CHAPITRE 3.

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Noah adorait les cheveux d'Isaac. Contrairement aux siens, toujours en pétard mais fins et lisses, ils étaient épais et bouclés. Lorsqu'il l'embrassait comme il le faisait là, il était incapable de résister à l'envie de les caresser. Alors il le fit, glissa ses doigts dans sa tignasse bouclée et lui rendit son baiser, tandis que les mains fortes d'Isaac caressaient, elles, son dos et son visage.

Ils s'embrassèrent durant près de cinq minutes, étroitement enlacés et avides de caresser et sentir l'autre tout près. Ils reprirent leur souffle à plusieurs reprises, entre deux baisers ou sourires, et s'abandonnèrent à l'autre : cela faisait trop longtemps qu'ils ne s'étaient pas retrouvés ainsi et être enfin ensemble était comme un rêve. Amoureux, le baiser fit passer les messages évidents plus simplement que s'ils les avaient prononcés à voix hautes ; ils s'étaient manqués, ils s'aimaient, ils étaient fiers l'un de l'autre. Isaac se sentait enfin lui-même sous les mains de Noah et Noah, lui, était au paradis.

Ils furent forcés de se séparer, définitivement à bout de souffle. Ce fut Noah qui se recula en premier mais, contrairement à Isaac, il garda les yeux fermés. Le front contre celui d'Isaac, il inspira profondément et se mordit violemment la lèvre de plaisir. Ses doigts se resserrèrent sur les boucles de son petit-ami et il se sentit trembler de la tête aux pieds : l'extase, voilà ce qu'il ressentait. Aucun autre moment au monde n'aurait pu être plus beau et plus agréable que celui-ci. Isaac, lui, ne perdit pas une miette du spectacle et sentit son coeur exploser dans sa poitrine : Noah était magnifique. Noah était parfait.

— Tu m'as tellement manqué Noah... souffla-t-il.

Noah sentit ses joues s'empourprer et un sourire étirer ses lèvres. La chaleur qu'il ressentit dans son coeur, son thorax et son bas ventre trahit le bonheur qui le frappa alors : rares étaient les fois où Isaac était si démonstratif. Ce baiser qu'ils venaient d'échanger, les mots doux, le désespoir dans sa voix... Noah comprit aussitôt qu'Isaac ressentait la même chose que lui : il était lassé et souffrait de vivre dans un mensonge.

— Toi aussi tu m'as manqué...

La main de Noah glissa sur la nuque chaude et large de son petit-ami, qu'il papouilla un instant avant de déposer un dernier petit baiser sur ses lèvres. Lorsqu'il se recula un peu et prit le visage d'Isaac entre ses mains, toujours au creux des bras de ce dernier, son coeur se serra. Et si ses doigts gauches caressèrent la nuque d'Isaac, son pouce droit, lui, vint caresser ses lèvres pulpeuses et sa paupière. Son coeur se serra.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ?, murmura-t-il à la fois triste et énervé.

— J'me suis battu pendant le match.

Noah avait effectivement entendu parler d'une bagarre survenue lors du match des Moose, mais il n'était pas dupe : les joueurs portaient des casques et Isaac avait répondu si machinalement qu'il comprit qu'il avait préparé sa réponse à l'avance. De plus, il le connaissait par coeur. Il savait tout de sa vie, de ce qu'il traversait.

— Arrête..., l'implora-t-il.

Isaac baissa les yeux, honteux, tandis que Noah caressait du gras de son pouce son oeil au beurre noir ainsi que l'égratignure sur sa pommette. En voyant son attitude résignée, Noah eut aussitôt la nausée : ce n'était effectivement pas une blessure de guerre. Une fois de plus, son père avait levé la main sur lui. Une fois de plus, il avait marqué de ses poings le si beau visage de son amour. La colère qu'il ressentit alors s'abattît de tout son poids sur ses épaules et le fit trembler de rage.

— Mon amour...

Le souffle de Noah s'écrasa sur les lèvres d'Isaac tant il était proche de lui. Seulement, il ne l'embrassa pas – pas sur les lèvres du moins. Son visage toujours entre ses mains, il l'attira à lui et déposa un léger baiser sur sa joue, ainsi qu'un autre sur son oeil. Isaac se laissa faire, amoureux et apaisé par ce geste, et referma ses bras autour de Noah. Lorsqu'il l'avait contre lui, il se sentait invincible. Lorsque Noah l'embrassait, le touchait, lui souriait, il savait qu'il n'était pas qu'un incapable.

HématomeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant