Chapitre 12 : Exécution publique (partie 1)

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Le jour se lève dans la rue. Les rayons du soleil dévoilent petit à petit deux poteaux fermement planté dans le sol. Au centre du ces colonnes se trouve une personne à genoux, les bras maintenus en l'air par des chaînes qui la lie au sommet de ces mêmes piliers. Sa tête penche fortement sur sa poitrine. Des cheveux blonds devant la figure achèvent de cacher son visage. La jeune femme ne bouge pas, elle a certainement perdu connaissance. Autour d'elle, des gardes empêchent la foule de s'approcher. Elle reste là, sans explication, jusqu'au début de l'après-midi. Pas un bruit, pas un mouvement, les gens se demandent si elle n'est pas déjà morte.

Enfin, un homme entre dans ce cercle, il est connu comme l'homme le plus puissant de son temps. Il marche calmement et se place à côté d'elle. Puis il la prend par les cheveux et lui relève la tête. Une coulée de sang sur la tempe, les yeux clos, il est évident qu'elle est dans un état physique déplorable.

- Vous n'êtes pas sans savoir que depuis peu, quelqu'un se dresse contre la famille Winkle et cherche à se rapprocher des faibles. J'ai entendu dire que les impotents l'appelait "la femme fantôme". Certains d'entre vous ont crû que cette fille serait leur délivrance. Regardez comme elle est pitoyable !

Puis il se tourne vers elle, relevant un peu plus sa tête, il s'accroupit pour lui demander :

- Ophélia, je ne te demanderai pas ta dernière volonté car je ne l'exécuterai pas. En revanche dépêche-toi de dire tes derniers mots. Puis il la lâche, sa tête retombe doucement et retrouve sa position initiale.

- Pourquoi ?

Ses quelques mots ne sont qu'un murmure d'une voix faible et tremblante, mais avec le silence qui l'entoure tout le monde l'entend clairement.

- Pourquoi est-ce que dès que l'humanité connaît un progrès, qu'il soit surnaturel ou autre, pourquoi en abuse-t-elle ? L'homme devrait avant tout prendre conscience de ses responsabilités. Pourquoi l'homme agit-il comme un enfant sans recul, qui abuse de sa force sans la moindre sagesse ?

En dessous de ce visage inobservable, des larmes s'écrasent contre le sol.

- Regardez ce que vous êtes devenus. Est-ce seulement pour pouvoir agresser les autres que vous acceptez ce système qui implique qu'on vous malmène à votre tour ? Ouvrez les yeux, dans cette hiérarchie il n'y a qu'un sommet. Écraser les autres est si amusant que ça ? Ou peut-être que c'est parce que vous pensez que c'est naturel ? Ah, ce doit être ça, vous trouvez ça normal ! Pour vous seul votre force compte, mais il y a d'autres choses tout aussi importantes.

Elle relève la tête lentement. Ses cheveux se dégagent à l'exception d'une mèche blonde qui passe au milieu de son visage. Elle regarde de ses yeux vers les gens qui ont été rassemblé ici. Il y a beaucoup de gens de son ancien lycée, des impotents qui vivent dans la rue, des gens forts, des adultes et des jeunes. Dans un coin un peu éloigné, elle voit la petite Maria blottie dans les bras de son papa. La tête de sa fille posée sur son épaule, il fait de son mieux pour la préserver d'un spectacle choquant, mais lui, regarde Ophélia droit dans les yeux. Elle comprend très bien qu'il ne voudrait pas être ici, ou en tout cas qu'il voudrait empêcher cette situation. Autour d'elle, les regards sont tantôt plein de mépris, tantôt plein de pitié, tantôt amusé, tantôt désespéré.

- L'être humain est capable de tellement plus ! poursuit-elle avec un demi sourire résigné. Il y a tant de sorte de talent ! Il y a toute sorte de personne ! Alors pourquoi ?

Ses dents se serrent de frustration.

- Pourquoi avez-vous tous le même rêve, tous le même but, tous le même comportement ? Pourquoi avez-vous toutes les mêmes idées ? Pourquoi avez-vous tous, sans exception, le rêve de devenir plus fort ? Pourquoi laissez-vous votre vie être toute tracée dès votre naissance par la nature vos pouvoir ? Qu'est devenu l'inattendu dans ce monde ?

Elle repense à sa vie précédente, où elle, une personne banale aurait pu devenir la femme d'un comte malgré la différence sociale. Elle repense à Victor, lui qui n'aurait jamais permis que les villageois soient blessés, lui qui ne voulait que leur bien.

- Est ce que cette vie vaut encore la peine d'être vécue ? C'est tout ce que vaut l'humanité aujourd'hui ?

Les gens l'écoutent, même si beaucoup ne la prenne pas au sérieux. Un sentiment de tristesse monte en elle, elle abaisse un peu la tête.

- Je ne peux pas m'empêcher de me demander comment une telle chose a pu se produire, ni comment tout cela a commencé.

Bien entendu, elle sait que le changement qu'elle espère ne peut être mené par un individu seul. C'est l'environnement qui model l'homme : il est aussi bien influencé par les inconnus qui l'entourent que par ceux qui l'ont élevé. Pour que ces paroles aient de l'effet, il faudrait que tout ceux qui l'écoute renonce à l'héritage des générations précédentes. Elle sait bien que ce n'est pas possible. Les faibles ne peuvent effacer leur peur seulement par ces paroles et il en est de même pour l'envie de domination des forts.

Ophélia est au courant du fonctionnement de la nature humaine. Elle n'ignore pas qu'il faut beaucoup d'intelligence pour prendre conscience des failles d'une société dans laquelle on a grandi. Et elle sait aussi que cette condition ne suffit pas. Avec de l'intelligence, il faut du courage pour se dresser parfois seul contre tous et faire entendre sa voix.

"Comme il est facile de devenir bienveillant en grandissant dans un bon entourage ! songe-t-elle. Malheureusement, dans le cas contraire la chose est difficile et donc bien plus honorable. "

- J'aimais profondément les êtres humains. Ils étaient tous unique, animés par leurs convictions. Cette humanité qu'est-elle devenue ?

Adossé à un poteau Edgar n'écoutait absolument pas. Soudain, il remarque le silence :

- Oh, tu as enfin fini ? Ben dit donc, si j'avais su que ça serait si long je ne t'aurai rien demandé. J'aurai dû te tuer tout de suite, j'aurai gagné du temps !

La jeune fille sous la luneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant