Chapitre 7 : Le dernier esprit libre

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Autrefois Ophélia avait appris à aimer l'humanité telle qu'elle était, malgré ses défauts. Mais aujourd'hui cette humanité n'est plus la même. En subissant tout ce qu'elle a enduré, n'importe quelle âme serai brisé. Elle est maltraitée, isolée et méprisée ; tout cela pour la seule raison d'être faible, bien trop faible pour avoir un semblable, un ami dans cette école.

Avoir connu une société plus juste et avoir auparavant aimé le genre humain, tout cela pour voir ce qu'il est devenu la fait d'autant plus souffrir. Elle ressent une nostalgie et un manque permanant, en plus d'une indignation et d'une amertume compréhensible.

Cela va faire une semaine qu'Edgar Winkle lui a ordonné de se joindre à son entreprise.

Quand sentant l'heure venir, elle monte sur le toit et regarde les alentours à travers un grillage soutenu par des barres de fer. Elle est encerclée. Drôle d'accueil pour ce qui est censé être une invitation. Un homme vient à elle, lui demandant de le suivre. Elle refuse

Winkle monte, de puissants hommes à sa suite. Une dizaine d'élève observe à l'abri. Parmi eux il n'y a que Jack qui ne se tient pas à couvert par confiance en ses capacités.

Alors qu'elle regarde ses ennemis d'un air indifférent, son regard croise celui de l'homme qu'elle déteste le plus au monde. Celui-ci l'observe : elle a abandonné l'uniforme de l'école contre un débardeur noir et un short court. Il est clair qu'elle pense à défendre sa vie au combat rapproché.

- D'après ce que je peux voir tu refuses mon offre ?

Elle ne prit même pas la peine de répondre. Son silence fut interprété comme un oui.

- Dit moi Ophélia, pourquoi est tu venu dans ce monde ? La mort viendrait elle te chercher si tu venais à tomber aujourd'hui ?

Sur son visage, dont l'expression montre une solide préparation psychologique au combat, s'ouvre un mince sourire, un sourire peut être un peu triste :

- Qui sait ?

Son interlocuteur en revanche en affiche un large. La situation semble grandement lui plaire.

- Je reconnais bien là l'esprit de la lune qui par fierté n'a jamais fait de pacte avec un humain. On t'appelait même l'indomptable. On a beau dire tu es bien bas. Malheureusement pour toi en plus de ça la pleine lune est bien loin. Je tremble d'excitation à l'idée de soumettre le dernier esprit libre.

A la grande surprise de tous, l'homme s'en va sur ces mots :

- Je leur ai demandé de te ramener plutôt vive. Mais peu importe la manière, ils ont pour consigne de faire durer le combat le plus longtemps possible. Il faut bien montrer à quel point tu es misérable ! Enfin, considère ça comme une dernière chance de te ranger de mon côté. Sinon, ce qu'il t'attend ce n'est qu'une longue souffrance. Qui sait ? Peut être accompagné de torture une fois que tu seras entre mes mains. Ne t'inquiète pas au pire seule la mort t'attend. Sur ce, j'y vais.

Ophélia avait anticipé ce mépris, mais elle n'en tirait aucune satisfaction. Aussi son visage non plus n'en manifestait pas. Ce facteur, le mépris, était pourtant essentiel pour sa survie aujourd'hui. Pour elle qui n'accordait presque plus aucune importance à sa propre vie, il avait été facile d'accepter de la mettre en jeux pour confirmer ses soupçons.

Dès le départ de cet ignoble individu, les hommes se jetèrent sur elle.

Pendant dix minutes, elle était attaquée en continu, ne faisant qu'esquiver. Au fur et à mesure du combat elle cessa de présenter son visage indifférent. Sa vie passée était plus qu'une simple connaissance, elle revivait son passé, retrouvant les sensations qu'elle avait perdu. Le caractère aux émotions que les épreuves avaient enfouies fit face à celui que Victor avait relevé. Comment avait-elle pu oublier ses émotions ? La partie pleine de vie en elle refit surface. Ses émotions étaient comme libérés. Elle était en colère, ce n'était pas difficile de déceler.

La jeune fille sous la luneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant