CHAPITRE 4.

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La lueur orangée de la lampe, à travers la brume glaciale de la patinoire, semblait réchauffer la glace. Au fil des minutes, les piles avaient perdu de leur puissance et la lumière était désormais faiblarde, instable, prête à s'éteindre à tout moment. Le silence était roi, uniquement brisé par le sifflement du vent, qui s'était levé contre les taules du toit du bâtiment.

Dans cette obscurité agréable, blotti contre Isaac sous plusieurs épaisses couvertures, Noah de sentait comme au paradis. Nu, ses jambes étaient enlacées à celles de son petit-ami tandis que son visage, lui, était posé sur son cœur. Sa joue gauche, celle qui n'était pas contre la peau chaude d'Isaac, était fraîche à cause de l'atmosphère glaciale qui les entourait. Seulement, dans son cocon de chaleur, Noah ne s'en préoccupa pas : il avait chaud. Entre les couvertures et le corps nu et bouillant d'Isaac contre le sien, il était à des lieues de réaliser que la température ne dépassait pas les dix degrés.

Noah avait posé sa main sur le torse d'Isaac, au niveau de ses côtes, et caressait en rythme avec son pouce sa peau chaude. Le gras de son doigt frôlait de temps à autres son téton et Noah finit par se dire, car Isaac ne réagissait pas, qu'il s'était endormi. Sa respiration, sur laquelle il avait calqué son propre rythme, était posée et légère. Et depuis qu'ils avaient joui, s'étaient allongés l'un contre l'autre et blotti sous les couvertures, Noah n'avait pas rouvert les yeux : il était trop bien, mais ne parvenait cependant pas à trouver le sommeil. La peur d'être surpris – même s'il y avait peu de chances – et ses secrets l'empêchaient de s'apaiser pleinement. Lorsqu'Isaac bougea ses jambes entre les siennes et se racla la gorge, Noah souffla :

— Tu dors...?

— Non.

Isaac sourit et souffla contre le front de Noah, sur lequel il déposa un petit baiser. Lui aussi avait passé la dernière heure les yeux fermés, à simplement apprécier la présence de Noah près de lui.

— Il faut que je te parle de quelque chose.

Noah vint se blottir un peu plus contre le corps d'Isaac. Si cela avait été possible, il aurait aimé pouvoir ne faire qu'un avec lui ; que leurs corps se mêlent, se mélangent. Il aimait trop sa chaleur, son odeur, la texture moite de sa peau et ses formes, ses muscles. Il voulait être toujours plus proche de lui.

— Dis-moi ?

Noah ouvrit les yeux à son tour, soudainement angoissé. Il appréhendait la réaction d'Isaac plus que toute autre chose. Son inspiration fut profonde mais tremblante, et il ne put s'empêcher de frissonner avant d'avouer dans un souffle :

— J'ai envoyé un dossier pour une université.

Il aurait aimé lâcher la bombe d'un seul coup mais préféra laisser à Isaac le temps d'encaisser la nouvelle : il n'avait jamais été question d'université auparavant. L'une des premières choses que Noah avait apprises à propos d'Isaac était qu'il ne rêvait que d'une chose : quitter le lycée – diplôme en poche de préférence – et ne rien faire d'autre que se consacrer au hockey.

— Oh... et bien, c'est cool. Où ça ?

Isaac esquissa un sourire, même si la nouvelle lui fit un effet tout drôle : Noah voulait étudier. Le fait qu'ils ne soient visiblement pas sur la même longueur d'ondes, focalisés au même point sur le hockey, lui ôta les mots de la bouche. Seulement, et même si l'idée de se retrouver loin de Noah l'inquiétait, il décida de se réjouir pour lui : ce n'était pas comme s'il allait partir à l'autre bout du monde.

— À Boston...

Une fois de plus, Noah referma ses yeux. Ils ne lui furent pas utiles pour comprendre que la réaction d'Isaac était bien celle à laquelle il s'était attendu ; il n'avait pas besoin de voir pour savoir qu'Isaac était surpris, sous le choc. Sous sa main, Noah sentit les abdominaux d'Isaac se contracter. Il le sentit également bouger contre lui, car le bouclé souhaitait s'extirper de leur étreinte, mais il le retint contre lui : il ne voulait pas qu'il s'en aille, qu'il s'énerve, qu'il lui en veuille. Il déposa alors un baiser sur sa peau, au niveau de son coeur, et laissa son front reposer contre son muscle pectoral. Il huma son odeur, apprécia la chaleur de sa peau, et se blottit un peu plus contre lui dans l'espoir que leur étreinte permettrait à Isaac de s'apaiser. En effet, il était impulsif et ce genre d'annonce, inattendue et douloureuse, était du genre de celles qui pouvaient le faire vriller en moins de deux.

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