'aime Alexandre, indéniablement et inconditionnellement.

Moi aussi, je t'aime, souffle-t-il.

Alors, le plus naturellement du monde, Alexandre attrape mes cuisses et me soulève contre son torse. Il plaque mon dos contre la porte des toilettes tandis que je panique à l'idée qu'il m'embrasse. Je viens de vomir et...

Appelle-moi Alex, murmure-t-il à quelques centimètres de mes lèvres, et je m'en fiches.

Son souffle chaud contre ma bouche réveille tout à coup la chaleur que j'ai aussi tenté d'étouffer. Mon corps se languit du sien depuis trop longtemps. Ma tigresse ne rêve que de ce contact physique depuis maintenant trois ans. Je nous ai suffisamment fait attendre depuis tout ce temps...

Tu es sûre ?

Un râle m'échappe alors que j'enroule mes bras autour de sa nuque.

Est-ce que je peux t'embrasser ? demande-t-il.

Oui...

Ses lèvres fondent les miennes. Leur avidité est mesurée par la douceur du jeune homme. Je me sens fondre dans ses bras, tandis que la chaleur éclate dans mon corps. Notre lien devient plus fort que jamais et je sens le bonheur d'Alex. Ce sentiment me fait tourner la tête, chassant la confusion et la peur à bien plus tard. Pour ce soir, je veux profiter à fond de mon âme-soeur et de notre amour.

J'ai enfin ouvert les yeux sur la constance et la mesure du jeune homme, et sur la solidité de notre lien. Je peux lui accorder tout ma confiance sans prendre de risque. Alors je m'oublie dans ses bras, répondant avec ardeur à son baiser. 

Entre tigre et loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant