Marlène Mackinnon appuya lentement sa tête contre le carreau, la froideur du verre rafraîchissait ses joues rougies par les pleurs. Ses larmes ne semblaient pas pouvoir se tarir, infinies et brûlantes. Elles dégringolaient de ses cils blonds et se mêlaient à la buée glacée pour finir écrasées et esseulées sur le carrelage de brique rouge. À ses côtés, posée sur le rebord de la fenêtre, sa tasse de thé refroidissait sans qu'elle se décide à y tremper les lèvres. Elle ne sentait déjà plus ses pieds nus, transis de froid.Ses sanglots l'étouffaient, se nichaient dans le fond de sa gorge et l'empêchaient de respirer, l'obligeant à happer l'air que ses poumons asphyxiés réclamaient par petites inspirations saccadées. Un tremblement la traversa, mettant à mal ses muscles épuisés. Soudain, elle sentit ses jambes se dérober sous son poids et son dos heurta brutalement le mur de pierre. Elle se laissa glisser lentement contre le sol froid et dur comme on s'endort après une dure journée. Ses boucles blondes formaient une auréole irrégulière autour de son visage d'une pâleur de marbre. Ses yeux fatigués se posèrent sur le téléphone posé en évidence sur son bureau. Inconsciemment, elle tendit le bras, comme un naufragé se raccrochant à du bois flotté au cœur d'une tempête.
01. La roulette tournait toute seule sous ses doigts, mus par l'habitude. 210. Au moment de composer les quatre dernier chiffres une pensée douloureuse s'imposa dans son esprit meurtri. 'Lia était partie. Elle avait emporté ses pulls en cachemire, son parfum entêtant et le cœur de Marlène, avant de claquer la porte d'entrée dans une sortie digne des plus grandes tragédies grecque. Elle reposa le combiné et ses larmes se remirent à couler.
Elle tenta tant bien que mal de repousser le désespoir qui se frayait insidieusement un passage vers son cœur à coup de vérités implacables, tranchantes comme un millier de lames de rasoirs. Écorchant, creusant et détruisant jusqu'à atteindre son but. Lily et James étaient cachés, inaccessibles pour tous, ennemis comme amis. Remus avait disparu dans une énième mission secrète dont il reviendrait plus sombre et mystérieux encore. Sirius broyait du noir, entraîné dans une spirale de plus en plus sordide où même Marlène ne pouvait plus l'atteindre. Peter s'était renfermé sur lui même, dévoré par une peur constante ; il ne quittait plus que rarement son appartement de Bristol. Hestia quant à elle était partie depuis si longtemps que son visage était devenu flou dans l'esprit de Marlène et que les accents chantants de sa voix sonnaient comme ceux d'une inconnue.
Marlène était seule, complètement seule. Sans aucun secours ni recours, elle se sentait prise au piège. Le monde entier lui semblait hostile et terrifiant, se relever et continuer à se battre bien au dessus de ses moyens. Son corps et son âme étaient enfin arrivés à bout.
En de trop nombreux endroits sa peau diaphane était balafrée de noir et de rouge, empreintes éternelles de la magie noire de ses opposants. Trop de ses os avaient été brisés dans des luttes sans fin ou des fuites sans espoir. Trop de fois ses yeux avaient pleuré sur des tombes toujours renouvelées. Trop de fois elle s'était relevée malgré tout, couverte de boue, de sang et de cendre, pour se tenir aux côtés de ses amis dans cette guerre désespérées. À vingt et un ans, Marlène Mackinnon était brisée comme un vieillard.
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P H É N I X.
Фанфикphénix : nom masc. sing. Oiseau fabuleux, qui se brûlait lui-même et renaissait de ses cendres, qu'on nommait immortalité. « Mais à l'époque, personne n'aurait pu dire avec certitude à quel moment la guerre avait vraiment commencé. Il n'y avait p...