Minneapolis/Saint-Paul, 1992.
La patinoire était bondée en ce jour de finale. Les supporters arboraient fièrement des maillots aux couleurs de leurs équipes : noirs pour les Hawks, verts pour les Ducks. Sur les bancs, les remplaçants s'agitaient, soit galvanisés soit paniqués : à la fin du premier tiers temps, les Hawks menaient par trois buts à zéro.
Le début du second tiers-temps fut annoncé par un coup de sifflet de l'arbitre. Les joueurs abandonnèrent les conseils de leurs coaches et enjambèrent la balustrade afin d'entrer sur la piste, crosses en main et un air déterminé sur le visage. Gordon Bombay, fier entraîneur des Ducks, frappa dans ses mains et hurla à ses joueurs de rester concentrés – une fois de plus. Sur le banc adverse, l'entraîneur des Hawks, Jack Reilly, ordonna à deux de ses joueurs :
— On va donner une bonne leçon à Banks ; vous allez me débarrasser de lui. C'est compris ?
Larson et McGill acquiescèrent, puis entrèrent sur la glace.
Ledit Banks – de son prénom Adam – était un prodige du hockey sur glace. Habile sur ses patins, habile la crosse à la main et féru de ce sport, il était l'un des meilleurs – pour ne pas dire le meilleur – joueurs présents sur la piste. Autrefois membre de l'équipe des Hawks, où il avait appris à patiner et découvert le hockey, il avait finalement atterri chez les Ducks. Pourquoi ? Simple histoire de districts – sixième pour les Hawks, et cinquième pour les Ducks – et de la carte de ces derniers récemment redessinée. Et comme si cela était de sa faute – comme s'il était délibérément passé chez l'adversaire – ses anciens coéquipiers et amis le tenaient désormais en horreur : il était le traître, l'homme à abattre.
Le chronomètre du deuxième tiers-temps se mit en route à l'instant où le palet fut engagé. Les Hawks firent quelques passes, mais le puck fut récupéré par les Ducks. Déterminé, Adam s'en empara et fila à toute vitesse vers les buts, galvanisé par les encouragements des supporters. À ses yeux, du haut de ses douze ans, entendre qu'il était soutenu lorsqu'il jouait un match était la plus belle chose au monde ; cela le poussait à se surpasser. Il arriva bien vite face aux buts adverses, le palet toujours en contrôle contre sa crosse. Il tira aussitôt qu'il eut passé la ligne bleue, mais sentit au même moment un puissant coup frappé dans son dos. Surpris, il perdit l'équilibre, tomba en avant et glissa sur la glace. À l'instant où la sirène retentit, signe qu'il avait marqué le premier but de son équipe, sa tête heurta le poteau de la cage. Et ce fut le trou noir.
Dans un premier temps, personne ne remarqua qu'il était inconscient, allongé à plat ventre sur la glace. Tous s'étaient dit qu'il avait trop forcé, et qu'il s'accordait quelques secondes pour récupérer avant de se relever et de se remettre au boulot. Seulement il ne bougea pas et, étonnamment, ce fut Larson qui s'en inquiéta en premier.
— Adam ? Tu m'entends ?
Larson se laissa tomber à genoux, le visage pâle et paniqué, et posa une main amicale sur le dos de son ancien coéquipier. Il alerta les arbitres et les secours d'un signe de main, avant d'incendier son ami, McGill, qui s'était posté à ses côtés et fixait désormais Adam avec fierté.
— Qu'est-ce que t'as foutu ?!
— Mon job.
McGill répondit sans le moindre scrupule, alors que les secours s'affairaient désormais autour d'Adam qui commençait, bien que difficilement, à recouvrer ses esprits. Il fut installé sur une civière à l'instant où l'arbitre annonça à McGill qu'il écopait de deux minutes de pénalité. Avant d'être évacué de la piste, Adam lança d'une voix pâteuse à l'attention de l'un de ses amis :
— Rends-moi un service ; file une baignée à McGill.
Et même s'il l'avait dit avec un sourire et que Jessie en avait souri, au fond de lui Adam le souhaitait réellement ; car cet abruti de McGill – son ancien ami bon sang ! – l'avait privé de terminer une finale – et de la remporter.
. . .
Hey. Petit prologue. Je ne sais pas si des personnes ici connaissent le film mais soit. J'espère que ça vous a plu. À tout de suite pour le chapitre 1.
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Hématome
Historia CortaOfficiellement, Noah Banks et Isaac McGill sont rivaux. Cette rivalité leur vient autant de leur situation sportive, l'un jouant chez les Mullets et l'autre chez les Moose, que de leurs pères, ces derniers étant ennemis jurés depuis près de trente a...