P H É N I X.

II.

L'intérieur du Manoir Potter était tout aussi accueillant que l'extérieur. Il s'en dégageait un sentiment de paix et de bien être, assez semblable à la chaleur enveloppante d'un feu de cheminée en hiver. La douce lumière des lampes éclairait d'une lueur dorée les tapis et les meubles en bois polis usés par les années.

Euphemia et Fleamont Potter les emmenèrent dans une cuisine chaleureuse après les avoir fait déposer leurs valises dans le salon, transformé pour l'occasion en un dortoir gigantesque. Les canapés en velours carmins avaient étés repoussés le long des bibliothèques anciennes et des immenses baies vitrées qui perçaient le mur de droite et s'ouvraient sur le jardin, alors plongé dans l'obscurité. Sept matelas occupaient l'espace ainsi dégagés et chacun s'empressa de déposer sa valise à côté de son lit avant d'emboîter le pas à James dans les méandres du Manoir. La cuisine était d'une taille raisonnable, mais occupée par neuf sorciers, elle semblait considérablement étriquée. Des murs de vieilles pierres encadraient une porte vitrée qui s'ouvrait sur le jardin, un plan de travail spacieux s'étalait sur la gauche entre un évier et un frigidaire qui datait au moins de la décennie dernière, pensa Lily. Une table en bois, usée par les ans et les repas occupait le mur de droite. Un joyeux capharnaüm s'ensuivit, chacun cherchant une chaise, un tabouret ou un coin de comptoir pour s'asseoir créant un brouhaha fait du raclement des pieds sur les tomettes rougies, de leurs voix amusées et du ronronnement du poste de radio. Ainsi installés, ils purent se délecter du pique nique qu'avait préparé les deux elfes de maison, pique nique plus que conséquent. Œufs, toasts, saucisses, rosbeaf froid et fromages s'étalaient en quantité gargantuesque sur toutes les surfaces disponibles.

Lily se tenait à l'extrémité de la table et écoutait avec un plaisir non dissimulé Sirius et James s'entretenir avec les adultes. Fleamont avait beau ressembler comme deux gouttes d'eau à son fils, il ne possédait en rien ses capacités sociales extraordinaires ou sa manie de parler en continu. La tête entre ses mains, il écoutait avec intérêt James et Sirius débiter à mille à l'heure un tas d'histoire sans queue ni tête, sans jamais chercher à les interrompre. Pourtant, Lily remarqua que James cherchait régulièrement les yeux de son père comme en quête de sa validation ou pour s'assurer que celui ci n'avait pas perdu le train effréné de la conversation.

- Pas de bêtises pendant notre absence. Je compte sur vous les garçons, coupa Euphemia en se tartinant un toast. Pas de feu d'artifice moldus, pas de courses de voitures ou autres fantaisies. Pas question de retrouver la maison en ruine à notre retour !

- Maman voyons, on est toujours sage !

Fleamont s'abstînt de répondre mais le coup d'œil éloquent qu'il adressa à son fils unique valait mille discours. Lily eut la très nette impression que les Potter avait reçu de trop nombreux courriers de Poudlard détaillant les méfaits de leurs garnements pour se laisser berner par les battements de sourcils naïfs de Sirius et James.

- James m'a dit que vous partiez en voyage. Les États-Unis, c'est ça ? Demanda Lily pour écarter le sujet des milles et une frasques des Maraudeurs.

Elle même avait fini par les trouver hilarante, bien qu'elle aurait préférée embrasser un scrout à pétard plutôt que de l'avouer à James, mais certaines ne lui semblaient pas être du goût d'un couple de cinquantenaires, aussi détendus soit-ils. Euphemia lui adressa un sourire espiègle avant de répondre.

- Boston, Chicago puis New York. Fleamont a transformé un voyage d'affaire rasant en un petit voyage en amoureux fort apprécié. Du jus d'orange ?

- Merci, repondit la rousse en tendant son verre. Vous travaillez pendant les vacances, Monsieur Potter ?

- Appelle moi Fleamont, Lily. Je travaille un peu tout le temps en fait. Depuis que la compagnie a débuté sur le marché américain, je fais des aller-retours presque toutes les semaines entre ici et New York.