CHAPITRE 6.

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Lorsque la porte se referma sur Noah, il se sentit aussitôt étouffé. Les muscles engourdis et exténué, il retira ses chaussures dans l'entrée et renifla un moment ; il avait cessé de pleurer, mais le froid glacial à l'extérieur lui avait mis la goutte au nez. Les yeux rivés sur ses pieds, il traça dans le couloir et même s'il sentit la présence de ses parents qui s'étaient réunis dans la cuisine, il les ignora. Gravir les escaliers lui sembla être, sur le moment, une épreuve insurmontable ; ses jambes étaient lourdes, ses pieds lui faisaient mal et ses poumons semblaient ne plus fonctionner. Son dos glissa contre la porte de sa chambre, une fois qu'il l'eut refermée et verrouillée, et il profita d'être seul pour se remettre à pleurer.

Ni Adam ni sa mère, réunis à table comme s'il s'agissait d'une réunion de crise, ne l'avaient interpellé ni suivi dans l'escalier. Le souvenir du regard de son père, déçu et en colère, lui donna l'impression de ne pas être à sa place. Comme s'il était de trop dans cette maison maintenant qu'il avait avoué avoir trahi son père. S'il l'avait pu, il ne serait pas rentré ce soir ; seulement où aurait-il pu aller ? Chez Dylan ? Chez Fiona ? Chez l'un de ses coéquipiers ? Il ne s'en sentait pas capable. À la patinoire, en espérant qu'Isaac pourrait le rejoindre ? Non plus, il trouvait cela trop déprimant.

Alors que l'aiguille des heures de sa montre approchait des onze heures du soir, Noah la retira de son poignet et quitta ses vêtements. En boxer, il regarda son reflet dans le miroir de sa chambre et esquissa un petit sourire en remarquant les suçons d'Isaac. Autrefois violacés, ils avaient viré rose pâle et ne tarderaient pas à disparaître. Noah espéra plus fort que jamais qu'ils pourraient remettre ça bientôt : il en avait besoin. Les bras d'Isaac lui manquaient et il rêvait, là, qu'il puisse le serrer dans ses bras. Seulement, et bien qu'il crevait d'envie de l'appeler, il n'en fit rien : car Isaac, mené par le bout du nez par son père, s'entraînait toujours plus tard que les autres lors des soirs d'entraînements. Parfois même jusqu'à l'épuisement, jusqu'à ce qu'il ne tienne plus sur ses patins. Et même si Noah souffrait et voulait absolument lui parler, il ne put se montrer égoïste : Isaac aurait besoin de sommeil ce soir et il ne voulait pas l'inquiéter avant qu'il n'aille se coucher.

Ce fut donc seul, les larmes aux yeux et les sanglots à la gorge que Noah se glissa sous sa couette. Son corps cessa de tressauter sous l'assaut de sa crise de larmes lorsque, une heure et demie plus tard, il tomba de fatigue sans pouvoir lutter.

X X X

Aucune odeur agréable de pancakes ou de café ne réveilla Noah ce matin-là. En revanche, la sonnerie de son portable sembla lui marteler le crâne et il l'éteignit, précipitamment, avant de se rouler en boule sous sa couette. Après la soirée chaotique et la nuit terrible qu'il avait passées, il n'avait aucune envie de se lever.

De plus, alors que le sommeil commençait déjà à le regagner, il se souvint qu'il était exclu du lycée ce jour et se maudit d'avoir oublié de désactiver son alarme. Exténué, il se rendormit comme une masse et ni Julie, ni Adam, n'osèrent monter lui dire « ce n'est pas parce que tu es exclu que ce sont des vacances ».

Lorsqu'il quitta finalement son lit trois heures plus tard, l'eau chaude de la douche qu'il prit, espérant qu'elle le détendrait, eut l'effet escompté. Il frotta énergiquement ses cheveux, son corps, son visage et s'enveloppa dans une serviette de bain moelleuse et se regarda dans le miroir. Les yeux gonflés par les larmes de la veille et ses insomnies, Noah se trouva hideux. Sans entrain, il s'empara du sèche-cheveux et le tourna vers son crâne. Un jogging et un sweat plus tard, en chaussettes, il descendit au rez-de-chaussée et fit irruption dans la cuisine. Ses parents étaient là, assis à table, tels qu'il les avait aperçus la veille au soir. Julie faisait couler sur ses pancakes une rasade de sirop d'érable et Adam, lui, touillait son café avec une cuillère à thé.

HématomeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant