C'était ce moment de la nuit où les gens dormaient. On ne percevait aucune lumière aux fenêtres des maisons et les rues étaient désertes. S'il n'y avait pas eu le bruit du vent, glacial et soufflant en bourrasques puissantes, Minneapolis aurait été ce soir-là déserte et silencieuse. Malgré l'heure avancée Noah, lui, ne dormait pas. Les yeux rougis par la fatigue et la mâchoire douloureuse à force de bailler, la faible luminosité de son téléphone portable l'aveugla malgré tout lorsque, discrètement, ce dernier vibra sur son ventre.
SMS, DE : Isaac.
03:45 AM — L'université a l'air géniale. Ça me donnerait presque envie de continuer mes études.Les lèvres de Noah s'étirèrent en un petit sourire lorsqu'il lut le message. S'imaginer sur les bancs de l'université de Boston aux côtés d'Isaac lui était agréable ; même s'il savait que cela n'arriverait jamais et que rien au monde ne ferait changer son petit-ami d'avis à ce sujet.
SMS, DE : Noah.
03:45 AM — J'ai hâte d'y être. J'ai commencé à chercher des studios sur internet. Tu as une préférence, toi ?La lettre était arrivée la veille dans la boite aux lettres des Banks. Lorsqu'il était rentré du lycée, Noah s'était empressé de relever le courrier avant que ses parents ne s'en chargent, à leur retour du travail. Ayant été averti que les résultats tomberaient ce jour-là, Noah s'était précipité sur la boite aux lettres et avait déchiré l'enveloppe sans le moindre soin. Un bref instant de stress plus tard, il avait pu lire la mention inscrite en gras dans le courrier : accepté. L'université de Boston lui ouvrait ses portes.
Tout en s'imaginant déjà vivre une nouvelle vie avec Isaac, Noah envoya son SMS et l'accompagna même de quelques captures d'écran provenant de sites internet. Il verrouilla son téléphone, le cœur battant la chamade, mais le ralluma très vite lorsqu'Isaac lui répondit presque aussitôt :
SMS, DE : Isaac.
03:46 AM — J'aime beaucoup le premier, il a l'air petit mais confortable. T'en penses quoi toi ?Noah partagea avec Isaac ses préférences. L'échange dura bien dix minutes supplémentaires au moins avant que, le cœur gonflé d'amour et d'espoir, il ne demande :
SMS, DE : Noah.
03:58 AM — Tu es sûr que tu as envie de me suivre... ?Malgré la réaction qu'avait eue Isaac lorsqu'il lui avait annoncé avoir postulé pour l'université de Boston, Noah l'avait entendu lui affirmer – par téléphone – qu'il le suivrait là-bas. Seulement, Noah était le genre de personne dont le besoin d'être rassuré, sur bien des sujets, était constant voire envahissant.
SMS, DE : Isaac.
04:01 AM — Je te l'ai dit, Noah. Je te suivrai. Tu as raison lorsque tu me dis que je ne pourrai pas vivre éternellement sous l'influence de mon père. Ce qui me rend heureux, c'est toi et le hockey. Je peux avoir tout ça à Boston.Comme si le simple fait qu'Isaac balaye ses doutes d'un simple SMS, Noah sentit le sommeil le gagner, désormais apaisé et bien moins inquiet qu'il ne l'avait été depuis la réception de la lettre. En guise de réponse, il envoya un simple « je t'aime », suivi d'un emoji croissant de lune afin de signifier à Isaac qu'il allait dormir et que, par la même occasion, il lui souhaitait bonne nuit.
Morphée l'emporta dans ses bras avant même que le SMS d'Isaac, identique au sien, ne lui parvienne.
X X X
— Monsieur Banks, je ne vous dérange pas ?
Noah sursauta et il lui fallut un bon moment pour réaliser qu'il n'était pas au chaud dans son lit – accompagné d'Isaac – mais bien sur une chaise en salle de classe. Des équations recouvraient le tableau blanc et les regards de ses camarades hilares étaient braqués sur lui. Les yeux collés, les joues rosées et la trace de la manche de son pull en travers du visage, il leva les yeux vers son professeur de maths.
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Hématome
Storie breviOfficiellement, Noah Banks et Isaac McGill sont rivaux. Cette rivalité leur vient autant de leur situation sportive, l'un jouant chez les Mullets et l'autre chez les Moose, que de leurs pères, ces derniers étant ennemis jurés depuis près de trente a...